Östersund - Et dire que Lou Jeanmonnot ne se sentait pas au top : "Je n’étais pas super à l’échauffement"

Quarante-cinq départs après ses débuts, Lou Jeanmonnot a fini par décrocher son premier succès en Coupe du monde. Enfin, quarante-cinq départs mais surtout de (très) longues minutes sur le "hotseat" à attendre l’arrivée des derniers dossards. "L’attente a été le pire moment de ma course je crois", racontait-elle dans un rire une fois le succès entériné. C’est aussi le problème lorsque l’on réalise une course quasi parfaite. Très solide sur les skis, la Française aura surtout fait la différence au tir, étant l’un des rares à réussir le 10/10. De justesse.

"J’appelle plus ça un neuf et demi au tir, tempère la biathlète de 25 ans, consciente d’être passée tout proche de la correctionnelle. La dernière balle, franchement, j’ai cru qu’elle n’y était pas". Mais elle a bien accroché la cible, comme un ultime symbole d’un sprint qui ne pouvait échapper à la Franc-Comtoise, même si elle s'est fait peur dans le dernier tour. "J’étais bien stressée à la sortie du pas de tir parce que je ne pensais pas pouvoir tenir", avoue celle qui a perdu 18’’ sur Elvira Öberg dans le dernier tour. Mais bien moins sur ses adversaires directes. Et pourtant, elle-même n’y aurait pas cru un seul instant avant de s’élancer.

"Je ne me sentais pas super sur les skis ce matin à l’échauffement mais j’ai quand même décidé de partir vite, explique t-elle. C’est quelque chose que j’ai du mal à faire alors que ça paie souvent bien. Donc je suis partie vite mais j’ai commencé à avoir du mal à garder le tempo dans le deuxième tour et le troisième j’ai vraiment eu du mal. Je ne pensais vraiment pas qu’ils allaient m’annoncer pour la gagne. Je m’attendais aux fleurs, au podium éventuellement … Mais la gagne je ne l’imaginais pas trop". Elle est pourtant rapidement devenue une évidence, luttant avec les meilleurs avant même le tir debout, où Ingrid Tandrevold a craqué.

"Je pense que ça tient surtout au fait qu’il faisait très froid et que ça n’a pas très bien tiré, analyse t-elle, comme pour relativiser sa performance. Ca va aussi que c’était Knotten en face qui n’est pas une des plus rapides en ski, quoi qu’elle l’a été aujourd’hui". Alors forcément, le soulagement et la joie de toute l’équipe de France dans l’aire d’arrivée a été à la hauteur de la performance. "Je crois que c’est ça qui me réjouit le plus, avouait-elle. Voir tout le staff content, mes coachs, mes techniciens, mes collègues… C’est ce qui me fait le plus plaisir". Même si le succès tient forcément une place à part.

"Je tenais à prouver que j’étais capable de gagner un sprint, poursuit la Tricolore. Gagner un sprint, c’est le symbole que l’on peut gagner n’importe quel format. Je savais que j’en étais capable, je suis contente mais j’en veux encore plus et je ne vais pas me satisfaire. Il va désormais falloir réussir à le refaire." Car l’ambition, Lou Jeanmonnot n’en est pas dépourvue, loin de là. "Viser un top 6 au classement général, je pense que ça sera déjà très bien mais j’espère aussi monter sur plusieurs podiums, annonce la Française. Mais d’ici-là, il y a déjà une poursuite avec le dossard 1, un dossard rouge que je porterai la semaine prochaine… Je vais apprendre à gérer le stress et après on verra". Il parait que l’appétit vient en mangeant ? Visiblement, en gagnant aussi.