Une claque salvatrice pour les Bleues ? "Il fallait peut-être cette course pour se remettre dedans"

Elles nous avaient tellement ébloui aux Championnats du monde qu'une course sans podium a presque quelque chose d'incongru. Pour le grand retour de la Coupe du monde à Oslo-Holmenkollen vendredi, les Françaises sont globalement passées à côté de leur sujet, aucune n'était au rendez-vous de la cérémonie des fleurs qui récompense les six premières. Enfin surtout sur le pas de tir, puisque sur les skis, elles sont quatre dans le Top 10, et même trois dans le Top 5 (Justine Braisaz-Bouchet a été la plus rapide sur la piste, Sophie Chauveau 3e et Julia Simon 5e).

Alors forcément, la thèse de la décompression post-Mondiaux de Nove Mesto où elles avaient conquis (ou participé en relais mixte) à pas moins de 11 médailles sur 13 semble légitime. "Malheureusement, la tête n'était pas là à 100 %. Il manque de la fraîcheur et cette envie de faire basculer ces palettes que j'ai pu avoir aux championnats du monde. Je suis fatiguée mentalement. Quand un gros objectif a été coché, il faut se relancer derrière. La saison est dure et longue", a d'ailleurs confirmé à La Chaîne L'Equipe la quadruple médaillée d'or en République tchèque Julia Simon, seulement 16e en Norvège.

Aucune Française n'a ainsi fait mieux qu'un 17/20 face aux cibles. Avec un handicap de trois minutes de pénalité au moins, il était impossible d'espérer un meilleur résultat. Certes, le brouillard, qui s'est soudain levé au moment de l'épreuve, a perturbé les Bleues dans leurs réglages au tir. Mais les conditions étaient les mêmes pour leurs adversaires et elles n'ont pas empêché Ingrid Tandrevold de faire une seule faute pour aller chercher la gagne, ni Elvira Oeberg et Lisa Vittozzi de limiter les dégâts avec un 18/20.

La thèse d'un retour délicat au "quotidien" de la Coupe du monde après l'euphorie des Mondiaux semble donc être la bonne. "Après de tels championnats du monde, c'est difficile de se remobiliser. Il fallait peut-être cette course-là pour se remettre dedans, pour retrouver l'énergie mentale et la concentration nécessaire pour la fin de saison", acquiesce Florence Baverel, consultante pour Eurosport.

Dans la perspective du gros globe de cristal du classement général de la Coupe du monde, Ingrid Tandrevold, qui a réagi en championne après avoir vécu un cauchemar à Nove Mesto, a en tout cas repris la main nettement. Victorieuse pour la 3e fois cette saison, elle possède désormais 84 points d'avance sur Justine Braisaz-Bouchet, sa dauphine, soit quasiment l'équivalent d'une course gagnée (90 points). Or, il n'en reste plus que six. Julia Simon (4e) pointe, elle, désormais à 122 longueurs.

Vous l'aurez compris, les Françaises ont vraisemblablement grillé leur ultime joker dans ce sprint final. Mais le plus dur est peut-être passé pour elles paradoxalement, car il n'y aura plus d'individuel - qui ne leur a pas vraiment réussi cet hiver - d'ici le dénouement. Avec cette 7e place, Braisaz-Bouchet a d'ailleurs obtenu son meilleur résultat dans la discipline cette saison (21e à Oestersund et 42e à Antholz). La mass start de samedi, épreuve qui l'a sacrée championne du monde, tombe à point nommé. Les Bleues n'ont pas le temps de gamberger et ce n'est peut-être pas plus mal.