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David Gaudu (Groupama-FDJ) : "Non, je ne suis pas le boss de l'équipe"

Christophe Gaudot

Publié 10/01/2024 à 17:28 GMT+1

Thibaut Pinot parti à la retraite, Arnaud Démare transféré chez Arkéa-Samsic en cours de saison 2023, le rôle de David Gaudu va encore évoluer au sein de la Groupama-FDJ pour 2024 mais le Breton refuse le rôle de boss unique dans un collectif qu'il espère fort cette saison. Pour lui, l’objectif principal sera encore le Tour avec la volonté de se racheter après une dernière édition frustrante.

Gaudu : "Nous sommes avant tout une force collective"

David, si vous deviez classer votre saison 2023 par rapport aux autres, où se situerait-elle ?
David Gaudu : Par rapport aux autres ? Ma meilleure reste 2021, mon meilleur Tour de France c'est 2022. Je la mettrais à la 4e place parce qu'en 2019 il y a eu de grandes émotions, la première victoire en World Tour, le Tour avec Thibaut, sa victoire au Tourmalet… La saison 2023 n'était pas ma meilleure mais il y a des enseignements à en tirer. Il y a eu des belles performances avec Paris-Nice (2e derrière Tadej Pogacar mais devant Jonas Vingegaard), le Pays basque, le début de saison en général mais derrière le résultat sur le Tour, ce n'était pas ce qu'on était venus chercher.
Et d'un point de vue de la progression pure ?
D.G. : J'ai progressé mais les résultats sont le seul indicateur qui compte. Qu'on fasse 550 watts sur 20 minutes ou qu'on en fasse 200, il n'y a que le résultat qui compte. Ça ne sert à rien de faire 550 si c'est pour terminer 15e.
Comment faire alors pour être celui qui progresse le plus ?
D.G. : C'est compliqué. Après l'hiver, la première course est toujours incertaine. Il faut être sûr de soi, rester serein tout l'hiver. Là par exemple, c'est l'un de mes hivers les plus sereins. J'ai pu beaucoup plus lisser mes entraînements, c'est l'un des meilleurs depuis longtemps. C'est évidemment dû à ma fin de saison précoce mais aussi ma délocalisation dans le sud de la France (il habite désormais dans la région niçoise). C'est différent de la Bretagne, à cause de la pluie (rires).
Thibaut Pinot parti, vous êtes le boss de cette équipe désormais…
D.G. : Non, je ne dirais pas du tout ça. Nous sommes avant tout une force collective. Un Stefan Küng a autant de légitimité que moi dans l'équipe, c'est lui qui apporte le plus de choses sur la nutrition, la recherche et le développement. On le voit sur les classiques, sur les chronos. Valentin Madouas, c'est une force de la nature. Il nous a apporté une classique (la Bretagne Classic), il va porter haut et fièrement le maillot de champion national. Je ne dirais pas que je suis le boss de l'équipe, je fais partie des leaders. Nous ne sommes pas performants sur un seul type de courses. Il y a les Flandriennes avec Stefan et Valentin, les grands tours avec (Lenny) Martinez, un groupe sprint qui se reforme, (Romain) Grégoire qui passe-partout qui va sûrement gagner un nombre incroyable de victoires. Je suis leader pour le classement général du Tour mais je ne suis pas le boss de l'équipe, c'est plutôt un mot à bannir.
Se fixe-t-on des limites quand on est un coureur comme vous ? Progresser et rattraper les monstres comme Jonas Vingegaard ou Tadej Pogacar, c'est possible ?
D.G. : C'est dur à dire. Il ne faut pas se fixer de limites, ce ne serait pas comme régresser mais ce serait progresser moins vite et au final, ça ferait une différence. On a vu qu'il y avait des opportunités. Sur un Paris-Nice, Pogacar et Vingegaard n'avaient peut-être pas le niveau qu'ils ont eu sur le Tour de France. Moi avec mon excellent niveau du moment, j'ai pu les concurrencer. Ça reste sur une course sur laquelle ils n'étaient pas à 100% et moi oui. Il y a des moments comme ça sur une saison, si on se fixe des limites, on ne pourra pas les concurrencer.
Sur le Tour de France, les quatre monstres (Vingegaard, Pogacar, Roglic et Evenepoel) devraient tous être là. A la pédale, les quatre premières places du général paraissent bloquées. Comment exister dans tout ceci ?
D.G. : Ça reste le Tour, on ne sait jamais ce qu'il peut se passer. C'est une course complètement folle. Tout peut partir en vrille n'importe quand et même sur une étape toute plate. Les quatre seront là, il faudra être fort, prêt. On ne s'est rien fixé en termes d'objectifs sur le Tour, on ne se met pas de limites. On va y aller le couteau entre les dents, on aura envie de bien faire. On aura envie de gagner des étapes aussi, on a les coureurs pour le faire. On veut essayer d'être plus agressifs même moi personnellement.
Ceci fait partie de la stratégie globale avec peut-être moins de protection autour de vous…
D.G. : Parfois sur le Tour, j'ai eu du mal à lâcher les chevaux. On a bien débriefé le Tour de France 2023 et en regardant nos meilleurs Tours, 2019 et 2022 pour les plus récents, on a vu qu'on avait une équipe actrice de la course, qu'on n'avait pas peur de mettre deux, trois, quatre coureurs dans l'échappée. En 2019, Thibaut était tellement fort qu'il n'avait pas besoin de soutien. En 2022, j'ai su me débrouiller seul par moments mais j'avais aussi des équipiers autour de moi. Mais on veut être plus agressifs. Si je peux courir plus devant, prendre plus d'échappées et lever les bras sur le Tour, on ne va pas cracher dessus.
Aucune victoire en 2023, s'il ne devait y en avoir qu'une en 2024, ce serait…
D.G. : (Il réfléchit longuement). Je dirais quand même l'arrivée au sommet du Col de la Couillole sur la 20e étape du Tour de France. J'habite désormais dans le sud de la France et l'étape passe à dix kilomètres à peine de la maison à vol d'oiseau donc s'il n'y en a qu'une seule à gagner, ce serait celle-là.
Globalement, que faudrait-il en 2024 pour considérer cette saison comme réussie ?
D.G. : Faire une saison pleine. Je cours un peu après depuis deux ans. En 2022, je me suis blessé sur Paris-Nice et j'ai mis du temps à revenir. En 2023, j'ai raté les Ardennaises, comme il y a deux ans. La fin de saison a été compliquée entre Covid, intoxication alimentaire et une chute. J'ai envie de faire une saison pleine. Je sais qu'en début de saison, je peux être opérationnel, il n'y a pas de souci. Derrière maintenant il faut réussir à assurer, j'ai envie de goûter à nouveau au plaisir d'être acteur sur les Ardennaises. La Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège m'ont réussi dans le passé. J'ai envie de réaliser un bon Dauphiné. C'est tout blanc ou tout noir pour moi sur cette course, c'est un peu "je t'aime, moi non plus". Et puis réaliser un super Tour de France et donner de l'émotion aux gens. Enfin faire une belle fin de saison. Je serai avec (Lenny) Martinez sur la Vuelta, il sera là pour le général, j'aurai un rôle un peu différent. J'ai hâte de pouvoir commencer cette saison 2024.
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