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Gaumont vide son sac

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ParEurosport

Publié 03/06/2005 à 10:00 GMT+2

Le 7 juin sortira en librairie le livre de Philippe Gaumont, intitulé Prisonnier du dopage. 302 pages de confessions où l'ancien coureur de l'équipe Cofidis livre sa vérité sur le monde du cyclisme. Au menu : dopage, évidemment, mais aussi toxicomanie et

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Crédit: Eurosport

Voilà encore un ouvrage qui ne fera pas une bonne publicité au cyclisme. Dans la lignée du Massacre à la chaîne de Willy Voet, où l'ancien soigneur de l'équipe Festina révélait des pratiques particulièrement sordides, un autre banni du monde de la petite reine s'apprête à vider son sac poubelle. Philippe Gaumont raconte dans un livre à paraître la semaine prochaine ce que fut sa vie de coureur professionnel pendant une décennie.
Le quotidien belge La dernière heure en a publié jeudi de larges extraits. L'ancien vainqueur de Gand-Wevelgem, acteur principal de l'affaire de dopage ayant touché l'an dernier l'équipe Cofidis, se livre sans concession. "J'ai ingurgité tout ce que les médecins me donnaient sans poser de questions. J'avalais tout ce qui était susceptible de me faire avancer plus vite. A aucun moment, en dix ans, je n'ai imaginé qu'on pouvait faire du vélo autrement ", explique Gaumont.
"Je m'allumais au pot belge"
Aveu terrible mais classique. Son quotidien ? L'EPO, bien sûr. Le pot belge, aussi. "Pendant l'hiver 94-95, je m'allumais au pot belge, reprend Gaumont. J'ai demandé aux anciens, si ça n'allait pas me griller... mais ils me rassuraient (...) plus tard, j'ai commencé à prendre des amphétamines pour disputer la tournée des critériums (...) puis pour aller à l'entraînement. L'engrenage était terrible."
Le plus dramatique, une fois encore, n'est donc pas le dopage en lui-même mais les dommages collatéraux qu'il provoque. Gaumont ne se définit pas simplement comme un dopé, mais comme un ancien toxicomane. "Certains n'utilisaient des produits interdits que pour améliorer leur performances, explique-t-il. Nous, Français (NDLR: de l'équipe Cofidis), non seulement on se dopait, mais en plus, on se défonçait régulièrement à coups d'amphétamines et de pot belge..."
"Je les ai vus complètement défoncés"
Certaines scènes font froid dans le dos. "Beaucoup de coureurs n'avaient plus de limites et abusaient dangereusement de l'EPO. En 1995, un des leaders de l'équipe Castorama avait failli mourir sur le Giro. Son sang ressemblait à de la bouillie et un des soigneurs avait carrément dû le saigner", poursuit Gaumont, qui évoque aussi les séances de défonce de certains de ses ex-équipiers chez Cofidis dans les chambres d'hôtel : "Je les ai vus complètement défoncés. Ils avaient snifé des rails de poudre, obtenue en mélangeant des somnifères et des comprimés d'éphédrine. Ils s'amusaient à passer d'une chambre à l'autre, par le balcon, au huitième étage".
Même pris dans son engrenage, il y a pourtant certains produits auxquels Gaumont n'a pas touché, comme l'oxyglobine, une hémoglobine de synthèse, utilisée par les vétérinaires. "Jo Planckaert m'a clairement déconseillé de me procurer de l'oxyglobine au printemps 2003, en me racontant qu'il en avait pris quelques semaines avant pour Paris-Roubaix", explique le Français. Planckaert lui aurait avoué avoir eu mal au ventre pendant toute la course.
Le coup de main aux Telekom
On imagine que Philippe Gaumont ne nourrit aucune fierté de cette période. Mais un épisode, qui n'a pourtant pas trait au dopage mais à l'argent, lui fait franchement "honte". " C'était sur Paris-Nice, en 2003, écrit-il. Notre coéquipier kazakh Andrei Kivilev était mort deux jours plus tôt, des suites d'une chute. La course arrivait au Mont Faron et Alexandre Vinokourov, meilleur ami de Kivilev, était bien placé pour prendre la tête du classement général."
La suite ? Une sombre histoire d'arrangement. Gaumont poursuit: "Une échappée était partie et dans l'oreillette, j'ai demandé à notre directeur sportif: Qu'est-ce qu'on fait ? On aide les Telekom à rouler ? (...) Avec sa voiture, il est monté à hauteur de celle de Telekom puis il nous a dit dans le micro: 'C'est bon, allez-y, je vous ai négocié 3 000 euros par jour (à diviser en sept) jusqu'à dimanche.' On l'a fait, on a roulé pendant trois jours, sans se poser de questions, Vino a gagné Paris-Nice et nous avons empoché l'argent. Dans les journaux, on décrivait la beauté de notre geste..."
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