La dernière échappée

Du panache en moins dans le peloton : à 37 ans, cet insatiable baroudeur solitaire qu'est Jacky Durand a décidé de goûter une retraite méritée. A son palmarès, quelques joyaux comme le Tour des Flandres et Paris-Tours.

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Crédit: Eurosport

[15/12/04] - Jacky Durand, l'un des coureurs cyclistes français les plus populaires, a décidé à l'âge de 37 ans de mettre un terme à sa carrière qui compte, entre autres exploits, deux victoires en Coupe du monde et deux titres de champion de France. "Il y a un temps pour tout et c'est celui d'arrêter", a déclaré Durand au Dauphiné Libéré, qui a annoncé l'information dans son édition de mercredi.
"Dudu", personnage marquant du peloton par son caractère jovial et son tempérament de baroudeur, est le dernier coureur français vainqueur du Tour des Flandres. En 1992, il avait mis fin à trente-six ans d'insuccès dans la grande classique belge, l'un des monuments du cyclisme, au bout d'une échappée de 217 kilomètres.
Passé professionnel en 1990 dans le groupe de Cyrille Guimard, le Mayennais installé près de Grenoble portait cette année les couleurs de l'équipe belge Landbouwkrediet. "J'espérais faire dix ans et gagner une course de temps en temps. J'en ai fait quinze et j'en ai remporté quelques belles", a estimé Durand, qui aimerait pour sa reconversion rester dans le milieu cycliste.
Un coureur combatif
Le double champion de France (1993 et 1994) s'était fait une spécialité des échappées lancées de très loin. C'est ainsi qu'il gagna le Tour des Flandres mais aussi Paris-Tours, autre classique qui échappait aux coureurs français depuis 42 ans et la victoire d'Albert Bouvet. "Dudu" s'illustra également à maintes reprises sur les routes du Tour de France. Vainqueur du prologue de Saint-Brieuc chamboulé par la météo (1995), il porta cette année-là pendant deux jours le maillot jaune.
Dans la Grande Boucle, dont il fut à deux reprises le coureur le plus combatif, Durand gagna deux autres étapes. En revanche, il ne connut jamais l'état de grâce dans Paris-Roubaix, une classique ("la course qui me convient le mieux", disait-il) qu'il rêva longtemps d'inscrire à son remarquable tableau de chasse.
Blagueur et fêtard
"J'ai de bonnes qualités mais je ne suis pas l'un des plus forts du monde. J'ai pourtant un meilleur palmarès que des coureurs qui sont placés dans toutes les classiques. Moi, je suis rarement placé. Soit je suis gagnant, soit je ne fais rien", remarqua un jour Durand, en insistant sur son sens tactique : "Bon nombre de fois, je me dis c'est à ce moment-là que va se faire la course, malheureusement les jambes m'empêchent d'y aller."
A l'heure de raccrocher, ce joyeux luron, blagueur et fêtard à ses heures mais entreprenant et avisé en course, privilégie le Tour des Flandres, la référence de sa carrière. "Je dois être l'un des coureurs étrangers les plus appréciés en Belgique", affirmait-il.
"En 1996, je m'étais fait attraper au radar par des agents de la sécurité belge, raconta-t-il un jour. Ils m'ont demandé si j'allais faire une course de vélo et, quand ils ont vu ma carte d'identité, ils ont dit 'ah, Jacky Durand, vous avez gagné le Tour des Flandres en nonante-deux' et ils m'ont laissé passer. En Belgique, à partir du moment où l'on gagne le Tour des Flandres, on est reconnu pratiquement à vie".
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