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Championnats d’Europe – Cette fois, Christophe Laporte n’a pas eu besoin de la bénédiction de Wout van Aert pour gagner

Amaury Erdogan-Gutierrez

Mis à jour 24/09/2023 à 20:29 GMT+2

Historique pour l’équipe de France, le sacre de Christophe Laporte sur la course en ligne des championnats d’Europe met en lumière la progression du Provençal, devenu en l’espace de deux saisons un des cadors du peloton professionnel. Et cette fois, il n’a pas eu besoin d’un cadeau de Wout van Aert pour s’imposer. Laporte a gagné en patron, et prend rendez-vous avec un avenir radieux.

Une attaque tranchante pour moucher les favoris : Laporte est le 1er Français champion d'Europe

D’exceptionnelle à irréelle, la saison de Christophe Laporte a franchi un sacré palier dimanche. Premier Français champion d’Europe lors de la 8e édition tracée dans la province de Drenthe, aux Pays-Bas, le Tricolore a accroché une tunique prestigieuse à sa collection et, sans doute, le plus grand succès de sa carrière. A 30 ans, le natif de La Seyne-sur-Mer n’en finit plus de faire voler en éclats ses pseudos plafonds de verre. Son numéro dimanche, en partant seul à 12 kilomètres de la ligne et en résistant à un groupe de cadors pour finalement l’emporter, l’a placé à une autre dimension sur l’échiquier du peloton mondial.
Il y a la victoire d’abord, la forme surtout. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le coureur de la Jumbo-Visma s’est rué le sourire tiré jusqu’aux oreilles dans les bras du sélectionneur tricolore, Thomas Voeckler. Habitué des coups tactiques, le Vendéen d’adoption a surtout souvent le bon mot au bon moment, et sait aussi laisser l'instinct des coureurs s’exprimer. Une tactique déjà payante en 2021 lors du second sacre mondial de Julian Alaphilippe. Cette fois, c’est Laporte qui a transformé l’essai.
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Un sacré tour de force : comment Laporte a résisté au retour de van Aert et Kooij

Une attaque "à l’instinct", désormais marque de fabrique des Bleus

"C’est dur d’y croire, soufflait les yeux brillants d’émotion le Provençal à l’arrivée. C’était un final dingue. Je me sentais bien et je pensais que si j’arrivais au sprint face à des gars comme Wout (van Aert) ou Kooij, ce serait compliqué de l’emporter. J’ai donc essayé autre chose et ça a marché. Ce n’était pas prévu, j’ai attaqué à l’instinct. C’est très dur de prédire le scénario d’une course comme celle-ci. Je n’ai pas cherché à trop réfléchir et je me suis juste lancé."
Tenter un tel coup de poker exige une condition parfaite et des jambes au rendez-vous. Cela tombait bien puisque Laporte a peu couru depuis le Tour de France (cinq jours de course). Constamment placé à l’avant lors des multiples passages dans le col du VAM, Laporte a longtemps caressé les pédales. De quoi penser que le Français comptait parmi les hommes les plus forts ce dimanche. C’est d’ailleurs lui qui a lancé les grandes manœuvres à 25 kilomètres de la ligne avec une première attaque dans la descente sinueuse du circuit final.
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Champion d'Europe, Laporte jubile : "J'ai du mal à y croire... C'était un final de dingue"

Cette première tentative a transi de nervosité un peloton parti par la suite à la faute. Preuve que Laporte n’est pas un vainqueur par défaut, ou un simple tacticien obligé de composer avec des limites physiques évidentes. S’il restait des doutes, ils ont été chassés d’un franc coup de balai : il est bien de la trempe des plus robustes du peloton. Flanqué du paletot bardé d’étoiles, il sortira définitivement - et visuellement - du lot au milieu du peloton.
Une grosse pensée pour Nathan (Van Hooydonck)
"C’est incroyable de revêtir ce maillot pendant toute une saison, pétille Laporte. J’ai encore du mal à y croire. Je veux dédier cette victoire à toute l’équipe de France, à ma famille. J’ai évidemment aussi une grosse pensée pour Nathan (Van Hooydonck, son coéquipier contraint d’arrêter sa carrière après un violent incident qui a révélé des soucis cardiaques, ndlr). Je pense qu’il sera heureux de me voir avec ce maillot."
Heureux sans doute, mais peut-être moins que si Wout van Aert s’était imposé. Raillé par une partie de la presse flamande pour son geste chevaleresque sur Gand-Wevelgem (il avait décidé d’offrir la victoire à Laporte), "WVA" n’avait cette fois aucunement l’intention de faire cadeau d'un titre européen à son équipier chez les frelons. Battu à la régulière, le Belge va gamberger une nouvelle défaite sur une course majeure d’un jour. Pire encore, il pourrait observer l’avènement d’un rival de choix, dont il a contribué à la progression éclair en lui permettant de goûter à la saveur enivrante et addictive d'un succès de prestige. Dès lors, nul doute que Laporte en demandera encore.
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