Mondiaux sur route - Coppel en bronze, Kiryienka sacré : le chrono a réservé son lot de surprises

Voilà 18 ans que la France du cyclisme attendait ça. Jérôme Coppel a mis fin à l'attente d'un successeur pour Laurent Jalabert, seul Français médaillé sur le contre-la-montre des Mondiaux sur route, depuis son sacre en 1997. Le natif d'Annemasse (29 ans) a décroché le bronze sur le chrono à Richmond (Etats-Unis).

Il a devancé de trois petites secondes Jonathan Castroviejo pour assurer sa place sur la boîte. Vasil Kiryienka y est monté sur la plus haute marche, devançant Adriano Malori de 9 secondes et Coppel de 26. Les favoris annoncés sont tous passés à côté de leur sujet, de Tom Dumoulin (5e) à Tony Martin (7e) en passant par Rohan Dennis (6e).

Le coureur d'IAM le savait, il avait un coup à jouer sur le parcours ondulé de 53,5 kilomètres proposé aux meilleurs rouleurs de la planète ce mercredi. Champion de France en titre du contre-la-montre et 5e du chrono individuel de Burgos lors du dernier Tour d'Espagne, Coppel arrivait de son propre aveu "en meilleure condition" que l'année passée. A l'époque, il s'était contenté d'une 25e place sur le chrono. Il a cette fois fait tout exploser.

L'ancien pensionnaire de Cofidis a parfaitement maîtrisé son effort pour se frayer un chemin sur le podium. Parti sans se mettre dans le rouge (6e au 1er intermédiaire, à 20 secondes de Kiryienka), Coppel a haussé le rythme kilomètre après kilomètre. Dès la mi-course, le Haut-Savoyard tenait sa 3e place et il ne l'a plus quitté jusqu'au bout, résistant tant bien que mal au finish tout en puissance de Castroviejo. Ce dernier a repris 11 secondes à Coppel sur le dernier intermédiaire. Insuffisant pour le priver d'une médaille de bronze qui lance idéalement l'équipe de France, à quatre jours de la course en ligne. Jamais dans le tempo, Romain Sicard a terminé à la 46e position.

Même s'il a légèrement craqué dans le final, Kiryienka était tout simplement le plus fort aux Etats-Unis. En tête de bout en bout, le vétéran biélorusse (34 ans) couronne avec son titre une année où il n'a cessé de briller dans l'exercice du chrono (victoire lors de la 14e étape du Giro, sacre aux Jeux européens et dans son championnat national) et sa régularité au plus haut niveau. Kiryienka avait ramené le bronze du contre-la-montre des Mondiaux en 2012, avant de terminer à la 4e place ces deux dernières saisons.

Triple champion d'Italie de la discipline, Malori vit une semaine de rêve, après avoir obtenu le bronze sur le contre-la-montre par équipes avec la Movistar. Sacré chez les moins de 23 ans en 2008, le Parmesan est une valeur montante de l'exercice, puisqu'il a remporté neuf chronos individuels sur les deux dernières saisons. Autant dire qu'il a tout pour entrer dans la cour des grands à laquelle appartiennent les Dumoulin, Dennis et Martin. Cela ne les a pas empêchés de se manquer dans les grandes largeurs sur le tracé de Richmond, les trois hommes finissant à plus d'une minute du vainqueur.

Venu pour récupérer son titre abandonné l'année passée à Bradley Wiggins, Martin, trois fois champion du monde, a fait illusion le temps de passer 2e au premier intermédiaire. Mais l'Allemand n'a ensuite cessé de perdre du temps sur ses rivaux. Au sortir d'un Tour d'Espagne où il a disputé la victoire finale jusqu'au bout, Dumoulin n'avait pas les jambes pour rivaliser. Pas plus qu'un Dennis à l'aise sur les efforts plus courts. Tout ça a ouvert la porte à Coppel. Le Français a eu le mérite de l'ouvrir en grand. Le cyclisme bleu lui dit merci.