Dimanche bleu-blanc-rouge au Grand Bornand

Ils étaient 16 000 à en rêver. Depuis quatre jours, tous les fans français de biathlon s'étaient regroupés au Grand Bornand, espérant assister à un triomphe tricolore. Et ils y ont cru tous les jours. Même si Johannes Boe semblait injouable chez les hommes. Même si Dahlmeier et Kuzmina paraissaient au-dessus du lot chez les dames. Et ils ont bien eu raison, avec un dernier dimanche grandiose, tant au niveau des résultats que de l'ambiance.

Tout a commencé avec la mass-start remportée au terme d'une course magnifique par Justine Braisaz. Elle n'avait jamais gagné en Coupe du monde, était en forme (7e et 8e jeudi et samedi) et la quasi locale (elle est native d'Albertville et licenciée aux Aravis) : autant de raisons de la voir survoltée pendant la course, soutenue comme rarement par un public incroyable. "C'était magique, s'est-elle extasiée au micro de la chaine L'Equipe. J'ai vécu le moment et sur le dernier tour, c'était fantastique, je me suis beaucoup retournée car je pensais que ça allait rentrer. Mais le public m'a portée, c'était formidable."

Des encouragements si forts qu'ils ont fini par motiver encore un peu plus les biathlètes français, pourtant encore au repos au moment de la course des dames. "Justine m'a inspiré, avouait Martin Fourcade à l'arrivée de sa victoire. De ma chambre d'hôtel, j'entendais le stade rugir et ça m'a donné qu'une seule envie : vivre ce qu'elle a vécu avec le public." C'est que, contrairement à sa compatriote de 21 ans, le leader du général de la Coupe du monde a l'habitude de s'imposer. Mais pas en France, où il n'a jamais gagné, et encore moins dans une telle ambiance favorable. "Dans le dernier tour, je n'avais plus rien mais il y avait une ferveur assez folle, se réjouissait Fourcade au micro de L'Equipe. Moi, j'étais au bord des crampes et ils m'ont vraiment tous porté. C'était magique !".

"Ça faisait presque mal aux oreilles", racontait même Quentin Fillon-Maillet, pourtant loin de jouer les premiers rôles ce dimanche. Une ambiance aussi énorme, les biathlètes français en ont rarement connu. Mêmes dans les Mecques allemandes que sont Oberhof et Ruhpolding : "Franchement, je défie le public allemand de faire autant de bruit pour ces athlètes", a continué le 20e de la mass-start. Un sentiment confirmé par Antonin Guigonnat, mais pas que : "C'était un truc de fou, avouait le 3e du sprint de vendredi. D'ailleurs, j'en avais parlé avec Romain Bardet ce matin et il m'a confirmé que, quand il faisait son tour de ski, ça lui rappelait les routes de juillet." Ça tombe bien. Il y a une certaine étape Annecy-Le Grand Bornand en juillet prochain. Si le soutien du public pouvait s'y montrer aussi efficace qu'aujourd'hui, le coureur d'AG2R La Mondiale ne serait pas contre.