Milan-Sanremo 2024 | Jasper Philipsen (Alpecin-Deceuninck) s'impose au sprint après un incroyable final

Mathieu Van der Poel a perdu son titre mais Alpecin-Deceuninck, elle, l’a conservé. Au terme de l’édition la plus rapide de l’histoire (45,9km/h de moyenne), c’est Jasper Philipsen qui a dominé au sprint un groupe de onze coureurs pour remporter, à 26 ans, le premier Monument de sa carrière. Le Belge a résisté au plan offensif mais quelque peu raté des UAE Team Emirates, qui n’ont pas réussi à mettre Tadej Pogacar sur orbite. S’il a abordé la descente du Poggio en tête, le Slovène a été repris par la suite et doit finalement se contenter de la 3e place, juste derrière Michael Matthews (Jayco-AlUla). Premier Français, Julian Alaphilippe (Soudal-Quick Step) termine 9e.

Arnaud Démare avouait avant le départ encore croire qu’un sprinteur pouvait s’imposer sur la Via Roma. Il avait à moitié raison. Car si un sprinteur a bien remporté cette 115e édition, on était une nouvelle fois bien loin d’un sprint massif. La faute en partie à la stratégie offensive mise en place par les UAE Team Emirates. Comme annoncé toute la semaine, la formation émiratie a sérieusement changé de rythme dès les Capi et les premières surprises sont apparus dès le Capo Berta, où Christophe Laporte (Visma |Lease a Bike) a lâché prise. Mais c’est surtout le tempo infernal imposé dans la Cipressa par Isaac Del Toro qui a réduit le peloton à une quarantaine d’hommes.

Sans attaque de Pogacar, évidemment, ni barre des 9 minutes franchies, et de loin (environ 9’30’’, comme l’an passé). Tout s’est donc joué dans le Poggio et, comme en 2023, Tadej Pogacar est passé à l’offensive après un gros travail de Wellens, sans réussir à faire la différence. Contrairement à l’an dernier, il s’est alors relevé pour mieux attaquer de nouveau sur le sommet, surprenant cette fois tout le monde dont Mathieu Van der Poel, le seul à pouvoir revenir avant la bascule. On ne le savait pas encore mais le Néerlandais avait déjà disparu de la liste des favoris. La faute à la montée formidable de Jasper Philipsen, au contact des favoris au sommet du Poggio, le seul véritable sprinteur à avoir réussi l’exploit.

Alors, forcément, Van der Poel s’est mis au service du meilleur sprinteur du monde. Car les autres membres de ce groupe de douze auront tenté d’éviter l’inéluctable. Tour à tour, Matej Mohoric (Bahrain-Victorious), Matteo Sobrero (Bora-Hansgrohe) et Thomas Pidcock (INEOS Grenadiers) sont passés à l’attaque mais le travail conjugué du tenant du titre et de Jasper Stuyven (Lidl-Trek) pour Mads Pedersen ont ramené Pidcock à la raison et lancé le sprint pour le premier Monument de la saison.

Après ses podiums en 2015 et 2020, Michael Matthews a bien cru que le sacre l’attendait enfin mais l’Australien a eu la classe (et l’absence de férocité ?) de ne pas fermer la porte le long des barrières à Jasper Philipsen et le Belge l’a dépassé dans les tous derniers mètres. Son premier Monument, après son podium sur Roubaix l’an dernier, et la récompense d’une course parfaite pour Alpecin-Deceuninck.

Pour Pogacar, les résultats continuent de s’améliorer sur Milan-SanRemo (5e en 2022, 4e en 2023 et 3e en 2024) mais la victoire, elle, le fuit toujours. Pas de podium pour Julian Alaphilippe mais le Français a eu le mérite de rejouer aux avant-postes d’une grande course. Seule carte de la Soudal-Quick Step dans le final, le Tricolore a tenu bon dans le Poggio mais sa "passivité" dans le final, liée à une crevaison, l’a empêché d’un meilleur résultat sur la Via Roma (9e). Mais son premier top 10 sur un Monument depuis la Lombardie en octobre 2021 (6e) rassure encore un peu plus sur sa condition avec son objectif sur le Tour des Flandres. Où il faudra encore battre les Alpecin-Deceuninck.