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Julia Simon, vainqueure de la Coupe du monde, celle que l'on n'attendait pas : "Elle a franchi trois paliers"

Christophe Gaudot

Publié 18/03/2023 à 23:59 GMT+1

COUPE DU MONDE - Dix-huit ans après Sandrine Bailly, la France compte une nouvelle lauréate du gros globe du classement général. Julia Simon a rejoint cette dernière mais aussi Anne Briand (1995) et Emmanuelle Claret (1996) au panthéon. La consécration pour une athlète qui se battait pour le Top 10 de la Coupe du monde il y a encore une saison. La récompense d'un profond travail sur elle-même.

Trois médailles, un titre : Julia Simon a réussi ses Mondiaux à Oberhof.

Crédit: Getty Images

Il y avait eu l'Allemagne, la Norvège, la Suède, la Finlande, la Biélorussie, la République Tchèque et l'Italie. Depuis 2005 et le dernier sacre d'une Française, Sandrine Bailly, sept nations ont goûté au gros globe. Dire que l'on attendait que la disette prenne fin en 2022/2023 serait un mensonge. Meilleure française la saison dernière, Anaïs Chevalier-Bouchet avait achevé la saison à plus de 300 points du gros globe. Quant à Julia Simon, vainqueure du classement général depuis ce samedi, elle pointait à 403 points. Une progression fulgurante ? Oui… et non.
Voilà trois saisons que Simon naviguait autour du Top 10. La huitième place en 2019/2020 comme une promesse à 23 ans et puis deux années de stagnation (13e puis 12e). Avant le grand saut et cette saison en or (3 victoires et 10 podiums en 18 courses) dominée quasiment de bout en bout puisqu'elle a endossé le dossard jaune dès la deuxième étape à Hochfilzen pour ne plus jamais le lâcher. Mais penser que Julia Simon s'est faite en un jour (ou une saison) serait une grave erreur.
Je ne suis pas certaine que Julia Simon était la plus attendue
"Elle a peut-être franchi trois paliers cette saison, rigole notre consultant Loïs Habert. Mais ce qu'il faut regarder chez elle, c'est le nombre de victoires ou de podiums. Elle pouvait faire 60e du sprint et gagner la mass start le lendemain." Sur les trois saisons qui ont précédé 2022/2023, Simon était la Française la plus prolifique autant en termes de succès (4), que de podiums (11). "Sa qualité sur une course n'a pas tant évolué entre l'année dernière et cette année, ce qui a changé c'est l'enchaînement des courses", poursuit Habert.
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Le sacre pour Simon, la victoire pour Herrmann-Wick

C'est un lent travail démarré bien avant la préparation de sa saison dorée qui a mené Julia Simon sur le toit du monde. De la même année que Justine Braisaz-Bouchet, absente de la Coupe du monde cette saison pour cause de maternité, Simon a longtemps évolué dans son ombre. "Je ne suis pas certaine que Julia était la plus attendue des filles, se souvient notre consultante Sandrine Bailly. On entendait plus parler de Justine, qui est arrivée plus vite sur le circuit. Ça a pu occulter la montée en puissance de Julia."

Le tir couché, le chantier qui a tout changé

"Dans sa progression, jeune, c'était une fille qui était au milieu du groupe, abonde Loïs Habert qui l'a entraînée l'année de ses 17 printemps. Ce n'était pas celle sur laquelle on aurait misé il y a trois ans encore. Elle ne semblait pas avoir ces prédispositions physiques". Petit à petit, la lauréate de la Coupe du monde s'est placée parmi les skieuses solides du circuit. Restait à régler un sacré chantier : le tir.
"Au tir, elle avait pu prendre des mauvaises manières. Elle a su se remettre en question, écouter, ce n'est pas facile. Elle a eu l'intelligence de le faire, d'être patiente", apprécie Sandrine Bailly. L'intéressée elle-même, toujours sincère, s'était ouverte sur ce travail entamé depuis plusieurs saisons déjà.
"Avec Jean-Paul Giachino on avait décidé de reprendre mon tir couché, c'est un travail de deux ans, disait-elle à notre micro en décembre. Ce qu'on voit aujourd'hui c'est la lumière, le fruit d'un travail acharné. On a tout repris à zéro, les bases, les fondamentaux. Il y a eu des hauts, des bas, des moments de doute, des moments où je me disais que je n'allais jamais comprendre."

Au tir, Simon fait maintenant "peur" à la concurrence

78% en 2019/2020, 72% en 2020/2021 puis 84% en 2021/2022 et enfin 93% cette saison pour son sacre, Julia Simon a pris son temps mais elle a désormais un tir couché fiable qui la place dans le Top 15 de la Coupe du monde. Celui-ci lui permet de s'installer dans ses courses et de gagner en confiance puisqu'elle sait que son ski suivra et qu'elle dégaine vite. En cumulé, son temps passé face aux cibles la place au 5e rang mondial. Un sacré avantage psychologique sur les autres.
"Un tir joueur", analyse Bailly. "En confrontation, les filles qui s'installent autour d'elles ont peur", poursuit Habert. Ce n'est pas un hasard si Simon brille en poursuite et en mass start (3 succès pour 7 podiums cette saison). Cette biathlète, la Française l'a toujours été. Mais pour être plus stable au tir couché, il a fallu changer. "J'ai fait un gros travail de préparation mentale pour aller à l'encontre de ma personnalité, confiait-elle à Eurosport en décembre. J'aime quand ça va vite, je suis très instinctive."
L'alliage de ses qualités naturelles, d'une maturation achevée à 26 ans et du travail mené pour gommer ses défauts ont fait d'elle, et d'assez loin, la meilleure biathlète du monde cette saison. Vainqueure du gros globe, Julia Simon a aussi glané un titre mondial (en poursuite évidemment à Oberhof) et deux autres médailles de bronze (mass start et relais mixte). Une saison en or, ni plus ni moins.
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