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Mathilde Gros explique son credo avant l'UCI TCL : "Je donne ma vie pour franchir la ligne en première position"

Simon Farvacque

Mis à jour 09/11/2022 à 01:17 GMT+1

UCI TRACK CHAMPIONS LEAGUE - Elle respire la sérénité. Mathilde Gros a récemment trouvé une approche de la compétition qui lui convient. Son titre mondial, décroché à Saint-Quentin-en-Yvelines, en atteste. La pistarde de 23 ans évoque sa vision gagnante du moment, se dit prête à la mettre en application lors de l'UCI TCL - à partir de samedi - et fixe les JO de Paris 2024 en objectif suprême.

Mathilde Gros revit son sacre mondial : "Quand je vois mon père les larmes aux yeux…"

Mathilde Gros a "encore du mal à réaliser". C’est cliché, n’est-ce pas ? Mais quand elle répond à nos questions, sur la piste du vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines, elle se sent toujours dans "un rêve éveillé". La pistarde française a décroché le titre de championne du monde de la vitesse individuelle, en ce lieu, il y a moins d’un mois. Un sacre aussi confus qu’intense, dans son esprit : "Des fragments me reviennent en tête, sourit-elle, émerveillée. Je m’en souviendrai toute ma vie."
Parfois, la beauté d’un couronnement réside dans la surprise qu’il suscite. Parfois, c’est très différent. Gros semblait programmée pour rouler sur la concurrence. Elle a mis plus de temps que "prévu" pour le faire. Tant mieux, à l’en croire : "Je devais gagner, être championne du monde à 19 ou 20 ans, et cela ne s’est pas fait. Mais je pense que tout arrive pour une bonne raison et avec ces Mondiaux à la maison, je ne regrette pas du tout d’avoir été championne du monde 'seulement' à 23 ans."
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Gros secouée par les larmes après son titre de championne du monde

"Quand je vois mon père, les larmes aux yeux, je me dis : 'ça y est, on l’a fait'"

Les échecs encaissés, avec en point d’orgue un camouflet olympique qui l’a bouleversée, viennent magnifier sa victoire. "Je me dis que j’ai de la chance, philosophe Mathilde Gros. Mon père avait raison, quand il me disait - même après Tokyo - que le travail paie toujours." La fierté dans le regard d’un parent vaut bien des embûches surmontées : "Quand je vois mon père, les larmes aux yeux, je comprends : 'Ça y est, on l’a fait'", raconte-t-elle, revisionnant la manche décisive, devant nos caméras.
Un instant hors du temps, à se replonger dans ce qui représente le pinacle de sa (jeune) carrière. Mais une compétition se profile déjà à l’horizon. L’UCI Track Champions League, deuxième du nom, débute le samedi 12 novembre à Majorque, soit neuf jours après la réalisation de cet entretien. Gros en parle déjà avec appétit et y voit l’opportunité de ne pas se reposer sur ses lauriers : "Le but est de redescendre de mon nuage, pour ne pas me perdre là-haut. Je sais que je suis bien entourée."
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La délivrance pour Gros, titrée en vitesse individuelle après une finale tout en maîtrise

"C’était incroyable, la vague d’émotions que je me suis prise dans la tête"

Ce défi de la remobilisation, elle l’a déjà vécu dans sa version condensée. Lors des Mondiaux, en octobre, elle a eu moins de 48 heures pour passer du sentiment grisant de la gloire à celui, presque opposé, de la conquête. "C’était une belle expérience, assure-t-elle. Samedi 'off', tout redescend, les réseaux sociaux… c’était incroyable, la vague d’émotion que je me suis prise dans la tête ! Puis le dimanche matin, quand vous arrivez, que les gens crient votre nom alors que vous allez juste vous échauffer…"
Mathilde Gros a lutté pour ne pas débrancher : "J’avais envie de me dire : 'Le championnat est fini', mais aussi : 'C’est à la vie à la mort sur la dernière épreuve, un autre titre mondial en jeu, pour faire le doublé : c’est maintenant !'’" Elle a partiellement relevé le challenge de la remobilisation, lors du keirin, accédant à la finale et flirtant avec le podium (4e). "Ce n’est pas plus mal, avec une médaille, j’aurais peut-être moins revisionné la course pour l’analyser", dédramatise la nouvelle reine du sprint mondial.
Ce résultat ne risque pas de l’abattre. Parce que celui de l’avant-veille écrase tout ? Certes. Mais aussi parce qu’elle a rompu avec une obsession qui ne lui réussissait pas. "Cela a plutôt bien fonctionné pour moi cette année, de ne pas être focalisée sur le résultat, appuie-t-elle. Jusqu’à Tokyo (à l’été 2021, NDLR), j’étais focalisée sur les résultats. Avant chaque grand championnat, c’était : 'je veux la médaille d’or, je vise le podium…' Cela n’a jamais marché." L’évolution a porté ses fruits.
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La joie de Gros et la communion avec le public : revivez le podium de la Française

Un but immuable : Paris 2024

"En fait, à partir du moment où je suis sur la piste, que ce soit la belle, la première manche, lors d’une finale ou pour une place d’honneur, je me dis : 'Je donne ma vie pour franchir la ligne en première position'. C’est comme cela que je fonctionne." Gros n’a pas trouvé la méthode miracle. Elle a trouvé son credo : "On a tous une façon différente d’approcher la compétition, certains explosent de rire juste avant la course, par exemple. Il faut trouver la façon dont on se parle pour être le plus performant possible."
"Aux Mondiaux, je me suis sentie bien, sans pression, alors que c’était à domicile, face aux Allemandes…", se satisfait-elle. Lors de l’UCI TCL - dont la troisième étape se tiendra à Saint-Quentin-en-Yvelines le 26 novembre -, il en faudra donc beaucoup pour la désarçonner : "C’est mon plan, mes objectifs… si je remporte la compétition (de sprint), ce ne sera que du positif. Mais je suis là pour apprendre. On n’aura pas tant de compétitions que cela avant les Jeux." Et de rappeler : "Mon but, c’est d’être championne olympique à Paris." En voilà un bel accomplissement "à réaliser".
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Gros : "Après Tokyo, il y a eu une grosse remise en question, sur tous les aspects de ma vie"

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