"Comme un pilote de Formule 1" : Pourquoi Stefan Küng est primordial pour Groupama-FDJ

Il est le premier nom que le représentant de Wilier a soufflé, et il est peut-être aussi l'une des raisons qui ont poussé la marque italienne à prendre le relais de Lapierre pour équiper la Groupama-FDJ. Stefan Küng, puisque c'est de lui dont il s'agit, est un coureur rare dans le peloton. Rare par ses qualités de rouleur et de coureur de classiques sur la scène. Rare aussi dans l'ombre, où il œuvre pour aider l'équipe française et son partenaire à développer les meilleurs vélos possibles.

Au fond, Groupama-FDJ et le Suisse, c'est le mariage idéal. L'union d'une formation qui n'a pas autant d'argent que les plus fortunées du peloton professionnel, tout en ayant un budget solide (20 millions d'euros en 2023), mais qui se targue d'avoir des idées et un coureur qui aime par-dessus tout chercher le moindre détail à améliorer. "Ce n'est pas forcément un rôle sur lequel je m'impose, nous disait-il mi-janvier. Ça se fait naturellement. Dans mon domaine, le contre-la-montre, c'est très important."

Tout naturellement, le Suisse s'est intéressé au changement de cycles chez Groupama-FDJ. Après deux décennies de partenariat avec les Français de Lapierre, dont une à co-développer les montures des coureurs, Marc Madiot et sa bande sont passés chez les Italiens de Wilier, convaincus que travailler avec Frédéric Grappe, directeur du Pôle Performance et les autres, étaient une bénédiction pour une marque. "Pour nous c'était un avantage de trouver une équipe avec un groupe de techniciens très évolué et qui travaille sur des objectifs très ambitieux, confirme Andrea Gastaldello, président exécutif. Ils nous aident à toujours améliorer notre produit aux niveaux technique et aérodynamique."

Ainsi, la marque a, bien avant l'annonce du partenariat, commencé à plancher sur la suite avec Groupama-FDJ. Les tests furent nombreux à l'automne et Stefan Küng fut évidemment en première ligne. D'ailleurs, selon nos informations, Wilier travaille sur un tout nouveau vélo de contre-la-montre dont le Suisse devrait pouvoir profiter pour son grand objectif de la saison : les Jeux Olympiques de Paris.

"Le chrono c'est un peu le département Formule 1 du cyclisme, dit-il pour justifier son rôle central sur ces questions. Le travail fait pour un vélo de chrono est bénéfique pour le vélo de route. Tout le travail que je fais sur le matériel, c'est bénéfique pour les autres coureurs." Preuve évidente, en plus du nouveau vélo de contre-la-montre, Wilier va aussi revoir sa monture pour la montagne et ainsi offrir à David Gaudu un vélo très léger et performant en montagne même si tous jurent que les actuels sont déjà très bons. Mais pourquoi Küng est-il aussi unique ?

Frédéric Grappe connaît son Stefan Küng sur le bout des doigts pour travailler en étroite collaboration avec lui. "Il n'y a pas tant de très bons testeurs que ça parmi les coureurs, débute-t-il. Quand il y en a certains dans une équipe, on les utilise pour ce genre de tests. Certains coureurs n'ont pas le ressenti nécessaire. D'autres sont très très fins, comme Stefan chez nous." Chaque vélo, même sorti de la même usine et du même moule, est rendu différent par l'assemblage à la main de près de 500 couches de carbone qui le constituent. Un exemple aide à comprendre.

"En Formule 1, ce qui est difficile c'est d'avoir des pilotes qui sont capables de restituer l'information aux ingénieurs, rappelle Grappe. Il y a beaucoup de capteurs sur les voitures mais ce que ressent le pilote, c'est autre chose. Les capteurs ne donnent pas de globalité. Un coureur, c'est pareil. C'est ce qui est intéressant dans le vélo, quand vous avez des coureurs très perceptifs qui sont capables d'intégrer une quantité d'informations et de la restituer. Là, vous apprenez beaucoup. Certains ont cette capacité d'analyse et de restitution de l'information, d'autres pas du tout. Le champion a cette capacité à être hyper-sensitif."

Küng est lui très heureux d'ajouter à son travail classique de coureur cet aspect-là. Sans doute le met-il aussi en avant au moment de négocier son contrat et s'il a choisi de prolonger au sein de la formation française en août 2022, c'est qu'il s'y sent bien et qu'il donne lui aussi de la valeur à tout ce travail. Avec Wilier, désireuse de se hisser au niveau des meilleures marques, il a renoué une nouvelle relation. Elle a pour mission de lui donner le meilleur matériel pour qu'il devienne, à Paris, champion olympique du contre-la-montre.