La machine Camille Bened au tir : 5 courses, 80 balles une faute
Mis à jour 14/12/2025 à 17:59 GMT+1
Toujours aussi régulière, Camille Bened a pris la 6e place de la poursuite dimanche à Hochfilzen. Soit exactement le même résultat que lors du sprint. 4e du classement général de la Coupe du monde, la sensation française s'appuie sur des statistiques hallucinantes au tir, puisqu'elle n'a toujours manqué qu'une seule balle aux cibles, en cinq courses individuelles. Impressionnant et indispensable.
La légère chute de Bened avant son 20/20 lors de la poursuite
Video credit: Eurosport
"C'est monumental." Dans l'émission Chalet Club, sur Eurosport, le mot est de Tom Lahaye-Goffart, notre consultant belge, totalement bluffé par ce que Camille Bened accomplit sur le pas de tir depuis le coup d'envoi de cette saison 2025-2026. Dimanche, lors de la poursuite de Hochfilzen, la grande révélation tricolore de ces deux premières étapes de la Coupe du monde a encore réussi un 20 sur 20. C'était la cinquième course individuelle de l'hiver et, sur 80 cibles, Bened en a blanchi 79 pour le moment, avec, pour seule erreur un raté sur son dernier debout à l'occasion du 15 kilomètres d'Östersund. Depuis, elle n'a rien manqué.
La performance est d'autant plus magistrale que dans cette poursuite, elle a chuté dans le premier tour, avec pour conséquence la perte d'un becquet, celui du bas. Ces deux petits supports permettent de caler la carabine juste au-dessus et juste en dessous de l'épaule lors du tir. Dimanche, elle a dû faire sans. "Pour le debout, notamment, c'était un peu compliqué, a-t-elle expliqué à nos confrères de La Chaîne L'Équipe, parce qu'il vient vous soutenir sous l'épaule et là, je ne l'avais pas, donc j'avais un peu ma plaque d'épaule qui glissait. Je me suis dit 'Concentre-toi sur l'essentiel, la visée et le lâcher."
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Jeanmonnot de 1 à 7, Braisaz-Bouchet de 18 à 4 : le dernier tir a fait bouger les lignes
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C'est une statistique que je n'imaginais pas
Résultat, un tir à nouveau parfait. Un exercice dans lequel elle a atteint un niveau de confiance et de maîtrise qui l'épate elle-même. "C'est une statistique que je n'imaginais pas", admet-elle à propos de ce 79 sur 80, soit 98,75% de réussite jusqu'ici. C'est incontestablement sa très grande force. Celle qui va sans doute lui permettre de s'ancrer durablement dans ce groupe France si sélectif, où les places sont chères. Lauréate du classement général de l'IBU Cup l'an dernier, Camille Bened avait été invité à Östersund, où le groupe féminin disposait d'un quota supplémentaire. Désormais 4e de la Coupe du monde avant le Grand-Bornand, il est temps de ne plus s'étonner de ce qu'elle parvient à faire au plus haut niveau.
"J'avais à cœur de monter que je ne suis pas qu'une surprise et que je peux gentiment m'installer dans la hiérarchie mondiale", avait-elle insisté vendredi après sa 6e place dans le sprint. En cinq courses, elle compte pour l'heure un podium (3e de l'individuel d'Östersund, paradoxalement la seule course où elle n'a pas réussi le sans faute au tir), une 4e place dans la poursuite en Suède avant de finir deux fois 6e à Hochfilzen, doit quatre présences à la cérémonie des fleurs, une constance assez exceptionnelle.
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Vittozzi lauréate avec le dossard 14, pas de fleurs pour Jeanmonnot : le résumé de la poursuite
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Pour prolonger cette euphorie initiale sur la durée, la biathlète de La Chapelle-D'abondance devra continuer de (sur)performer aux cibles, car, physiquement, elle est encore un tout petit peu juste face aux meilleures. Elle doit en prime apprendre à gérer l'accumulation des courses en Coupe du monde, une nouveauté pour elle. "Je savais aujourd'hui (dimanche) que j'étais un petit peu juste en ski, je n'avais pas des très bonnes sensations au niveau de mes jambes", a-t-elle reconnu. Son tir parfait l'a "sauvée", mais n'a pas suffi à lui permettre de grimper sur un nouveau podium.
Elle sait qu'elle est un petit peu moins forte physiquement
Pourtant, en quittant le pas de tir pour la quatrième et dernière fois, la Française était en troisième position, avant que le dernier tour ne lui soit fatal. "Je savais que c'était extrêmement serré, mais c'est vrai que je ne pensais pas que c'était si proche que ça. Au bout du champ, poursuit la Tricolore, il y a un petit demi-tour, et quand j'ai vu la meute derrière moi, je me suis dit 'ouah, Camille, il va falloir que tu t'accroches, la cérémonie des fleurs, elle va te passer sous le nez sinon."
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"Je leur ai dit : 'Le ski alpin au final, c'est nul, j'ai trop froid sur le télésiège' "
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Plus que les jambes, c'est donc la tête qui a pris le relais, et ce n'est pas moins louable, salue Tom Lahaye-Goffart. "Elle sait qu'elle est un petit peu moins forte physiquement, décrypte-t-il. On voit avant la descente, au virage de l'intermédiaire, elle se retourne, elle voit Elvira Oeberg, Justine Braisaz-Bouchet de Lou Jeanmonnot trois secondes derrière. Si je suis Camille Bened, je me dis 'OK, je vais finir 8e ou 9e'. Elle a dû voir passer des avions à côté d'elle, se dire 'Je m'accroche, je me fais la peau'. Elle finit 6e, il y a une force de caractère qui est énorme. Franchement, chapeau."
Camille Bened n'est plus une surprise, non. Elle est à juste sa place, désormais, dans le sillage de la taulière du groupe France, Lou Jeanmonnot. "Je suis plutôt contente d'avoir quand même attrapé cette 6e place même si j'aurais préféré le podium bien sûr. Je me suis battue avec mes armes du jour et ça fait quand même encore une belle place", dit-elle.
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