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5 questions pour un retour

Eurosport
ParEurosport

Publié 11/09/2008 à 08:45 GMT+2

L'annonce du retour à la compétition de Lance Armstrong a secoué le monde du cyclisme. Preuve que l'Américain, trois ans après son départ à la retraite, demeure un personnage à part. Incontournable. Mais ce comeback du Texan ne manque pas de soulever plus

1. Y a-t-il des précédents?
En cyclisme, pas vraiment. Jamais on a vu un coureur qui avait pris sa retraite sportive revenir trois ans plus tard, surtout à 35 ans passés. Gino Bartali a certes remporté le Tour de France à 10 années d'intervalle (1938-1948), mais le contexte était différent, puisque l'Italien n'était pas seul à avoir vu sa carrière interrompue. Là, Armstrong a vu les trains passer sans lui. La concurrence a avancé. Dans l'histoire du sport, en revanche, plusieurs très grands champions ont repris la compétition pour une deuxième carrière. Avec des fortunes très diverses. Michael Jordan, en NBA, après deux ans loin des parquets entre 1993 et 1995, avait retrouvé les sommets, mais il était plus jeune qu'Armstrong (32 ans lors de son retour). George Foreman est redevenu champion du monde des poids lourds en boxe, à 45 ans, 20 ans après avoir rendu sa couronne. Retraité à 25 ans, gavé de succès (6 Roland-Garros et 5 Wimbledon), le tennisman suédois Bjorn Borg avait lui tenté un retour pathétique au début des années 90, dix ans après sa retraite. Entre Jordan et Borg, où Armstrong se situera-t-il?
2. Pourquoi veut-il revenir?
Tout le monde se pose la question. "Je trouve tout cela assez étrange, a déclaré Johan Bruyneel, l'homme qui le connait peut-être le mieux dans le peloton. Il a arrêté la compétition il y a trois ans et cela commence à dater. Il n'a plus rien à prouver et il n'a pas à s'inquiéter sur le plan financier ." Bob Stapleton, patron de l'équipe Columbia, s'interroge: " de quoi s'agit-il? S'il s'agit juste d'essayer de retrouver une gloire à laquelle il ne goûte plus, ce serait décevant. " "Je veux faire prendre encore plus conscience aux gens de ce fléau qu'est le cancer, a déclaré Armstrong. Cette année, huit millions de personnes vont en mourir". Mais au-delà de la promotion de la lutte conter le cancer, le Texan s'est fixé un défi sportif qui semble complètement fou: remporter un huitième Tour de France, trois ans après sa dernière victoire. Seul le Tour l'intéressait et rien n'a changé à ce niveau là. Comme le notait Christian Prudhomme mercredi, il y a une part de provocation dans tout cela. Armstrong semble avoir un compte à régler. Avec lui-même? Avec ASO? Avec la presse? Lui seul le sait. Mais la compétition lui manque, à l'évidence.
3. Son retour est-il bien accueilli?
Première certitude, la nouvelle ne laisse personne indifférent. "C'est une bonne nouvelle pour le cyclisme car elle va susciter beaucoup d'intérêt", résume d'ailleurs Alberto Contador. Mais comme toujours, Armstrong ne fait pas l'unanimité. Plusieurs personnalités se montrent peu enthousiastes. Sans surprise, beaucoup viennent des équipes françaises. "Avant de prétendre regagner le Tour, il faut d'abord que Lance Armstrong s'explique sur ce qui s'est passé en 1999", prévient Marc Madiot. "C'est bizarre tout ça, renchérit Denis Leproux, directeur sportif d'Agritubel. Je trouve ça à la fois un peu ridicule et dommage pour le vélo. Une chose est sûre: il ne va pas donner une bonne image de lui en reprenant la compétition" . D'autres sont en revanche enthousiastes, comme son ami George Hincapie ("C'est une super nouvelle, il a fait tellement pour nous tous"). Ceux qui n'ont jamais croisé Armstrong dans les pelotons se disent intrigués, voire impatients, à l'image de Mark Cavendish. "C'est spécial pour moi, car j'ai grandi en le voyant à la télé. Mais je ne peux pas dire ce que je vais ressentir si je me retrouve à côté de lui dans le peloton", confie le sprinter britannique. Sur la Vuelta, où la nouvelle a fait grand bruit, on entend de tout. "Rien que de voir Lance Armstrong à la télévision, ça me donne des frissons", jure Carlos Sastre, excité. A l'inverse, Alejandro Valverde fait part de son scepticisme: "En tant que cycliste, je ne le comprends pas, mais chacun fait ce qu'il veut. Cela me paraît surprenant, après avoir laissé le vélo et surtout après avoir gagné sept Tours. "
4. Est-ce bon pour le Tour de France?
Depuis la fin de l'ère Armstrong, en 2005, les organisateurs parlaient à chaque nouvelle édition de "Tour du renouveau". Une chose est sûr, si le Texan est là l'an prochain, avec le possible comeback d'Ivan Basso, on ne parlera pas de renouveau, mais plutôt de retour en arrière... En terme d'intérêt populaire et d'impact médiatique, le retour d'Armstrong constitue indéniablement un plus. D'abord parce qu'il est le recordman des victoires sur l'épreuve. Qu'on le veuille ou non, Armstrong occupe une place majeure dans l'histoire du Tour. Puis l'homme ne laisse personne de marbre. Certains l'adulent, beaucoup le détestent, mais tout le monde a hâte de voir ce qu'il peut bien produire sur la route après 36 mois d'absence... Sportivement, s'il est compétitif, le champion d'Austin va lancer un défi intéressant à la nouvelle génération. En revanche, si un scandale devait éclater autour de l'Américain en plein mois de juillet, l'image du Tour serait au moins aussi éclaboussé que celle du Texan... A ce titre, les deux ont beaucoup à perdre.
5. Peut-il gagner à nouveau?
Si Armstrong revient, ce n'est sans doute pas pour briguer une place dans le Top 10. Seule la victoire l'intéresse. Mais il n'aura pas couru depuis deux ans et demi lorsqu'il s'alignera au départ du Tour de Californie, en février 2009. Et il affichera quasiment 38 printemps au départ du prochain Tour. Même chez Astana, où il a toutes les chances de trouver refuge, on mesure l'ampleur de la tâche. "Je sais qu'il a couru, qu'il a fait beaucoup de vélo en dehors du monde professionnel, mais il faut voir la réalité ", soupire Bruyneel. Alberto Contador est encore plus direct: " Je ne crois pas qu'il puisse revenir au plus haut niveau." Ed Coyle, chercheur à l'Université du Texas, spécialiste de la performance sportive, estime que l'âge d'Armstrong ne constitue en revanche pas un handicap. "Pour un sport d'endurance, explique-t-il, vous pouvez parfaitement être performant jusqu'à 40 ans. Tout dépend si votre corps a subi beaucoup de choc ou s'il est usé. Je ne crois pas que ce soit le cas de Lance". Bernard Hinault est de cet avis. "Jeannie Longo est toujours là à près de 50 ans alors Lance Armstrong a encore tout le temps devant lui. C'est quand même un athlète complet", rappelle le Breton. Un avis partagé par Oscar Freire. descendant du podium, où il venait de célébrer sa victoire dans la 11e étape de la Vuelta, le triple champion du monde a rappelé la véritable nature de son ancien collègue: "L'âge ne sera pas un empêchement. C'est un coureur têtu, quand il se met quelque chose en tête... Il a la force de la volonté".
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