Giro 2023 | Remco Evenepoel et Quick-Step ont-ils commis des erreurs ?

Remco Evenepoel devait se sentir bien seul dans les derniers kilomètres de la 4e étape du Giro, la première en montagne, même si le menu proposé ne faisait peur à personne et n'a d'ailleurs donné envie à aucun leader de tester les autres. La pépite belge n'a donc pas été attaquée, il a cédé le maillot rose de leader comme prévu et a évité les pièges dans une journée très humide. Mais à l'arrivée à Lago Laceno, aucun équipier ne figurait dans le même groupe que lui. Un problème qui pose question sur la stratégie du jour et sur la suite.

Si Remco Evenepoel avait envie de lâcher son maillot rose, le tout pour décharger ses hommes de la responsabilité de la course sans doute jusqu'à vendredi et l'étape de Gran Sasso, pourquoi a-t-on autant vu les Soudal-Quick Step travailler sur cette première journée en montagne ? Consultant pour Eurosport UK, Adam Blythe, ancien coureur, n'a pas compris : "Ils ont mis les gaz pour ramener un groupe de 14 coureurs en début d'étape, remet-il. Après cela, d'autres attaques ont eu lieu, et ce dans les 20 premiers kilomètres de l'étape et cela a continué pendant encore 60 km derrière".

C'est en partie le travail de ses équipiers, Davide Ballerini en tête, qui a rendu la première partie de l'étape si nerveuse et si difficile. On pourrait avancer qu'Evenepoel s'est comporté en patron, refusant de céder son maillot rose à n'importe qui. Le résultat final et la petite demi-minute qui le sépare de celui-ci plaiderait d'ailleurs pour cette analyse. "Vous connaissez le plan. Ce n'est pas grave de perdre le maillot, la situation est idéale", a-t-il avoué au micro de RTL Belgique avant de saluer le travail des siens dans le communiqué de sa formation.

"Il a lâché le maillot rose de peu, a de son côté analysé Philippe Gilbert dans Les Rois de la Pédale. Si Primoz Roglic avait voulu l'ennuyer, il aurait pu obliger Remco à conserver le maillot rose. Et à quel prix ? Il a mis son équipe complètement à son service, ils ont tous roulé aujourd'hui." Selon l'ancien champion belge, son compatriote aurait dû laisser plus de champ à l'échappée, ce qui lui aurait évité un double écueil : voir un adversaire faire rouler les siens pour l'empêcher de lâcher le maillot, ce qui n'a pas eu lieu, et éviter de sacrifier ses hommes un à un, ce qui est arrivé.

C'est bien là que réside le problème du jour. Car la Soudal-Quick Step s'est mise en mode défense, quasiment comme si des rivaux se trouvaient à l'avant. Et le résultat final, un Evenepoel esseulé dans la dernière ascension, a prouvé qu'elle n'avait pas tout à fait les moyens de ses ambitions." Il a démontré une certaine faiblesse de son équipe, complète Gilbert. Je pense que Roglic et ses directeurs sportifs ont vu ce qu'il s'est passé. Ils ont vu qu'Evenepoel n'a pas une équipe si forte que ça quand ça monte, pour moi il a fait une erreur."

Même son de cloche du côté d'Eurosport UK puisqu'Adam Blythe s'est frotté les mains, mimant le geste qu'auraient fait les adversaires d'Evenepoel après cette 4e étape : "Si les autres équipes rendent le départ difficile comme elles l'ont fait aujourd'hui, si elles essaient d'isoler Remco de son équipe, je suis presque sûr qu'elles sauront qu'elles peuvent le faire maintenant.".

En affichant trop clairement sa volonté de perdre la tunique de leader, Remco Evenepoel a mis le feu au peloton ce mardi, rendant l'étape difficile pour son équipe mais aussi pour les quelques blessés ou malades de ce début de Giro. Si sur le papier, le résultat est idéal, la manière a laissé à désirer. Peut-être que cette quatrième étape n'aura aucune conséquence pour la suite. Si tel était le cas, ce serait une simple leçon pour lui. Dans le scénario inverse, il regrettera peut-être d'avoir donné tant d'informations à Primoz Roglic et les autres.