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Débat : Julian Alaphilippe doit-il quitter Quick-Step ?

Mis à jour 13/04/2023 à 13:13 GMT+2

Forfait pour l'Amstel ce dimanche, Julian Alaphilippe vit un début de saison difficile malgré un succès sur l'Ardèche Classic qui avait fait naître l'espoir d'un retour au premier plan. Après une année 2022 gâchée par les blessures et les maladies, cette entame 2023 confirme qu'il ne figure plus parmi les stars du peloton. Et si la solution était un départ de Quick Step, son équipe de toujours ?

Julian Alaphilippe doit-il quitter la Quick-Step ?

Crédit: Marko Popovic

Non, un départ n'est pas la solution - Christophe Gaudot

Qu'elle est loin cette année 2019. Le Covid et ses confinements ont un peu tordu notre perception du temps dans la vie quotidienne. Dans le cyclisme, ces perturbateurs de l'espace-temps se nomment Tadej Pogacar, Mathieu Van der Poel ou plus récemment Remco Evenepoel. Leur explosion et leur toute puissance ont accéléré le temps, et, de fait, la décennie 2010 paraît plus lointaine qu'elle ne l'est vraiment. Pas de chance pour Julian Alaphilippe, l'année 2019 fut sa meilleure, de loin.
Depuis, le Français a été double champion du monde, remporté deux étapes du Tour de France et la Flèche Wallonne. Oui, mais son année 2022 a brouillé notre vision. Or, la juger en occultant tout ce que Julian Alaphilippe a dû subir serait une immense erreur. Même le meilleur coureur du monde, qui que vous placez sur ce trône de Tadej Pogacar à Mathieu Van der Poel, n'aurait pas fait mieux que lui. Ces quelques mois en enfer ont atteint le physique d'Alaphilippe dans des proportions que seuls lui, son entraîneur et son équipe connaissent.
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Grosse frayeur : Alaphilippe chute mais évite le pire

Un départ peut-il changer la donne ? J'en doute. Alaphilippe a aujourd'hui des limites physiques face aux tous meilleurs du monde, c'est un fait. Les aura-t-il encore demain ? Après-demain ? Nul ne le sait, pas même lui. Or, s'il y a bien un endroit où il peut se retrouver, c'est, à mon sens, dans l'équipe qui l'a en partie construit : la Quick-Step. Car au fond, "Alaf" a besoin d'ambition. Il en est rempli et son calendrier le prouve. Les courses mineures ne l'intéressent pas vraiment, lui rêve encore du Tour des Flandres et, sans doute, de Liège-Bastogne-Liège, celle dont on se demande encore pourquoi elle n'est pas à son palmarès.
Disons-le, un départ aurait peu de chances de se faire par la grande porte. Même moins puissante qu'avant, la Soudal-Quick Step figure parmi les mastodontes du peloton. Alaphilippe pourrait-il être recruté par l'une de ses pairs ? La Jumbo-Visma, UAE, INEOS ? Je n'y crois pas, pas avec ce qu'il montre depuis quelques semaines en tout cas.
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Alaphilippe allume le premier pétard à 72 km de l'arrivée

Une équipe française alors ? Bien sûr, le voir revenir dans l'Hexagone, onze ans après avoir quitté l'Armée de Terre, aurait une belle valeur romantique. Mais la Groupama-FDJ mise à part, aucun collectif ne me semble assez solide pour un coureur de la trempe d'Alaphilippe. Et je ne suis pas sûr que les bleus et blancs aient besoin de lui aujourd'hui. Sans parler de son salaire et de la somme qu'il faudra, peut-être, verser à Patrick Lefevere pour le libérer du reste de son contrat qui court jusque fin 2024.
Si Alaphilippe doit redevenir ce qu'il était, je ne le vois pas le faire ailleurs qu'à la Quick-Step. Patrick Lefevere est certes très dur envers lui mais il redeviendra son fan numéro un dès lors que les victoires reviendront. Si les belles années du meilleur coureur français de la dernière décennie sont définitivement derrière lui, un départ ne changera rien et ne fera que confirmer le déclassement entrevu depuis quelques mois.

Oui, un départ est nécessaire - Benoît Vittek

Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage.” Et qui veut se libérer des marges salariales pousse vers la sortie ses stars aux émoluments devenus encombrants. Patrick Lefevere, qui a récemment récupéré le sponsor Soudal après avoir vu Deceuninck s’éloigner dans un jeu de chaises musicales propre au cyclisme, est un équilibriste financier dont les comptes sont aujourd’hui congestionnés par la cohabitation du champion du monde Remco Evenepoel et de son prédécesseur Julian Alaphilippe. Et entre les deux, le cœur du dirigeant belge ne balance plus, au point de regretter publiquement la durée du contrat signé avec le Français, jusque fin 2024.
Tout le monde doit justifier son salaire”, a beau rôle d’avancer Lefevere, connu pour sa rudesse en matière de gestion des ressources humaines. Il a su faire preuve de patience durant la convalescence d’Evenepoel après sa grave chute à l’été 2020 mais il ne trouve plus de circonstances atténuantes aux difficultés d’Alaphilippe, empêtré dans les galères tout au long de l’année 2022.
Dans une logique brutale de rentabilité sportive, c'est naturel : le Belge est un prodige prêt à marquer l’histoire de son sport dans des proportions qui font fantasmer, là où Alaphilippe semble avoir laissé ses plus belles saisons derrière lui. À l’avenir, il lui sera (peut-être, ne parions jamais contre un champion) difficile d’être aussi flamboyant et dominateur que lorsque son punch lui permettait de virevolter sur les raidards du monde entier et sur les grands sommets du Tour de France. Et pour faire de Remco le véritable successeur d’Eddy (Merckx), il faut lui adjoindre des lieutenants en montagne, ce qui a le malheur de coûter (très) cher.
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Julian Alaphilippe

Crédit: Getty Images

Quick-Step a été sa maison, celle de l’émergence, de l’explosion et de la domination, mais Alaphilippe n’est plus maître chez lui. Il n’est même plus tout à fait le bienvenu. En tout cas pas avec son salaire de multimillionnaire, avec lequel il pourrait exceller dans un rôle similaire à celui de Michal Kwiatkowski chez Ineos. Rester pourrait passer par une renégociation. Sinon, la situation risque de pourrir jusqu’à un départ fin 2024. D’ici là, faute de bonnes conditions pour s'exprimer, sa côte pourrait sérieusement se déprécier.
Ceux qui s’éloignent de Quick-Step finissent souvent perdants mais une impasse se présente devant Alaphilippe. Le Wolfpack, si soudé vers la victoire, peut aussi se montrer impitoyable envers ceux qui se retrouvent en situation de faiblesse. En France comme à l’étranger, on ne manquera pas de s’activer pour promettre au double champion du monde un nouveau cadre épanouissant (certaines approches ont même déjà eu lieu à l’intersaison passée).
Le peloton comme Lefevere savent qu'Alaphilippe reste un talent à part. Sa capacité à se sublimer sur certaines courses est rare et il peut encore s’imposer sur les plus grandes courses, même face aux monstres actuels, dans la catégorie desquels il punchait il n’y a pas si longtemps. Il ne faudrait pas qu’il se retrouve cantonné à un rôle d’équipier ces jours-là… Il sait aussi se nourrir de ses frustrations pour mieux rebondir. Un départ, que Lefevere pourrait faciliter en fin de saison ou dès cet été, participera à enclencher une nouvelle dynamique.
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