Un festival Jumbo-Visma : Christophe Laporte s'impose devant Wout van Aert sur Gand-Wevelgem 2023

Wout van Aert et Christophe Laporte ont ressuscité le Trophée Baracchi, l’ancien contre-la-montre disputé en binôme et disparu depuis trois décennies. Sortis du peloton dans la 2e ascension du Kemmel, les deux leaders de Jumbo-Visma ont parcouru ensemble les 52 derniers kilomètres de Gand-Wevelgem pour prendre les deux premières places, le Français devant le Belge, bras dessus bras dessous. Un joli cadeau de la part de Van Aert, clairement le plus fort ce dimanche. Deuxième l’an dernier, Laporte s’offre ainsi sa première grande classique à une semaine du Tour des Flandres.

Délesté de la concurrence de Mathieu van der Poel et Tadej Pogacar, pas de la partie deux jours après la sublime bataille au GP E3, Van Aert a fait respecter son statut d’immense favori avec un nouveau numéro à la clé. Quitte à dynamiter la course, autant le faire avec un équipier. Et c’est ainsi que Laporte a pu l’accompagner dans la réussite de ce magnifique braquage 100% Jumbo-Visma. Ce sont des récidivistes. Les deux hommes avaient déjà réalisé un coup de la sorte l’an passé au GP E3, en sortant à 43km de l’arrivée.

Cette fois, Van Aert a laissé Laporte franchir la ligne en premier. Le contexte s’y prêtait. le Belge avait débloqué son compteur il y a deux jours, sur le GP E3, et Gand-Wevelgem ne figurait plus sur sa liste des grandes classiques à gagner depuis son succès en 2021. Il semblait de bon ton de laisser la victoire à un coéquipier aussi loyal que le Varois, qui rêvait de remporter un monument du calendrier flamand. C’est chose faite, à 30 ans. Il n’est que le 4e Français à remporter Gand-Wevelgem après Jacques Anquetil (1964), Bernard Hinault (1977) et Philippe Gaumont (1997).

On peut parler d'offrande car Van Aert a attendu Laporte dans le dernier passage au Kemmel, à 34 km de l'arrivée. Le Belge avait sans doute les moyens de finir seul. Mais il s'est retourné pour l'attendre au sommet. C'est toujours mieux, de finir à deux. Pour autant, Laporte ne l'a vraiment pas volé. Quand WVA a attaqué dans la 2e ascension du Kemmel, tous les cadors étaient encore là et le Français fut le seul à pouvoir l'accompagner.

Et même s’il a grimacé jusqu’à l’arrivée, Laporte a largement contribué au succès du duo en relayant comme il le fallait. Réglé par Sep Vanmarcke (3e, Israel-Premier Tech), le premier groupe des battus a franchi la ligne avec 1’55” de retard. A noter la belle 7e place du jeune Breton Alexis Renard (Cofidis), le plus rapide du petit peloton arrivé à 2’04”.

La course laissera des traces à une semaine du Tour des Flandres. Une pluie battante a accablé les coureurs durant les 260 kilomètres. Greg Van Avermaet (AG2R Citroën), vainqueur en 2017, et Mike Teunissen (Intermarché-Circus-Wanty), ont fait partie de l’échappée de 14 coureurs qui a ouvert la route. Un groupe d’outsiders a fait la jonction après la première des trois ascensions du Kemmel, sous l’impulsion de Nathan Van Hooydonck, première flèche décochée par Jumbo-Visma.

Pedersen, Mohoric, Vermeersch, Turgis… Il y avait du beau monde à l’avant, y compris Laporte, revenu dans un 2e temps. Mais l’entente n’a jamais été bonne et le peloton, mené par Soudal-Quick Step, a fini par revenir juste avant le 2e passage au Kemmel. Van Aert est alors entré en action. Bien calé sur sa selle et avec Laporte sur le porte-bagages, le Belge a broyé les pédales et ses adversaires, incapables de prendre son sillage sur les pavés humides. Le duo franco-belge a basculé dans la descente avec une dizaine de secondes d’avance. Et il n’a jamais été revu.