Östersund - "Je n’y croyais pas du tout" : le week-end parfait de Lou Jeanmonnot

Voir une Française gagner, on en a presque l’habitude. Ou, à défaut d’habitude, ce n’est plus une rareté absolue. Mais le plaisir est toujours intact, surtout quand le scénario offert est à la hauteur de celui de cette poursuite dames d’Östersund 2023. Vainqueure du sprint vendredi, Lou Jeanmonnot ne pouvait pas vraiment créer la surprise une nouvelle fois, en s’élançant en tête de cette poursuite. Mais encore fallait-il tenir et c’est là que la Française aura été énorme. Surtout au tir, avec un 20/20 dans la droite lignée de son 10/10 sur le sprint.

"J’avais la volonté de faire un 100% au tir, même si je n’avais pas de très bonnes jambes donc je me suis vraiment focalisé sur le fait de bien tirer, expliquait-elle au micro de la chaine L’Equipe. Et ça a payé". En tête tout au long de la course, la Franc-Comtoise n’a cessé de résister aux retours de ses adversaires et notamment du danger principal, la leader de la Coupe du monde, Franziska Preuss. Mais l’Allemande était si rapide que, forcément, le retour était inéluctable, d’autant qu’elle n’a pas cédé sur le pas de tir (19/20). Alors, au moment de sortir du dernier pas de tir, avec 7’’ d’avance, la Française peinait à croire à la victoire.

"Honnêtement je n’y croyais pas au début, avouait-elle. Quand on m’a dit qu’elle était à 5’’ derrière moi, alors que j’avais vu tout au long de la course à quel point elle était rapide et beaucoup plus forte que moi sur les skis, dans ma tête je me suis ‘Tu la gardes en visuel pour assurer la 2e place’. Mais je ne croyais pas du tout que je pouvais la battre !" Et il ne s’en est pas fallu de grand-chose pour que la Française lâche prise… "Elle m’a posé une petite accélération au sommet de la bosse et là je me suis dit que c’était foutu", raconte la Tricolore. Mais l’Allemande aussi avait ses failles sur les skis.

"Je l’ai sentie ralentir dans les portions où, moi, je me sens meilleure, les faux plats montants, là où on peut poser du un temps un peu plus puissant, analyse t-elle. Elle a dû serrer un petit peu et ça m’a permis de revenir". Être au niveau de Preuss à l’entrée sur le stade était l’objectif. La victoire ne pouvait déjà plus échapper à la Tricolore. Car le sprint est un art dont elle maitrise toutes les subtilités. "Les 50 derniers mètres c’est vrai que c’est plutôt mon truc, avoue t-elle. Autant avant, il fallait tenir et je n’étais pas sûre que j’y parviendrais, autant sur les 50 derniers mètres, je me suis dit 'Bon bah là, ça va être cool'. Surtout, encore une fois que je n’y croyais pas du tout ! Je suis parti dans le dernier tour en me disant que c’était la 2e place aujourd’hui. Et finalement, réussir à me battre sur un sprint, c’est génial". Et historique.

En réussissant le doublé sprint-poursuite, elle est entrée dans un cercle fermé des filles à l’avoir réussi, puisqu’elles n’étaient que deux à l’avoir fait l’an dernier, Elvira Öberg et Marte Olsbu Roieseland. Mais c’est surtout sur le plan français que la performance est majeure puisque la Franc-Comtoise est devenue la 4e Tricolore de l’histoire à réussir le doublé, après Sandrine Bailly, Corinne Niogret et Marie Dorin-Habert. Excusez du peu ! Östersund aura été l’acte de naissance de Lou Jeanmonnot et il était resplendissant.