Le jour Jay !

Après Marie Dorin la veille, c'est Vincent Jay qui est sorti de l'ombre, dimanche à Whistler. Le Français, 24 ans, qui était sans doute le moins attendu de la cohorte tricolore engagée sur l'épreuve du sprint, a décroché l'or olympique et offert à la délégation bleue son premier titre en 2010. Au terme d'une course pas loin d'être parfaite (10/10 au tir), le biathlète de Saint-Martin-de-Belleville a devancé le Norvégien Emil Hegle Svendsen et le Croate Jakov Fak. Ole Einar Bjoerndalen, l'ogre du biathlon, est passé à côté et se classe 17e (4 fautes au tir). Dimanche, le Norvégien chasseur de records n'y était pas. Tant pis pour lui, tant mieux pour Jay.

Parti avec le dossard 6, Vincent Jay a rapidement semblé dans le rythme. Troisième après le premier tir, deuxième suite au second, le Vincent Jay a fait sa course. Et, il faut le reconnaitre, a été aidé par les cieux qui ont joué un sale tour aux gros dossards. En effet, la neige a commencé à tomber alors que le Français en terminait. Simon (71e au final) et Martin Fourcade (35e) et Vincent Defrasne (53e) n'ont pas été aussi heureux ni inspirés que leur compère de l'équipe de France. D'ailleurs, Simon Fourcade ne participera pas à la poursuite, dont Emil Hegle Svendsen, médaillé d'argent et seul "gros" à avoir tiré son épingle du jeu, devient le grandissime favori.

Vainqueur d'une seule course en Coupe du monde, la saison dernière à... Whistler (20 km), lors des... préolympiques, le militaire savoyard savoure. Même s'il a du mal à imprimer ce qui vient de lui arriver : "C'est quelque chose de grand, je ne me rends pas encore compte", a-t-il confié après son triomphe. Stéphane Bouthiaux, entraîneur de l'équipe de France messieurs, est lui un peu moins surpris : "Inattendu ? Oui et non. Disons qu'il a su saisir sa chance. Il a gagné l'an dernier ici, c'est un endroit qui lui convient (...). Bien entendu, les conditions ont joué en sa faveur. Mais encore fallait-il faire le plein au tir. Il a su le faire."

Cette médaille, la 11e du biathlon français depuis 1992 (autant qu'en ski alpin), récompense un travailleur né. Un bosseur qui ne s'arrête jamais. Enfin presque... "C'est la médaille du mérite. C'est un bosseur énorme, assure Stéphane Bouthiaux. Ca signifie 8 à 900 heures d'entraînement physique dans l'année, 4 à 500 heures passées derrière la carabine dans une chambre ou dans un garage. C'est la victoire de l'abnégation. Il en fait beaucoup, des fois trop d'ailleurs et ça lui joue des tours. Là, on a joué sur la fraîcheur depuis 15 jours et son corps ne doit pas avoir l'habitude de se reposer. Il a tout explosé." La recette était bonne. Personne ne peut en douter.

2010 à Vancouver (Canada), 2 médailles (série en cours)
OR: Vincent Jay en sprint 10 km
BRONZE: Marie Dorin en sprint 7,5 km

2006 à Turin (Italie), 4 médailles
OR: Vincent Defrasne en poursuite 12,5 km
OR: Florence Baverel-Robert en sprint 7,5 km
BRONZE: Julien Robert, Vincent Defrasne, Raphaël Poirée, Ferreol Cannard en relais 4x7,5 km
BRONZE: Delphyne Peretto, Florence Baverel-Robert, Sylvie Becaert, Sandrine Bailly en relais 4x6 km

2002 à Salt Lake City (USA), 2 médailles
ARGENT: Raphaël Poirée en poursuite 12,5 km
BRONZE: Julien Robert, Vincent Defrasne, Raphaël Poirée Gilles Marguet en relais 4x7,5 km

1994 à Lillehammer (Norvège), 2 médailles
BRONZE: Thierry Dusserre, Patrice Bailly-Salins, Lionel Laurent, Hervé Flandin en relais 4 x 7,5 km
BRONZE: Corinne Niogret, Véronique Claudel, Delphine Heymann-Burlet, Anne Briand-Bouthiaux en relais 4x7,5 km

1992 à Albertville (France), 1 médaille
OR: Corinne Niogret, Véronique Claudel, Anne Briand en relais 3x7,5 km

1924 à Chamonix (France), 1 médaille
BRONZE: Adrien Vandelle, Camille Mandrillon, Maurice Mandrillon, Georges Berthet en Patrouille de ski militaire