Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Critérium du Dauphiné - Thibaut Pinot, déçu mais pas abattu : "Je ne pensais pas au Tour"

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 16/08/2020 à 19:36 GMT+2

CRITERIUM DU DAUPHINE - Décidément, les dernières étapes ne réussissent à Thibaut Pinot. Obligé de quitter la route du Tour l’an dernier à deux jours de l’arrivée, le Français a cette fois perdu le classement général d’un Dauphiné qui semblait alors lui tendre les bras. La faute à une journée de folie où rien ne lui a été épargné et dont il ne ressort pas abattu.

Daniel Martinez, Thibaut Pinot et Guillaume Martin sur le podium du Critérium du Dauphiné 2020

Crédit: Getty Images

Il y a des jours où la logique n'a plus sa place. Où l'irrationnel prend le pas sur tout le reste, où la folie semble être le mot d’ordre. Cela a encore été un peu le cas dimanche sur le 5e et dernière étape du Critérium du Dauphiné. Et, malheureusement pour lui, cela n’a encore pas souri à Thibaut Pinot. Pourtant, cet opus dominical avait parfaitement débuté pour le Franc-Comtois, promu leader virtuel de la course à la suite du non-départ de Primoz Roglic, alors leader incontesté du général.
picture

Pinot : "De la déception mais de bonne augure"

Un statut qui a finalement plus pesé qu’autre chose sur les épaules du Français, qui s’attendait à ce que ça soit compliqué. “On va devoir mettre en place une tactique très différente, l'inverse en fait de ce qu'on avait prévu, expliquait-il avant le départ. On va essayer de la jouer malin. Rien n'est fait, le final est propice à des regroupements mais avant, il y a un enchaînement (col de Romme, col de la Colombière) qui va faire très mal. Il peut y avoir beaucoup de surprises ce soir.” Il y en a effectivement eu et voir Pinot battu en a été une petite, même si les écarts au départ de cette ultime journée promettaient une sacrée bagarre pour la victoire finale.
C’était attaque sur attaque dans Romme et la Colombière
Et c'est exactement ce qu’il s’est passé avec une étape disputée à 38,5km/h, malgré un terrain quasi jamais plat, c'est dire si tout est allé très vite. Cette dernière étape aura usé jusqu’à la moëlle les favoris et leurs - rares - équipiers. “C’était vraiment une journée très dure, témoigne-t-il. Mais j’ai tout donné”. Malheureusement pour lui, cela n’a pas suffi. Il faut dire que rien n’aura été épargné au Tricolore. Sans doute le coureur visant le général ayant le plus impressionné et le plus rivalisé avec Primoz Roglic depuis le début de la semaine, Thibaut Pinot a vite, très vite, mis à mal par ses adversaires directes, qui n’ont jamais laissé la Groupama-FDJ contrôler la course. “J’ai été attaqué dès le 2e kilomètre, a-t-il raconté après une course sans répit. Après, je n’avais pas d’autres choix que d’être dans l’échappée.”
picture

Thibaut Pinot (Groupama-FDJ) dans la roue de Sebastian Reichenbach, sur la 5e et dernière étape du Dauphiné 2020

Crédit: Getty Images

Présent à l’avant presque par défaut, plus en raison de ses jambes que par volonté tactique, le Français s’est retrouvé obligé de manœuvrer un peu à l'aveugle pour, tenter, de contrôler une course débridée. “Dans l'enchaînement des cols de Romme et de la Colombière, ça a été attaque sur attaque", raconte-t-il. Quasi esseulé toute la journée, le Tricolore a toutefois pu compter sur une grande partie de l’étape sur l’aide toujours aussi précieuse de Sébastien Reichenbach. “Seb a fait un super travail toute la journée”, souligne t-il d’ailleurs. Mais, à force d’être attaqué, Thibaut Pinot a fini par craquer au pire moment.

L'alliance franco-française a existé : "Je ne voulais pas lâcher, pour eux"

Alors que les coureurs étaient entrés dans les trente derniers kilomètres et arrivaient dans les premières pentes de la deuxième ascension, la côte de Domancy, le Français n’a pu réagir lorsque Daniel Felipe Martinez (EF Pro Cycling) s’est détaché en compagnie de Tadej Pogacar, Miguel Ángel López et Sepp Kuss. “Je n’étais pas dans une super journée et, quand j’ai voulu accélérer, ça n’a pas répondu, a analysé froidement Pinot, plus lâché par sa tête que ses jambes. "C’est sûr que j’ai pris un coup sur la tête quand je les ai vu partir, avoue le Français, que l’on a vu perdre complètement ses nerfs alors, s’énervant pour tout et contre tout le monde. J’ai mis un moment avant de me reconcentrer”. Un craquage mental aussi bref que fatal car il aura permis au groupe Martinez de creuser fortement l’écart, monté jusqu’à la minute trente.
picture

Thibaut Pinot (Groupama-FDJ) tête basse sur la 5e et dernière étape du Dauphiné 2020

Crédit: Getty Images

Mais le grimpeur de la Groupama-FDJ a fini par se remettre la tête à l’endroit pour reprendre la lutte et tout donner jusqu’au bout. “J’ai fini au mental en pensant à tout ce qu’on a fait cette semaine”, explique-t-il. Sans doute a-t-il été revigoré par le soutien que lui ont témoigné les autres Français du groupe. Si on a cru un temps que Pinot allait finalement s’en sortir et revenir sur Martinez, c’est en grande partie grâce à l’énorme travail fourni à ses côtés par les autres Tricolores du groupe, que ce soit Guillaume Martin (Cofidis), qui était motivé par le podium, mais aussi Warren Barguil (Arkéa-Samsic), Romain Bardet (AG2R La Mondiale) et surtout un Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step) admirable après avoir été repris de l’échappée pour donner un coup de main à son, compatriote. “Seb Reichenbach a roulé, Julian m’a aidé, tout le monde m’encourageait..., témoigne-t-il. Ça m’a boosté. Je ne voulais pas lâcher pour eux”. Le Franc-Comtois s’est bien repris et a fini fort, revenant même à 11 secondes de Martinez selon l'écart GPS. Mais c’était déjà trop tard, le Colombien avait déjà course gagnée.

A quand la première course par étapes ?

Malgré ses efforts, Thibaut Pinot a échoué finalement pour 29’’ dans sa quête de victoire finale sur le Dauphiné et doit laisser les honneurs du succès au Colombien d'EF Pro Cycling. “Il y a forcément de la déception ce soir mais j’ai fait avec la forme du jour”, relativise-t-il. Peut-être a-t-il fini par payer sa chute de la veille, celle-là même qui a forcé Kruijswijk et Buchmann a abandonné. Mais cela rappelle forcément de mauvais souvenirs. Car Le Franc-Comtois n'arrive toujours pas à mettre la main sur une course à étapes en World Tour. Sans parler du Tour de France 2019 où il a abandonné à deux jours de l’arrivée alors qu’il semblait le plus fort. Quand on analyse le palmarès de Pinot, il parait dingue de se dire que le grimpeur de la Groupama-FDJ attend toujours d’ajouter une première course par étapes à son palmarès. Voir un coureur de son niveau sans succès de ce type à 29 ans, malgré quinze top 5 et quatre podiums, a quelque chose d’irréel.
picture

Pinot impuissant, Martinez sacré, Kuss intenable : les temps forts de la 5e étape

A deux semaines du Tour, cela pourrait inquiéter de le voir s’incliner “seulement” face à Daniel Felipe Martinez. Mais la vérité du Dauphiné n’est pas toujours celle du Tour et l’inquiétude de Thibaut Pinot est bien moins forte que sa déception. “Ce que je cherchais, c’était la victoire donc il y a quand même de la déception, avoue t-il. Cette semaine, je pensais vraiment au Dauphiné, pas trop au Tour, donc c’est dommage. Mais bon les jambes sont là, c’est le principal. C’est de bon augure”. Maintenant, le Tricolore veut se reposer en prévision de la Grande Boucle. “Je vais me reposer avant le départ du Tour parce que c’était une semaine vraiment très dure, explique t-il. Beaucoup de coureurs sont très fatigués ce soir”. Et cette “défaite” ne sera surement qu’anecdotique au départ de Nice. Enfin, sauf au niveau du palmarès.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité