Geraint Thomas, le fil rose est ténu

Geraint Thomas est le fil rouge de ce Tour d'Italie, dont il porte le maillot rose. On s'attendait à ce que Remco Evenepoel endosse ce rôle – a minima médiatiquement – mais il a quitté la course au soir de la 9e étape. Primoz Roglic en a aussi l'étoffe, et l'on s'attarde d'ailleurs sur les légères fluctuations de sa condition. Mais s'il faut s'appuyer sur une valeur étalon, pour évaluer chacun et narrer ce feuilleton, c'est bien Thomas qu'il faut avoir à l'œil.

Depuis le début de ce 106e Giro, le vainqueur du Tour de France 2018 n'a jamais été mauvais. Il n'a jamais été exceptionnel. Il a toujours été très bon, excepté peut-être un chrono inaugural seulement de bonne facture pour lui (9e). Le coup de Trafalgar de Roglic ? Thomas était là, au contraire d'Evenepoel et Almeida. L'avènement du Portugais en début de troisième semaine ? Thomas était là, au contraire de Roglic. Le réveil du Slovène ce jeudi… Vous avez compris.

Voilà comment Geraint Thomas n'a pas gagné la moindre étape mais est parvenu à repousser Primoz Roglic à 29" et Joao Almeida à 39", avant les deux derniers grands rendez-vous de ce Tour d'Italie 2023. Jeudi, c'est le leader d'UAE Emirates qui a été un cran en dessous de la performance linéaire du Gallois, encore imperturbable. "Vous ne pouvez pas être super tous les jours", a commenté celui qui a décroché, mardi, son premier bouquet en Grand Tour.

Être "super tous les jours", Thomas le peut visiblement… après dix-huit joutes sur vingt-et une. Mais le jour sans peut vous tomber dessus à tout moment. Au choix, il aurait peut-être signé pour souffrir avant la 19e étape gargantuesque qui attend les coureurs ce vendredi, avec trois passages à plus de 2000 mètres d'altitude en direction des Trois Cimes de Lavaredo. "Ce sera comme aujourd’hui (jeudi), mais encore plus dur", préfère en sourire Almeida.

Au cours d'une telle étape, les défaillances peuvent se chiffrer en minutes et non en secondes. Samedi, lors du terrible chrono au menu, la sentence risque d'être du même acabit. En ce sens, si Geraint Thomas (37 ans ce jour) a eu l'opportunité de mettre ses deux adversaires dans les cordes, il a peut-être manqué le K.-O., en ne faisant que grappiller. Le coureur d'INEOS Grenadiers n'a probablement plus la même explosivité que lors de ses plus belles années et semble, encore plus, en mode gestion.

Va-t-il le payer, face à un chef de file de la Jumbo-Visma dont la 18e étape rassurante pourrait être l'illustration d'un regain de forme ? "Primoz [Roglic] a eu une mauvaise journée, mardi, [Joao] Almeida, aujourd'hui (jeudi, ndlr)… je dois rester constant." L'avenir dira si le début de la déclaration du Gallois était un mauvais présage – autoproclamé – ou une simple mesure de prudence. En attendant le verdict, elle témoigne du fait que son maillot ne tient qu'à un fil.