Contador puissance 6

C'est un Tour pour le moins mouvementé. Un an après le scandale de l'affaire Puerto, cette édition 2007 va virer au cauchemar. Alexandre Vinokourov est contrôlé positif après une transfusion sanguine à l'issue du chrono d'Albi, qu'il avait remporté. Du coup, Astana doit quitter le Tour. Cristian Moreni (Cofidis) est testé positif aux anabolisants. Puis c'est le coup de massue. Michael Rasmussen, maillot jaune et en route pour une improbable victoire, se retrouve au coeur d'une polémique, pour s'être soustrait à plusieurs contrôles le mois précédant le Tour. Ayant menti à l'UCI sur sa localisation, il est prié de prendre ses cliques et ses claques à quatre jours de l'arrive. Voilà comment son jeune dauphin au classement général, Alberto Contador, se retrouve sur le devant de la scène. Il parvient à préserver 23 et 31 secondes de marge sur Cadel Evans et Levi Leipheimer. A 24 ans, il prend place parmi les plus jeunes vainqueurs de l'époque moderne. L'ère Contador vient de débuter. Dans la tourmente.

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Alberto Contador a suivi Johan Bruyneel chez Astana. Boudée par les organisateurs du Tour de France comme du Giro, la formation kazakhe semble partie pour une année de vaches maigres. Mais à la surprise générale, RCS décide finalement d'inviter Astana au dernier moment. A huit jours du départ du Giro, Contador écourte ses vacances et se rend en Italie. La première semaine est laborieuse pour lui. Mais le temps de se mettre dans le rythme, il n'a rien compromis. Sa deuxième place dans le chrono d'Urbino lui permet de prendre le dessus sur Riccardo Ricco et Danilo Di Luca. Et au sommet de la Marmolada, le Castillan endosse son tout premier maillot rose. Au Plan de Corones, il accroit son avance sur Ricco avant de le contrôler dans le Mortirolo. Il ne reste plus à Contador qu'à porter l'estocade lors du dernier chrono. Sans remporter d'étape, il a profité de sa supériorité dans l'exercice solitaire pour s'offrir son deuxième grand tour.

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Privée du Tour, Contador se lance en quête d'un doublé peu commun, Giro-Vuelta. Archi-favori, il prend le pouvoir en remportant coup sur coup les 13e et 14e étapes, dont une au sommet du mythique Angliru. Carlos Sastre ayant laissé des forces lors de son Tour de Frane victorieux, Contador n'a pas de véritable adversaire. Le seul qui parvient à s'accrocher est Levi Leipheimer. Mais l'Américain est avant tout le coéquipier du Madrilène. Pas question qu'il puisse venir jouer les trouble-fête en Espagne... Contador dit gagner, il gagnera. La troisième semaine est pourtant laborieuse, avec une chute, heureusement sans gravité, et une certaine lassitude. Leipheimer le domine d'ailleurs dans le contre-la-montre de la Navacerrada. Au final, il préserve 46 secondes sur Leipheimer. Alberto Contador n'a que 25 ans. Mais il rejoint Jacques Anquetil, Felice Gimondi, Eddy Merckx et Bernard Hinault dans le cercle très fermé des vainqueurs des trois grands tours. Il ne lui aura fallu que 16 mois pour accomplir cet exploit...

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Un drôle de Tour parce que disputé dans un drôle de contexte. Officiellement, Alberto Contador est le leader de l'équipe Astana. Mais concrètement, il est totalement isolé au sein de son équipe. Face à lui, Lance Armstrong, faux ami et vrai rival, très proche du manager Johan Bruyneel. Ce Tour, pour Contador, c'est avant tout une terrible guerre des nerfs. Pendant deux semaines, la tension est à son comble. Le Madrilène cède du temps dans une bordure du côté de La Grande-Motte dès le troisième jour. Armstrong, lui, n'a pas été piégé. Les Pyrénées sont escamotées mais Contador prend la liberté d'accélérer dans le final vers Arcalis. Tout se joue en fait à une semaine de l'arrivée, lors de la première étape des Alpes. A Verbier, Contador assomme la course en s'imposant en solitaire. Il n'aura ensuite plus qu'à maîtriser Andy Schleck dans les dernières étapes de montagne, avant de s'offrir, en prime, le dernier chrono, à Annecy. Il devance Andy Schleck et Lance Armstrong à Paris. Dan la foulée, on apprend la naissance d'une nouvelle équipe, RadioShack. Johan Bruyneel en prend la tête avec Lance Armstrong et les sept autres coureurs qui composaient l'effectif d'Astana sur ce Tour. Quand on vous dit que Contador était vraiment seul pendant trois semaines...

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Le Tour de la controverse. Celui, qui, aujourd'hui encore, jette un voile trouble sur sa carrière et fait de lui un champion en sursis au regard de la justice sportive. Deux mois après son sacre, l'UCI révèle qu'Alberto Contador a été contrôlé positif au clenbutérol. Des traces infimes de ce produit dopant ont été retrouvées dans ses urines lors de la deuxième journée de repos. 10 mois après ce contrôle, on ne connait toujours pas le dénouement de cette histoire.  Sur la route, cette victoire qui ne sera peut-être plus la sienne dans quelques semaines reste pourtant, d'une certaine manière, sa plus belle. Parce qu'elle fut la plus dure à obtenir. Plus encore qu'avec ses jambes, le Madrilène va ramener son troisième maillot jaune à Paris avec sa tête. Moins tranchant que d'habitude, il cache habilement son jeu et Andy Schleck, son grand rival, va tomber dans le panneau. Profitant d'un problème mécanique du Luxembourgeois dans les Pyrénées, Contador prend le pouvoir et ne le cèdera plus. Il n'était peut-être pas le plus fort mais une fois encore, c'est lui qui triomphe.

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Une démonstration. Contrairement à l'édition 2008, le natif de Pinto a soigneusement préparé son affaire. Et ça va se voir. Les premiers jours laissent pourtant planer un léger doute sur sa condition. Il va les balayer en un week-end. Le samedi, à Tropea, il surgit à la surprise générale dans le mur situé à deux kilomètres de l'arrivée. Il ne prend qu'une poignée de secondes à ses adversaires, mais le message est clair. Le lendemain, c'est la deuxième lame qui coupe le poil. Sur les pentes de l'Etna, théâtre de la première bataille en montagne, l'Espagnol s'envole à 7 kilomètres du sommet et s'impose. A deux semaines de l'arrivée, il est en rose et le restera jusqu'au bout. La concurrence, consciente de son infériorité, est déjà résignée. Contador remporte une autre étape (le chrono en côte de Nevegal) et s'adjuge même le classement par points. Seul le maillot de meilleur grimpeur lui échappe, de peu. A 28 ans, le voilà avec six grands tours en poche. Il parait en mesure d'aller titiller les 11 couronnes d'Eddy Merckx. Mais pour cela, il aura besoin d'être épargné par le Tribunal arbitral du sport. Un combat autrement plus difficile...