"Je ne pense pas au Tour"

Jeudi soir, à San Pellegrino, Alberto Contador était, comme d'habitude, très entouré. Mais si lui voulait parler de la 18e étape, finalement assez anecdotique sur la route de sa probable deuxième victoire dans le Tour d'Italie, les journalistes avaient un autre sujet en tête. Pour être polis, ils ont posé une ou deux questions sur la course. Mais en réalité, ils n'avaient d'oreilles que pour la réaction de l'Espagnol à l'information du jour, à savoir le report de son audition devant le Tribunal arbitral du sport. Alors qu'il devait s'expliquer début juin sur le pourquoi du comment de la présence de clenbutérol dans ses urines la 21 juillet 2010, en plein Tour de France, Contador n'ira peut-être qu'en juillet, voire en août ou septembre. Conséquence, sauf revirement de situation, son cas ne sera pas tranché avant le départ du prochain Tour de France.

Mais l'intéressé n'avait visiblement pas très envie de s'épancher sur le sujet. S'il avait pu zapper la traditionnelle conférence de presse d'après étape, sans doute Contador l'aurait-il fait, car il sentait le coup venir. Et ça n'a pas manqué. La première question a concerné le report obtenu par ses avocats. Renvoyé dans ses 22, Alberto a botté en touche. Une stratégie peu spectaculaire, mais toujours efficace. "Je ne pense pas au Tour de France ni à quoi que ce soit d'autre, a-t-il assuré. Pour l'instant, je me concentre uniquement sur le Giro. C'est une course très importante pour moi et je dois absolument rester concentré. L'important, pour le moment, c'est d'arriver en rose à Milan. Rien d'autre ne compte jusqu'à dimanche."

D'accord, mais encore? Que pense-t-il de cette nouvelle du jour, qui change tout de même considérablement la donne puisqu'elle signifie que rien, d'un point de vue légal, ne peut l'empêcher de continuer à courir en attendant la décision finale du TAS? Pas grand-chose, jure-t-il. "Je ne sais pas trop quoi vous dire à ce sujet Ce sont mes avocats qui s'en occupent." Sa conviction à lui reste sur le fond. Il reste sur sa vérité: il ne peut être condamné puisqu'il n'a rien à se reprocher. "Je suis optimiste comme je l'ai toujours été parce que je sais que la vérité est de mon côté, a repris la star de Saxo Bank. Je suis serein, je suis confiant, je suis optimiste."

Un journaliste lui demande ensuite pourquoi les gens devraient croire en sa sincérité et son innocence. Sa réponse ne convaincra pas les sceptiques. Il fait une réponse à la Pierre Goldman, sur le thème "je suis innocent parce que je suis innocent". Aux sceptiques, il n'a précisément rien d'autre à opposer que sa conviction d'innocent. "Je crois que c'est important de dire la vérité. Quand quelqu'un parle d'un sujet comme ça, vous pouvez voir sur sa tête s'il est innocent ou pas." A chacun de juger dès lors si, quand il évoque son cas, Contador a une tête d'innocent ou de coupable… Il n'en dira pas plus, au point de finir par franchement s'agacer quand un confère italien lui demande s'il rendra son maillot rose si le TAS finit par le désigner coupable de tricherie. "Vous êtes sérieux?, a lancé le Castillan dans un sourire crispé. Pour être franc, ce genre de question ne mérite même pas une minute de mon temps", a-t-il ensuite asséné. Fin de la discussion.