Liège-Bastogne-Liège - Encore un duel envolé… en croisant les doigts pour celui de juillet ?

C’est à croire que le cyclisme veut jouer avec les nerfs de ses fans. Leur vendre de grands duels entre les superstars du peloton actuel pour mieux les frustrer en course. C’est en tout cas le sentiment qu’aura laissé cette semaine de classiques Ardennaises, où il n’y a eu guère de concurrence pour s’opposer au doublé Amstel Gold Race - Flèche Wallonne de Tadej Pogacar comme au sacre de Remco Evenepoel. Comme depuis le début de la saison.

Les six monstres - auxquels il convient donc d’ajouter Mathieu Van der Poel, Wout Van Aert, Jonas Vingegaard et Primoz Roglic – se sont partagés 12 des 19 épreuves World Tour en 2023 jusqu’ici. Une domination quasi sans partage dès qu’ils sont au départ mais, depuis le Tour des Flandres, une frustration prédomine : celle de ne pas les voir s’affronter.

Sur le Tour du Pays basque, Jonas Vingegaard était bien seul et cela s’est ressenti sur le scénario d’une course qu’il a dominée de la tête et des épaules (3 étapes sur 6 et 1’12’’ d’avance sur son dauphin au général). Enric Mas, David Gaudu ou encore Mikel Landa étaient présents mais ils n’ont été que des faire-valoirs du Danois. Bis repetita sur l’Amstel Gold Race et la Flèche Wallonne pour Tadej Pogacar. Seul "monstre" aligné, le Slovène n’a jamais été mis en difficulté par ses adversaires et il a remporté les deux épreuves haut-la-main (2’14’’ d’avance sur le 3e sur la classique néerlandaise). Sans plusieurs de ces six coureurs au départ d’une course, le suspense en prend un coup.

Mais, plus gênant, c’est également le cas ces derniers temps lorsqu’ils sont pourtant deux au départ. On se rappelle ainsi de la frustration de Paris-Roubaix et de la crevaison de Wout Van Aert dans le Carrefour de l’Arbre. Le Belge de la Jumbo-Visma était alors à la lutte avec Mathieu Van der Poel qu’il venait d’attaquer dans le Carrefour de l’Arbre et tout le monde du cyclisme rêvait, fantasmait, n’avait déjà plus d’yeux que pour un duel sur le Vélodrome entre les deux éternels rivaux. Mais la crevaison de Van Aert nous a privés d’un mano-à-mano que tout le monde attendait. Qu’à cela ne tienne : les fans s’étaient déjà tournés vers le duel tant attendu entre Tadej Pogacar et Remco Evenepoel sur Liège-Bastogne-Liège.

Ils ne s’étaient jamais affrontés au top de leur forme, ils avaient gagné les deux dernières éditions de la Doyenne (2021 pour Pogacar, 2022 pour Remco), le style offensif des deux hommes promettait une édition de légende et un duel mythique... Mais non. Le destin a choisi d’être définitivement vicieux pour les fans du cyclisme, avec une chute et l’abandon de Pogacar à 174km de l’arrivée. Et voilà. Encore un duel gâché. Encore une épreuve sur-dominée par une des superstars, jamais mise en danger par le "reste du monde" De la frustration ? Beaucoup. Une sensation de gâchis ? Énormément. De l’inquiétude ? Un peu, aussi.

Touché au poignet gauche avec une fracture du scaphoïde mais aussi de l’os lunaire, Tadej Pogacar a été opéré dès dimanche soir à Genk mais la question qui est déjà sur toutes les lèvres est évidemment : sera-t-il prêt pour le Tour de France ? Le doute sur sa capacité à se préparer parfaitement pour la Grande Boucle existe, même si l’heure est pour le moment à l’espoir. Sa chute ce dimanche nous a déjà privé d’un duel magnifique sur Liège-Bastogne-Liège. Il ne faudra pas en plus qu’elle nous prive de celui tant attendu en juillet. Une domination sur un jour, c'est long. Alors sur trois semaines…