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Comment Arkéa-Samsic a gagné la course aux points et sa place en World Tour

Benoît Vittek

Mis à jour 18/10/2022 à 20:12 GMT+2

“C’est une fierté et un aboutissement”, se félicite le directeur sportif Yvon Caer, dont les calculs ont orienté la stratégie d’Arkéa-Samsic pour finir parmi les 18 meilleures équipes du classement mondial UCI sur les trois dernières années et décrocher une place dans le World Tour.

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Voilà, c’est fini. Alex Molenaar (Burgos-BH) a remporté mardi la dernière étape du Tour de Langkawi, dont le classement général est dominé par Ivan Sosa (Movistar) ; la saison 2022 sur route a atteint son terme et avec elle la fameuse course aux points qui, après trois saisons, distingue les 18 meilleures équipes du monde selon le barème de l’Union cycliste internationale.
Les grands vainqueurs sont Alpecin-Deceuninck et Arkéa-Samsic, qui obtiennent leur promotion dans le World Tour aux dépens des équipes Lotto Soudal (bientôt Lotto Dstny) et Israel Premier Tech. Les deux équipes reléguées en Pro Conti ont bien tenté de réajuster le tir cette année, en vain.
Chez Arkéa-Samsic, le directeur sportif Yvon Caer s’était plongé dans les barèmes de l’UCI il y a bien longtemps pour mettre en place une stratégie qui a permis à l’équipe bretonne de prendre la 18e place de ce classement avec près de 16 000 points et une marge de 1 000 unités sur Lotto pendant qu’Israel Premier Tech est restée sous les 14 000 points.
Le Breton nous livre les clefs de la promotion d’Arkéa-Samsic.

S’emparer de la course aux points

Avant de faire l’objet de vifs débats en 2022, la réforme du calendrier international a été annoncée fin 2018 pour une entrée en vigueur en 2020. "À l’époque, on essayait de se projeter et on sentait bien que Manu [Hubert, le manager général de l’équipe] avait l’ambition de monter en World Tour", se souvient Caer. "Il y avait deux solutions : soit on fait comme Wanty et on trouve une licence disponible, soit on se bat sportivement pour pouvoir y accéder. Le rachat de licence, ce n’est pas mon sujet, c’est celui de Manu. Sportivement, je me suis dit que ça pouvait être un beau challenge."
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"Dès 2020, j’ai étudié le barème des points et j’ai transmis progressivement cette logique à l’ensemble de l’équipe pour pouvoir faire les arbitrages en interne", explique-t-il. "On se disait : 'Si on gagne des courses, on aura des points ; il suffit de marcher et ça ira.' Eh bien pas forcément. Certaines équipes se sont rendues compte cette année qu’il faut orienter l’activité des coureurs de manière judicieuse pour optimiser ce classement UCI. Ça fait trois ans qu’on affiche le tableau des points à prendre dans le bus. La première année, les coureurs ne levaient même pas la tête, mais, bizarrement, ils faisaient plus attention la troisième année."

Attaquer le front belge et viser les courses d’un jour

"Déjà, on a une valeur sportive qui est quand même bien forte", rappelle Caer. "Ensuite, il fallait optimiser." Dans son analyse du barème, le Breton observe des "incohérences" : "Quelqu’un qui fait 6e d’une étape du Tour de France, que ça soit au sommet de l’Alpe d’Huez ou sur les Champs-Élysées, il marque 0 point. Quelqu’un qui gagne une classe 2 comme Paris-Troyes marque 40 points. Maintenant, c’est le barème et on s’y adapte. Certains organisateurs sont sollicités par des équipes qu'ils n'avaient pas l'habitude de voir et des coureurs qui passaient leur temps en stage doivent courir plus souvent."
Chez Arkéa-Samsic, "on a très vite compris qu’il fallait plutôt les mettre les sprinteurs sur les courses d’un jour que sur les courses par étapes. On a aussi orienté Warren Barguil sur des courses d’un jour plutôt que sur des classements généraux." Cette année, le Breton a décroché ses plus gros points en remportant le GP Miguel Indurain (200 points) et en prenant la 3e place de la Flèche brabançonne (125). "C'était très important pour lui, il veut retrouver une calendrier World Tour et il veut faire le Giro", explique Caer. "Jusqu’à la fin de la saison, il demandait où en est, quels sont les risques, qu’est-ce qu’il faut faire…"
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Gagner ou scorer ?

"Seule la victoire est belle" ou encore "l’histoire ne retient que les vainqueurs", assurent les romantiques du sport. Les barèmes de l’UCI regardent bien au-delà du premier coureur à franchir la ligne (jusqu’au 60e sur les plus grandes épreuves) et il en va de même pour les stratèges d’Arkéa-Samsic. "Sur des épreuves, on demandait aux coureurs d’aller cumuler des places dans le top 10 plutôt que d’essayer d’aller gagner la course", explique Yvon Caer avec deux exemples à l’appui :
"Sur le Tro Bro Léon et Kuurne-Bruxelles-Kuurne, on en met trois dans les six ou sept premiers, ça fait des journées à 350 points. J’ai eu une discussion avec Marc Madiot. Groupama-FDJ, avec trois étapes sur le Giro et le maillot cyclamen, n’a pas marqué plus de points sur l’ensemble du Giro que nous sur une épreuve comme le Tro Bro Léon ou Kuurne-Bruxelles-Kuurne."
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L’équipe doit également faire des arbitrages entre les coureurs, parmi lesquels seuls les dix meilleurs scoreurs sont pris en compte au classement UCI. Dernière adaptation : le recrutement, qui voit notamment Arkéa-Samsic attirer le sprinteur néerlandais David Dekker. "Là aussi, on s’est adapté au barème", explique Caer, pour qui les compteurs sont remis à zéro. Son équipe doit désormais défendre sa place au sein de l’élite d’ici fin 2025.
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