"Je suis trop faible" : Qu'arrive-t-il à Johannes Boe ?
La saison dernière, Johannes Boe a gagné 19 fois en 23 courses en solo. D'où le caractère incongru de son début d'exercice : trois épreuves individuelles, aucun succès. Le quadruple vainqueur du gros globe n'est même pas dominateur sur les skis, son habituelle force. Entre le "fluor ban" et l'évolution de sa situation familiale, voici des pistes d'explication avant le sprint d'Hochfilzen vendredi.
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Trois courses individuelles de suite sans victoire, pour lancer sa saison. On fait pire, rayon disette. Mais pour le si dominant Johannes Boe, c'est l'illustration d'une mise en route poussive. Troisième de l'individuel, le tenant du gros globe de cristal a été loin du compte lors de l'enchaînement sprint-poursuite à Östersund, avec une 18e place qui a conditionné sa course du lendemain (15e).
Boe n'est pas en verve face aux cibles – 18/20, 7/10 et 17/20 sur les trois épreuves en question – et il ne le compense que partiellement sur la piste. Attention, le Norvégien de 30 ans est toujours dans le haut du panier, mais il n'est pas le meilleur fondeur du circuit en cette entame d'exercice. Au-dessus du lot, Sebastian Samuelsson lui a collé une trentaine de secondes sur l'individuel et le sprint.
"J'ai besoin de prendre du muscle"
"Il y a eu une grande différence, avec l'absence de fluor. Avant, on pouvait voler sur les skis, sans forcer avec le haut du corps. Maintenant, je suis tout simplement trop faible", a-t-il réagi samedi auprès de NRK, avant de relever la tête en signant le meilleur temps de ski de la poursuite. Un indicateur moins prégnant dans les courses en confrontation directe que sur les formats "contre-la-montre".
Boe pointe donc du doigt le fameux "fluor ban", pour expliquer son relatif retard à l'allumage, insistant : "J'ai besoin de prendre du muscle". Nos confrères norvégiens évoquent quant à eux un pépin à un coude, qui pourrait légèrement perturber celui qui va plus vite que tout le monde depuis six ans, indépendamment de son adaptation aux contraintes en vigueur cette saison en termes de fartage.
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La faute du "fluor ban", vraiment ?
Décrit par Loïs Habert comme "un skieur très linéaire, qui sait aller vite de partout", Boe ne dégage pas la même impression de force brute qu'un Samuelsson, par exemple. "Il utilise beaucoup son bas du corps et sa glisse, il emmène son ski très fort et très loin, c'est pour ça que cela a l'air fluide", ajoute Sandrine Bailly. L'argument d'une prise de masse musculaire nécessaire peut ainsi s'entendre, mais notre duo de consultants prévient que la nouvelle règlementation n'a pas encore eu de grande incidence.
"Il est trop tôt pour savoir. On n'a pas eu de neige à fluor, estime Habert, au sujet de l'impact global de la prohibition des produits fluorés. Cette semaine, si on a les conditions classiques d'Hochfilzen, avec une neige mouillée et tombante, il peut y avoir des différences." Dès le sprint de vendredi (11h30), la théorie avancée par le quadruple vainqueur du classement général pourrait ainsi être mise à l'épreuve.
"Je ne sais pas si c'est réellement ce qui pèche", abonde la championne du monde 2003 de la poursuite, qui salue cependant la démarche de Johannes Boe : "Je trouve cela positif qu'il se remette en question, qu'il ne dise pas 'c'est un problème de glisse et point final'." Tout en rappelant qu'il n'y a pas le feu, tant sa célérité reste très au-dessus de la moyenne : "Il peut quand même assez vite remettre tout le monde d'accord (…) En tirant bien ce week-end, il aurait été devant."
Nouvel enfant, nouveau défi
Au-delà de la dimension physique, il y a la question de ce qui peut encore stimuler Boe. Après son podium lors de l'individuel, celui qui fut le rival de Martin Fourcade durant la fin de sa carrière en a touché deux mots à notre micro. "L'an passé, ça a été inspirant d'être à ce point devant les autres, a commencé par sourire celui qui a gagné 19 des 23 courses individuelles auxquelles il a participé en 2022-23. La réalité est un peu différente maintenant. J'ai besoin de me trouver un nouveau défi."
"Il a peut-être moins de repères, aussi, s'interroge Bailly, pour qui l'émulation interne est primordiale. Il a eu un nouvel enfant en juillet. Il s'est beaucoup entraîné à la maison, seul. Il a priorisé sa famille. Même le coach de la Norvège, Siegfried Mazet, a dit qu'il ne savait pas trop ce que ça allait donner." Voir à quel point la concurrence parvient à en profiter est susceptible de piquer Johannes Boe dans son orgueil. Le cas échéant, il pourrait rapidement repasser de "trop faible" à trop fort.
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