Biniam Girmay, pépite et pionnier : "Cela va changer des choses pour moi (...) pour tous les coureurs africains"
Mis à jour 27/03/2022 à 20:38 GMT+2
GAND-WEVELGEM - Biniam Girmay ne devait même pas prendre le départ de l'épreuve. Il l'a remportée, ce dimanche en Belgique. Le coureur érythréen de 21 ans a ainsi signé une performance historique pour son pays. A l'issue de ce succès, il en a évoqué la portée pour le continent africain. Prochaine grande étape pour lui : le Tour d'Italie... A moins qu'il ne s'invite sur le Tour des Flandres.
Vous avez peut-être appris à le connaître ce jour-là. Au détour d’une vidéo virale dans la sphère du vélo. Un plan d’hélicoptère idéal pour analyser un sprint et une comète qui défile, double un à un tous les concurrents en lice pour une médaille d’argent. Le phénomène d’aspiration ? En partie, oui. Le phénomène Biniam Girmay, surtout.
Ce jour-là à Louvain, Girmay avait écrit une page de l’histoire du cyclisme érythréen, en devenant vice-champion du monde U23. Une première pour son pays. Six mois plus tard, il a encore fait dans l'inédit et démontré tout son talent, toujours en Belgique, en remportant dimanche Gand-Wevelgem. Il y est de nouveau parvenu grâce à un sprint impressionnant, mais ô combien différent.
Cette fois, Biniam Girmay a pris les devants. Il a lancé le sprint à 200 mètres de la ligne, depuis la dernière position, prenant de vitesse le favori du quatuor de tête : Christophe Laporte (Jumbo-Visma, 2e). Le Français de 29 ans, lieutenant de Wout Van Aert, a bien fini par prendre son sillage… mais il n’a jamais réussi à le déborder.
"A 250 mètres de la ligne, j’étais assez confiant"
"Je me sentais bien, il y avait des gars très forts avec moi", a déclaré le vainqueur du jour, qui s’est dit "un peu effrayé" par le standing de ses rivaux : Laporte, Jasper Stuyven et Dries Van Gestel. Mais quand il a fallu faire abstraction de cela pour lâcher les chevaux, l’appréhension l’a quitté, comme il a peiné à l’expliquer : "A 250 mètres de la ligne, j’étais assez confiant... je ne sais pas (pourquoi)."
Cette confiance, il la doit sans doute à une entame de saison brillante. Pour ses débuts au sein de l’équipe Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux, Girmay a fait fort. Lors du Challenge de Majorque en janvier, il a levé les bras dès son deuxième jour de course. L’ancien pensionnaire de la formation Delko a ensuite collectionné les places d’honneur, sur de sacrées courses.
Changement de programme
Trois "Top 10" lors de Paris-Nice, 10e de Milan-Turin, 12e de Milan-Sanremo (!) ou encore 5e du Grand Prix E3 ce vendredi : Biniam Girmay n’a eu de cesse de confirmer son potentiel et sa grande condition physique. Au point de participer à ce Gand-Wevelgem, ce qui n’était pas prévu, puisqu’il devait se tourner vers son premier grand objectif de l’année : le Giro (6-29 mai).
"Je ne pouvais pas m’imaginer ça. On a changé de plan il y a quelques jours, vendredi soir, s’exclame-t-il. Je suis venu ici pour un bon résultat… mais gagner cette course… c’est juste incroyable." Les "flandriennes", ce n’est pas forcément sa tasse de thé… c’est dire l’étendue de la palette du jeune-homme (21 ans) : "J’ai souffert un peu sur les pavés, je n’étais pas à l’aise, mais je me suis senti de mieux en mieux, j’ai essayé de suivre."
Quid du Tour des Flandres ?
Va-t-il s’arrêter en si bon chemin ou envisage-t-il maintenant de s’engager sur le Tour des Flandres, dimanche prochain ? "Je ne pense pas, répond le polyvalent coureur érythréen. Cela fait trois mois (qu’il enchaîne, NDLR). Ma femme me manque, ma fille me manque, je veux rentrer à la maison." Son équipe a d’autres cartes pour le Ronde (Alexander Kristoff, 11e ce dimanche, notamment), mais elle pourrait bien tenter de le convaincre.
Qu’il capitalise à court ou moyen terme sur ce premier succès en World Tour, Girmay (sept victoires en pro) a vécu un tournant dans sa carrière, à Wevelgem. Il n’est peut-être pas le seul. Il se sent investi d’une mission : "Cela va changer des choses pour moi, pour nous, pour notre brillant avenir (…) pour tous les coureurs africains."
"Dans beaucoup de courses, je suis le seul coureur noir dans le peloton"
Il y a quelques semaines, Biniam Girmay nous confiait dans l’émission Cycling Show à quel point l’essor du vélo en Afrique lui tenait à cœur : "Il y aura les Mondiaux en 2025 au Rwanda. C’est important pour le cyclisme africain, pour son développement (…) Toutes les équipes World Tour ont besoin de points. Imaginez comme c’est difficile pour les coureurs européens… c’est encore plus difficile pour nous."
"Dans beaucoup de courses, je suis le seul coureur noir dans le peloton, regrette-t-il. Il y a de l’investissement fait dans le cyclisme, mais (pour percer, NDLR) vous avez besoin de quelqu’un qui vous voit, qui voit votre potentiel et qui vous emmène en Europe". Son potentiel ne fait plus l’ombre d’un doute.
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