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Biathlon - Molécule de fluor bannie des skis : santé, glisse, préparation… qu’est-ce que ça change ?

Simon Farvacque

Mis à jour 18/12/2021 à 12:41 GMT+1

COUPE DU MONDE - Quelque chose a changé sous les skis des biathlètes. L'IBU a proscrit une molécule de fluor depuis le début de la saison. Grégoire Deschamps, responsable de la glisse, et donc du fartage, au sein de l'équipe de France, a dû s'adapter. Travail en plus, craintes sanitaires et enjeu sportif à relativiser... il évoque cette modification à l'aube de la quatrième étape au Grand-Bornand.

Grégoire Deschamps : "Sur les controles, l'IBU fait le maximum."

C’est une petite révolution pour le biathlon. Cette saison, l’IBU fait la chasse au fluor. s’alignant sur une directive européenne qui va au-delà de la pratique sportive. Résultat : le fartage des skis se fait avec de nouveaux produits. Grégoire Deschamps, responsable de la cellule glisse du staff de l’équipe de France nous explique ce que cela implique, à la veille de l’étape du Grand-Bornand (16-19 décembre).
Il commence par apporter une précision et minimiser l’ampleur de l’évolution : "Les farts fluorés continuent d’exister, mais on nous a demandé d’enlever la molécule PFOA, mauvaise pour l’environnement. On se rend compte que cela a peu d’influence sur les produits (…) Et cela reste un seul paramètre, il y a quand même le choix des skis, des structures main, des structures machine etc." D’où une adaptation pas si complexe à ses yeux.
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Les Norvégiens ? "Ils n’ont pas de problème de ski"

Si tout va bien pour la France, cela ne semble pas si simple pour la Norvège, si l’on se fie au début de saison de Johannes Boe, Tiril Eckhoff ou encore Marte Olsbu Roeiseland, en retrait sur les skis après trois étapes de Coupe du monde. Un miroir déformant, selon le boss du fartage des Bleus : "Certains se trompent de débats, parce que Johannes Boe est un peu moins bien. Le niveau de l’équipe norvégienne est bon, avec toujours des biathlètes devant."
Deschamps est d’autant plus sûr de son fait qu’il travaille parfois conjointement avec ses rivaux scandinaves : "Après les courses, cela arrive que je contrôle nos skis de course avec ceux des Norvégiens. C’est un accord que l’on a depuis cette année, pour évaluer notre travail." Selon lui, aucune des deux délégations n’a pris d’avantage technique : "Pour l’instant, sur les tests, on était au même niveau. Ils n’ont pas de problème de ski."
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Du travail en plus, sur le terrain...

Reste à savoir si le statu quo, par rapport à l’an passé et à la concurrence, sera maintenu au gré des conditions atmosphériques. "J’émettrais un doute, s’interroge le spécialiste. C’est dans les conditions où il y a un très, très fort taux d’humidité. Sous la pluie, quand il y a énormément d’eau (liquide) dans la neige. Des conditions que l’on n’a pas encore rencontrées depuis le début de saison. Neige de printemps, très mouillée… là je pense que la performance sera sûrement un peu moins bonne."
Pour que la déperdition soit la plus faible possible, Deschamps et son équipe ont dû travailler d’arrache-pied. "On a appris la décision dans l’été (…) On a allongé les périodes de test en Scandinavie, on est monté plus longtemps à Sjusjoen, on est aussi monté plus tôt à Östersund, énumère-t-il. On a essayé d’allonger le travail sur neige pour engranger le maximum d’expérience." A tout cela, il a fallu ajouter de la bureaucratie.

... et dans le domaine administratif

"Le gros travail a été d’obtenir tous les certificats de conformité des produits, déclare celui qui œuvre depuis 16 ans sur la Coupe du monde et s’est chargé de cette tâche administrative à l’automne. Parce que lorsque l’on achète du fart à une marque, elle nous garantit qu’elle utilise les nouvelles molécules qui sont autorisées, mais on a besoin d’avoir une certification."
Le patron de la glisse tricolore raconte avoir été contrôlé la semaine passée à Hochfilzen. "Et s’il y a un problème, il faut que l’on puisse se retourner contre la marque qui nous aurait menti sur la composition du produit", ajoute-t-il. D’où une attention maximale demandée et un risque de fatigue accru : "C’est à nous de bien gérer les temps forts et les temps faibles, parce que la saison est longue et l’objectif reste février (les Jeux Olympiques sont programmés du 4 au 20 février 2022, NDLR)."
Deschamps établit un parallèle avec les sportifs dont il bichonne les spatules : "Il ne faut pas arriver complètement cuits, parce que c’est quand même très éprouvant. Les Jeux, c’est un marathon, quasiment 15 jours de courses en continu (…) On fait un peu la même gestion, en moins poussée, que nos équipes d’athlètes." Ces derniers "délèguent complètement" la partie fartage : "Le sport de haut niveau leur impose d’être concentrés à 100% sur leur sport, leur condition physique, leur qualité de tir, leur récupération."
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"Il faudra réapprendre à se protéger"

La forme physique est une chose. La santé en est encore une autre. La décision de bannir une molécule de fluor relève d’un enjeu sanitaire. Mais elle ne représente pas un soulagement pour lui : "On travaille dans un camion avec des ventilations bien spécifiques, on a des masques avec des filtres qui sont certifiés pour le fluor. On a des tenues particulières. Donc, réellement, on n’a pas de crainte. J’étais prêt à m’engager à travailler longtemps dans ce métier en le faisant correctement."
Au contraire, Grégoire Deschamps est circonspect : "On sait se protéger du fluor… Ce qui me fait un peu plus peur, c’est l’avenir." Il espère ne pas perdre au change : "Qu’est-ce que l’industrie va trouver pour remplacer le fluor ? Les produits seront-ils moins nocifs… ou plus nocifs ? Je ne le sais pas. Je ne sais pas ce qu’il y aura dedans, donc il faudra réapprendre à se protéger par rapport à ça."
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