Mondiaux 2025 - Campbell Wright, le Kiwi US qui fait du bien au biathlon

Possédant la double nationalité américaine et néo-zélandaise, Campbell Wright a été champion du monde juniors en tant que "Kiwi" avant de rejoindre l'équipe des Etats-Unis. A Lenzerheide, il est en train d'exploser au top niveau avec déjà deux médailles d'argent derrière Johannes Boe. Le tout avec une personnalité qui sort un peu de l'ordinaire et donne une couleur différente à son sport.

22 v'là Boe, Perrot sur la boîte : le dénouement de la poursuite

Video credit: Eurosport

"Tout le monde rêve de ça et être capable de le réaliser si tôt dans ma carrière, c'est... Je ne sais pas mec, ne t'attends pas à ce que je remette ça demain, c'est tout ce que je dis. Ça suffit déjà à mon bonheur aujourd'hui." Ainsi parlait Campbell Wright en répondant à un journaliste suisse après sa médaille d'argent sur le sprint des Mondiaux de Lenzerheide. L'Américain avait causé la sensation en se calant sur le podium entre Johannes Boe et Quentin Fillon-Maillet. Mais il a bel et bien récidivé dès la poursuite. Argenté, à nouveau, toujours derrière le roi Boe.
A 22 ans, il est la grande révélation de ces Championnats du monde, lui qui n'avait encore jamais goûté au podium en Coupe du monde. "C'est super cool", résume-t-il, toujours détendu. Wright amène quelque chose de différent, rien qu'avec son parcours atypique. Né en Nouvelle-Zélande de parents américains et néo-zélandais, il a représenté le pays du long nuage blanc, notamment lors des Jeux de Pékin en 2022, avant d'opter récemment pour l'équipe américaine.
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Campbell Wright, à 18 ans, quand il représentait encore la Nouvelle-Zélande.

Crédit: Getty Images

Quand on fait deuxième sur un sprint et sur une poursuite, on a coché toutes les cases
Une décision difficile. Il a même envisagé de tout arrêter, car il n'imaginait pas poursuivre sa carrière depuis l'hémisphère sud. Après son titre de champion du monde juniors du sprint en 2023, il a donc choisi de rejoindre les Etats-Unis. "J'avais un passeport américain, mais changer a été dur parce que mon identité de biathlète, c'était d'être le 'Kiwi guy'. Mais je n'ai pas de regrets. J'ai pris la bonne décision", a-t-il raconté sur le site Olympics.com. Ces Mondiaux de Lenzerheide, où il est en train de changer de dimension, lui donnent raison.
"C'est une explosion, on ne peut pas dire le contraire, juge le consultant d'Eurosport Lois Habert. Ce n'est pas quelqu'un qu'on ne connait pas. Oui, on l'avait déjà vu, et on pouvait se dire qu'il ferait des résultats comme ça un jour. Mais là, on parle de courses d'une autre envergure. Il est presque allé chercher Johannes Boe sur la poursuite. Il fait un meilleur temps de poursuite que Johannes." Plus encore que le sprint, cette deuxième place sur la poursuite donne en effet une valeur énorme à ce qu'il accomplit en Suisse. Il était attendu et ce format met davantage les athlètes sous pression.
"Quand on fait deuxième sur un sprint et sur une poursuite, on a coché toutes les cases, ajoute Habert. Ça veut dire que le gars va vite en ski, qu'il est capable de mettre les balles au moment décisif et aussi de jouer la confrontation directe." Certains peuvent parfois bénéficier de circonstances exceptionnelles pour claquer un résultat majeur dans un grand rendez-vous, qu'il soit mondial ou olympique. Mais ce n'est pas du tout le cas de Campbell Wright.
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Campbell Wright à Lenzerheide pendant les Mondiaux 2025.

Crédit: Getty Images

"Parfois, c'est hyper ouvert sur certaines courses, dit encore notre consultant. En fonction des conditions, ou parce que certains champions se ratent. Là, ce n'est pas du tout ça. Il fait deux médailles sur deux courses vraiment très solides. Et ce n'est pas un truc sorti du chapeau. Surtout sur la poursuite, où il était attendu après sa deuxième place sur le sprint. Il se retrouve à faire des vraies confrontations, à faire un dernier tir pour la médaille. S'il ne fait pas le plein, il n'est pas sur le podium. Et il a tenu. Ça, c'est super solide."
Ce qui me tape dans l'œil chez lui ? Sa coiffure
La percée au plus haut niveau du natif d'Auckland fait du bien au biathlon. D'abord parce qu'il émane d'une nation qui existe à peine au top niveau. Or ce sport a besoin de sortir d'une forme de consanguinité entre les plus grandes nations européennes, plus que jamais rétrécie avec la mise à l'écart des Russes. "Le biathlon ne peut pas se résumer à un duel France-Norvège", clamait Lois Habert en schématisant à peine voilà quelques semaines. L'émergence d'un Campbell Wright tombe donc à pic, pour son profil "américano-kiwi", mais aussi parce que c'est lui.
"Ce qui me tape dans l'œil chez lui ? Sa coiffure, sourit Lois Habert à propos de l'homme à la coupe mulet. Je plaisante, mais pas complètement. Il amène tellement de fraicheur que c'est ça qui me saute aux yeux. On n'a pas le biathlète calibré. Ça apporte quelque chose de différent. Avec un look différent, le sourire, la fraicheur du gars, c'est génial. Je trouve ça super et c'est important pour le biathlon." On le décrit fantasque sur le circuit et particulièrement ouvert.
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Déjà deux médailles d'argent aux Mondiaux pour Campbell Wright.

Crédit: Getty Images

"Je crois qu'une grande partie du fait que j'ai des résultats tient à ce que je suis, confirme l'intéressé. Je suis un grand adepte de la légèreté. Bien sûr, il y a des déceptions, bien sûr, je prends tout ça très au sérieux, mais je pense que les gens ont du mal à comprendre qu'on peut toujours s'amuser tout en étant sérieux. Ce n'est pas parce que je fais une blague que je ne suis pas professionnel." La formule semble en tout cas fonctionner à merveille pour lui. Avec son approche parfois plus proche du snowboard dans l'esprit que du biathlon, il se dit pourtant dingue de ce sport qu'il a fini par apprivoiser, lui le fondeur de base un temps hermétique au tir.
Jusqu'où peut-il aller ? "Avant d'en faire un top client pour le classement général, il faudra le voir sur d'autres sites, tempère Lois Habert. Ce n'est pas du tout pour dénigrer sa performance, parce qu'elle est XXL, mais c'est juste qu'on a vu quelques athlètes qui se sont révélés à Lenzerheide, parce que la piste est un peu particulière. C'est un effort linéaire, ce qui n'est pas la norme du biathlon. C'est un sport taillé pour le show, un peu comme à Ruhpolding, où tu as des petites bosses, des relances de partout. Là, ça joue sur d'autres filières. Il faudra le voir ailleurs, mais peut-être que ça lui a fait péter un plafond de verre et qu'on va le voir à toutes les courses."
Avant de le voir sur d'autres terres, il a encore de quoi amasser du métal en Suisse. "Sur un individuel (dès mercredi, NDLR), où on donne encore plus la parole au tir, il a sa place. Il est capable de sortir un 20. Il a sa place partout", conclut Habert.
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