Armstrong ne garantit rien

Lance Armstrong doit s'y attendre. Désormais, chacune de ses sorties, même la plus anecdotique, aura des allures de barnum médiatique. Quelques jours après l'annonce de son retour à la compétition, le Texan était donc très entouré ce week-end dans le Colorado, où il disputait les 12 heures de Snowmass, une course de VTT par équipes. En compagnie de Max Taam et Len Zanni, Armstrong s'est imposé sous les couleurs du Team Livestrong. Mais ce n'est pas pour lui parler de cette course que les journalistes sont venus le voir, mais plutôt pour évoquer son avenir.

Bon prince, Armstrong n'a pas été avare de paroles. Il a d'abord confirmé que l'unique motivation de son retour était la promotion de la lutte contre le cancer, à travers sa fondation, Livestrong. "Nous avons réussi à faire passer notre message au Texas, puis aux Etats-Unis ", explique-t-il. Maintenant, il aimerait répandre la bonne parole à travers le monde. "Le meilleur moyen, a-t-il ajouté, c'est de reprendre ma carrière et courir un peu partout. En Europe, en Amérique, mais aussi en Afrique du Sud et en Australie." Il n'en fallait pas plus pour que certains extrapolent sur son programme 2009. Initialement, Armstrong avait prévu de revenir en février 2009, lors du Tour de Californie. S'il veut courir en Australie, il pourrait avancer sa rentrée et disputer le Tour Down Under, première épreuve phare du calendrier, en janvier.

Le septuple vainqueur du Tour avoue par ailleurs ignorer s'il sera en mesure d'être compétitif. Il semble être le premier à douter de sa capacité à ramener un huitième maillot jaune sur les Champs-Elysées. "Je veux mener un combat, assure l'Américain. Je me sens suffisamment en forme physiquement pour le faire en remontant sur un vélo. Mais pour le reste, je ne peux offrir aucune garantie. C'est une erreur de dire que je reviens pour gagner un huitième Tour de France. D'abord, je n'en ai pas besoin. Ensuite, je suis quand même resté trois ans sans courir. Dans un an, j'aurai 37 ans, presque 38..." Un discours volontairement modeste, qui rassurera peut-être Alberto Contador, qu'Armstrong a qualifié de "meilleur coureur du monde ", dimanche.

Astana reste en effet la destination la plus probable pour Armstrong. Johan Bruyneel, manager de la formation basée au Luxembourg, n'envisage pas que son ancien leader puisse courir avec quelqu'un d'autre. A moins qu'Armstrong ne décide de monter sa propre structure, sous la bannière Livestrong. Mais avec quels moyens? Et quels coureurs? On ne monte pas une équipe en quelques semaines. Selon toute vraisemblance, l'hypothèse Astana reste donc la plus crédible, Armstrong ayant déjà écarté la possibilité d'un transfert chez Katusha.

Où qu'il aille, le champion d'Austin sait qu'il sera au coeur d'une controverse. Son retour ne fait pas que des heureux dans le milieu. Les dents grincent. Armstrong ne peut l'ignorer. "Je n'ai jamais triché et je ne tricherai pas en 2009, jure l'Américain. Mais si des gens disent, 'il prend des trucs qu'on ne peut pas trouver', je ne peux pas lutter contre ça. En tout cas, je me soumettrai au programme anti-dopage comme je l'ai toujours fait. Je veux que tout soit transparent." Malgré tout, la presse parle. "J'ai lu dans un journal qu'une chaîne de télé allemande ne souhaitait pas mon retour parce que j'appartenais à l'ancienne génération et qu'une nouvelle génération s'était installée depuis. J'aimerais qu'on me dise à quelle génération appartient Carlos Sastre, le dernier vainqueur du Tour. Tout cela est un peu ridicule." Sur ce point, au moins, on ne lui donnera pas tort.