Estanguet en douceur

Les Bleus sont venus à plusieurs reprises au Parc Aquatique de Shunyi pour arriver aux Jeux dans les meilleures conditions. Visiblement, cela n'a pas encore porté ses fruits. Le bilan n'est pas catastrophique mais il n'est pas celui attendu. Tony Estanguet et Fabien Lefèvre n'ont pas été à la fête lors des qualifications du C1 et du K1. Bien sûr, les deux Tricolores ont assuré l'essentiel en se qualifiant pour les demi-finales. Mais leurs performances n'ont pas été à la hauteur des espérances. Et surtout celle d'Estanguet.

Habitué à commencer ses compétitions mollement, Tony Estanguet n'a pas changé ses habitudes. Il a complètement raté sa première manche (8e temps avec une pénalité) avant de se reprendre dans la seconde course pour terminer à la sixième place au temps cumulé des deux manches. Histoire d'assurer au moins sa qualification pour les demi-finales. Un moindre mal pour celui qui vise une troisième médaille d'or olympique consécutive en C1.

Sûrement émoussé par son rôle de porte-drapeau français pour la cérémonie d'ouverture, le Palois de 30 ans n'a pas semblé très relâché. Même sa deuxième manche est en-deçà de ses adversaires. Et surtout de son grand rival, le Slovaque Michal Martikan qui a marqué les esprits avec deux courses parfaites. Il devra vite corriger ses trajectoires et ses poussées pour espérer réaliser son rêve de signer un triplé historique dans l'histoire du sport français. Signe flagrant de sa déception : il n'a pas souhaité répondre à la presse à l'issue de la course. "Il veut rester concentré et a besoin de rester dans sa bulle, de se retrouver, a expliqué son entraîneur Yves Narduzzi. Il est un peu tendu parce qu'il sait que ce bassin est extrêmement piégeux. Il va aborder sa finale avec appréhension mais c'est aussi un peu sa façon de faire."

Fabien Lefèvre rêve lui d'une première médaille d'or après sa désillusion d'Athènes où il avait dû se contenter du bronze. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'a pas réussi de la meilleure des manières son entrée dans la compétition. Intouchable depuis le début de l'année, "Fabulous Fab", champion du monde 2002 et 2003, s'est mis la pression lors de la première manche en s'offrant le 9e temps. Avant de frapper fort lors de la 2e course en signant finalement le 2e temps cumulé derrière le Slovène Peter Kauzer. Une belle réaction qui a rassuré tout le camp français.

"L'entrée en matière était un peu compliquée après avoir glandé toute la journée d'hier à l'hôtel, sans naviguer, a commenté l'Orléanais d'origine. J'étais un peu attaqué dans mon estime de me faire prendre trois secondes par Peter (Kauzer) sur la première manche. Ensuite, je me suis mis dans la peau d'un guerrier." Mardi, "il faudra que je navigue dans le même état d'esprit en poussant un tout petit peu plus encore ", a-t-il conclu. Tout est donc encore possible pour nos deux chercheurs d'or. Surtout que mardi, tous les compteurs seront remis à zéro. Toutefois si Lefèvre devra confirmer, Estanguet devra, lui, retrouver ses sensations... Pas gagné d'avance.