Le Crostis en sursis

L'inquiétude est trop forte. Alors que les organisateurs ont longtemps dissipé les doutes sur le Monte Crostis, ce dimanche, ils ont fait machine arrière. Pas complètement bien sûr. Angelo Zomegnan, le directeur du Giro, a décidé de rencontrer les représentants des coureurs (Millar, Pinotti, Contador, Nibali) et le président de l'association internationale des coureurs, Gianni Bugno, afin de prendre une décision ferme et définitive sur le maintien ou non du Monte Crostis lors de la 14e étape du Tour d'Italie. Derrière le Crostis, le peloton doit enchainer avec le Zoncolan (11,9% de moyenne tout de même sur 10 kilomètres) au cours de l'étape reine de ce Giro 2011.

Car le Crostis, c'est une pente de 14 kilomètres à 9,5% de moyenne et des passages à....18% dont les 2500 derniers mètres sont non goudronnés. Mais c'est avant tout la descente périlleuse car très technique qui cristallise les inquiétudes d'un peloton traumatisé par le décès tragique de Wouter Weylandt dans le Passo del Bocco.

"Courir dans ces conditions, c'est trop dangereux. Nous avons vu des photos de la descente, et il n'y a rien de réjouissant. Nous devrons faire face à des centaines de mètres de précipice dépourvu de toutes protections", s'inquiète Alex Rasmussen (HTC). Michael Barry (Sky) trace le même sillon : "On ne devrait pas nous demander de courir dans ces conditions. Ce n'est pas nécessaire, notre sport est suffisamment excitant comme ça."

Avant le départ de ce Giro, Alberto Contador avait reconnu la descente très technique et mal goudronnée du Crostis pour une conclusion sans équivoque : "L'idéal sera de basculer au sommet puis d'enfourcher un VTT. S’il y a des gens qui survivent, le reste leur semblera une promenade." Zomegnan ne veut surtout pas vivre un nouveau drame et a précisé dans la semaine : "Les coureurs, c’est notre priorité, ils doivent courir en sécurité." Le Monte Crostis pourrait donc en faire les frais.