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Liège-Bastogne-Liège - Julian Alaphilippe : "Aucune excuse mais aucun regret"
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Publié 04/10/2020 à 20:39 GMT+2
LIEGE-BASTOGNE-LIEGE – Bien parti pour succéder à Bernard Hinault au palmarès français de la Doyenne, Julian Alaphilippe a commis deux grosses fautes dans le sprint final et il a dû se contenter de la cinquième place. Conscient de ses erreurs, le Tricolore ne s'est pas cherché d'excuse après la course mais ne conserve pas de regret pour autant.
Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step), à l'arrivée de Liège-Bastogne-Liège 2020
Crédit: Getty Images
La course parfaite, à deux cent mètres près... Jusqu'au dernier kilomètre, le Français de la Deceuninck-Quick Step avait tout juste ou presque dans sa quête d'une première Doyenne. Après un gros travail de sa formation, c'est bien lui qui avait été le premier des favoris à passer à l'offensive. "J'ai donné le maximum dans la Roche-aux-Faucons pour faire la différence, a expliqué le Tricolore après la course. Mais Roglic, Pogacar et Hisrchi étaient tous très forts". Et, contrairement au Mondial d'Imola, il n'a pas su s'isoler. Pire, quand le Suisse l'a contré quelques kilomètres plus loin, ça a été à son tour de souffrir. "Ça a fait très mal, avouait-il. C'était un effort très difficile à tenir mais je suis vraiment resté concentré. Je pensais au sprint." Conscient de ne pas être capable de distancer ces adversaires à la pédale, Alapahilippe s'est rabattu sur sa pointe de vitesse.
D'autant que les huit cents premiers du dernier kilomètre se sont déroulés comme dans un film qui n'était pas sans rappeler Milan-SanRemo 2019. "Il y a eu le retour de Mohoric (comme à SanRemo), c'était presque parfait...", avouait-il. Et, d'un coup, l'improbable, l'inexplicable, l'impensable s'est produit. Lançant son sprint à 150m de l'arrivée, Julian Alaphilippe semble parti pour s'imposer mais il commet deux fautes inimaginables. "A froid, j'ai regardé les images et je ne m'étais pas rendu compte que je faisais une vague aussi importante et ça a gêné Hirschi, raconte-t-il. C'est ma première erreur. Et la deuxième, c'est d'avoir levé les bras un peu trop tôt". Vingt mètres trop tôt pour être exact.
Trop sûr de lui, oubliant complètement le retour de Roglic, le Français se fait passer sur la ligne et doit s'incliner. Une erreur de cadet. "Je pense que c'est la première fois de ma carrière que ça m'arrive et je pense que ça sera la dernière", assure-t-il. Et on veut bien le croire. Laisser filer la victoire sur un Monument, avec le maillot de champion du monde sur les épaules qui plus est, ne s'oublie pas. On se souvient de ses erreurs, surtout quand elles sont aussi grosses. Mais celle-ci n'aura finalement eu que peu de conséquences, contrairement à la première. Sa vague, jugée irrégulière par le jury des commissaires, lui coûtera le podium, puisqu'il sera logiquement déclassé. "Au final, je n'ai pas de regrets parce que, même si j'avais gagné, j'aurais été déclassé pour la vague, assure Alaphilippe. Je préfère être déclassé en ayant terminé deuxième que si j'avais gagné..."
Hirschi, bon perdant
Une vision positive des choses qui ne l'empêchent aucunement d'assumer ses erreurs dans le sprint. "Je comprends totalement la décision du jury, explique-t-il. Je tiens à m'excuser auprès d'Hirschi pour cette vague, involontaire vraiment. Je n'ai aucune excuse et je suis sincèrement désolé, ça ne se reproduira plus". Même à froid, après quelques minutes de réflexion et une relecture des images, Julian Alaphilippe ne savait pas encore trop ce qu'il venait de se passer. "C'est un mix de tout mais je ne me cherche pas d'excuse, assure-t-il. Ça n'a pas été facile, j'ai ressenti la pression du maillot. Et tous les coureurs courraient contre moi mais ça c'est normal". Alors pourquoi est-ce arrivé ? "Ce n'est pas du tout mon genre de faire ce genre de choses et... je n'ai pas de mot, poursuit-il. Ce sont des choses qui arrivent dans une carrière, mais ça ne m'était jamais arrivé. C'est un peu dommage que ça m'arrive ici, sur la Doyenne. Mais c'est comme ça..."
Grand perdant du sprint, Marc Hirschi (2e finalement) ne semblait pas trop en vouloir au Tricolore. "C'est difficile de dire qu'il a fait une erreur, ce sont des choses qui arrivent, explique le Suisse. Le jury a vu les images, ce sont eux les experts et ils ont décidé. Mais tout va bien pour moi. Je sais que Julian est un gars bien, on s'est parlé avant et après la course et je sais qu'il n'a pas fait ça intentionnellement. Je ne lui en veux pas." Appelé à régulièrement affronter Alaphilippe en raison de son profil similaire, Hirschi a préféré jouer la carte du pardon. Celle de la rédemption, le Français devra lui aller se la chercher tout seul.
Pour l'heure, malgré la déception légitime, le coureur de Saint-Amand-Montrond préfère tirer le positif de cette journée. "Je suis forcément déçu de ne pas gagner mais je pense avoir quand même fait une belle course et l'équipe aussi, se livre le Français. Je suis content d'avoir quand même pu montrer et honorer le maillot sur cette course qui a été très difficile. J'ai donné le maximum et je n'ai aucun regret. Je suis surtout désolé. Maintenant, faut vite passer à autre chose". Dans trois jours, Julian Alaphilippe devrait en avoir l'occasion sur la Flèche Brabançonne. "Des déceptions, j'en ai eu dans ma carrière et j'en aurais d'autres", rappelle-t-il. Et ce sont celles-ci qui ont forgé la, si grande déjà, carrière du Tricolore.
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Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step) devant Michal Kwiatkowski (INEOS Grenadiers) et Marc Hirschi (Sunweb), à l'occasion de Liège-Bastogne-Liège 2020
Crédit: Getty Images
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