Wiggins

Sérénité. C'est un peu le mot qui colle le mieux à la peau toute couverte de jaune de Bradley Wiggins. Leader du Critérium du Dauphiné depuis la première étape, l'Anglais traverse tranquillement ce mois de juin qui doit le mener au départ du prochain Tour de France. Et pourquoi pas à la gagne. "Le Tour de France, c'est autre chose, il ne faut jamais l'oublier," se défend le maillot jaune. Jeudi, le leader de la Sky a pourtant frappé un grand coup en reléguant très loin la concurrence lors du contre-la-montre de Bourg-en-Bresse. Un tracé peu vallonné et assez long, mais duquel il ne "veut pas trop tirer de conclusions". "C'était un super parcours pour moi, lâche-t-il à l'arrivée. Il correspondait exactement à mon style, malgré le fort vent. Je m'entraîne tous les jours pour réussi ça."

Et l'enthousiasme du leader des hommes en noir et bleu fait plaisir à voir. "Ce n'est pas tous les jours que vous avez l'occasion de battre le champion du monde (Tony Martin). C'était plus important pour moi que de vaincre Cadel Evans. Là, j'ai tout donné.C'est sans doute le chrono le plus dangereux que j'aie fait depuis longtemps à cause du vent," raconte le Londonien néanmoins confiant et tout à son affaire. "Quand j’ai vu que je revenais sur Cadel Evans, je n’ai pas voulu y faire attention. J’étais dans mon monde et je suis resté concentré sur mon effort".

A quelques semaines du prologue de Liège, Wiggins se félicite des efforts fournis ces derniers mois. "C'est super de se rendre compte que l'entraînement paie. Je n'ai pas eu souvent l'occasion de battre Tony. Au Championnat du monde l'an dernier, il était au-dessus du lot. C'est à partir de là qu'on a commencé à travailler là-dessus, explique l'ancien pistard qui a établi un plan d'entraînement avec un coach venu de la natation.

Avec plus de 100km chronométrés sur le prochain Tour de France, dont une bonne partie au tracé assez proche du chrono du jour, le leader Sky a passé un message très clair à ses rivaux, à plus de 50km/h de moyenne. Oui, il sera un candidat sérieux à la victoire finale sur les Champs-Elysées et il a autour de lui une équipe Sky très forte et très complète. Mais pour le principal intéressé, pas question de sous-estimer la concurrence et notamment Evans repoussé à 1'44" au général (8e): "Peut-être qu'aujourd'hui, c'est un message pour le Tour, mais Cadel est un champion, il va encore élever son niveau. L’année dernière il n’était pas à 100% ici, et on a vu ce que ça a donné ensuite. "

Mais s'il s'est donné de l'air au classement du Dauphiné, il n'en oublie cependant pas que le véritable test commence vendredi avec trois étapes de montagne et quelques sommets référence (Joux-Plane, Grand Colombier, la Colombière, Corbier). "C'est comme l'an dernier, j'ai un bon écart en ma faveur. Mais il y a trois jours difficiles qui se profilent", relativise Wiggins qui confie néanmoins faire confiance à 100% à ses coéquipiers pour remporter ce prélude au Tour de France. Avec trois coureurs dans le Top 3 (Michael Rogers 3e, Chris Froome 7e), Sky a les moyens de ses ambitions. Mais le principal intéressé reste prudent quant à la tactique à adopter: "C'est très bien de se retrouver dans cette position. Il faudra peut-être ne pas trop chasser derrière les échappées. A voir..."