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Julian Alaphilippe, idole du plat pays : "Les Belges aiment Julian", selon son manager Patrick Lefevere

Simon Farvacque

Mis à jour 28/09/2021 à 14:09 GMT+2

MONDIAUX SUR ROUTE - Il n’a pas fait que des heureux, dimanche en Belgique. Mais le double champion du monde Julian Alaphilippe jouit d’une grande cote de popularité chez les fans belges, selon Cyril Saugrain, consultant pour la RTBF, et Patrick Lefevere, manager de la Deceuninck-Quick Step. Une formation au sein de laquelle "Alaf" arborera le maillot irisé l’an prochain et s’illustre depuis 2014.

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Qui aime bien châtie bien ? Julian Alaphilippe a envoyé une pique au public belge, sous forme de remerciements ironiques, dimanche à Louvain, dans la foulée de son deuxième sacre mondial. Quelques instants auparavant, la foule lui avait offert un accueil mitigé sur la ligne d’arrivée, entre jet d’une boisson dans sa direction et quelques huées. Pourtant, on peut penser que "Loulou" a conquis bien des cœurs en Belgique, au gré de ses exploits sous le maillot de la Deceuninck-Quick Step, dont il défend les couleurs depuis 2014.
Consultant pour la RTBF, Cyril Saugrain raconte la drôle d’ambiance qui a accompagné le couronnement d’Alaphilippe dans le pays du vélo : "En direct, cela a été soulevé par Gérard Bulens (ancien directeur sportif qui intervient également sur la chaîne belge, NDLR). On en a parlé. Il disait : ‘C’est triste et c’est malheureux’. On l’a associé au foot – et je pense qu’il faut préciser que le foot, ce n’est pas que ça – mais oui, cela a été un événement."
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Alaphilippe savoure son deuxième sacre, au pays du vélo : l'arrivée en vidéo

Quitte à perdre, autant que ce soit face à Alaphilippe

Un événement trompeur, estime l’ex-coureur français, lauréat d’une étape lors du Tour de France 1996 : "Comme souvent, on entend la minorité qui braille dans tous les sens et on n’entend pas la majorité qui reste calme, admet la victoire de Julian Alaphilippe, admirative, avec beaucoup de respect et en se disant : ‘On le félicite sans s’enthousiasmer parce que celui qu’on attendait, c’était Wout van Aert’." Le peuple belge lui semblait groggy, plus que véhément : "On l’a senti à un tour et demi de l’arrivée. La pression a complètement baissé. Même nous, aux commentaires, on s’est dit : ‘C’est cuit’."
Ainsi, selon Saugrain, la Belgique n’a nourri aucun ressentiment envers "Alaf" dimanche : "Je pense que la grande majorité des supporters belges, amateurs de vélo, sur le bord de la route, préféraient voir Julian Alaphilippe gagner, plutôt que Michael Valgren (3e) ou Dylan van Baarle (2e). Parce que c’était lui le plus fort et parce qu’il est le plus beau champion du monde que l’on puisse avoir, un an de plus." Le "coup de la déception" passé, peu après le podium, une séquence de communion entre le porteur du maillot arc-en-ciel et le public, symbolisée par un "clapping", a confirmé son impression.
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"Couple princier"

Pour Patrick Lefevere aussi, aucun doute : "Les Belges aiment Julian [Alaphilippe]. Il est très populaire ici." D’après le manager de Deceuninck-Quick Step, cette relation privilégiée repose sur le style du Français de 29 ans, plus encore que sur son palmarès : "Il est apprécié pour sa spontanéité, son charisme, sa façon de courir." Cyril Saugrain a la même sensation : "Il y a une vraie adhésion à sa personnalité. Au bonhomme plus qu’au coureur cycliste je dirais même."
"Julian Alaphilippe emmène les gens avec lui. Il a un charisme de dingue et il en joue, développe celui qui commente depuis 2013 des courses pour la RTBF. Il y a aussi l’histoire, la 'story', d’un couple où tout roule pour le mieux, avec un petit bébé et une femme, Marion Rousse, qui a couru chez Lotto, une équipe belge. C’est un peu le couple princier de la Belgique, pour les amoureux du vélo. Cela apporte un côté glamour, il n’y a pas que le côté sportif." En ce sens, "Loulou" marche aux yeux de Saugrain dans les pas de Peter Sagan, qui "a initié ça dans le monde du vélo".
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Julian Alaphilippe et Marion Rousse, en marge du deuxième titre mondial du Français

Crédit: Imago

Longtemps absent de la "semaine sainte"

Mais avant de succomber au charme de la star Alaphilippe, la Belgique a d’abord été séduite par ses jambes impétueuses. "Tout jeune (à 22 ans et pour sa première participation à la Flèche wallonne en 2015, NDLR), il conteste l’hégémonie d’Alejandro Valverde sur le Mur de Huy. On se rend compte qu’on a là un coureur de très, très grand talent. Quelques jours après, il vient faire 2e de Liège-Bastogne-Liège alors qu’il en est encore à ses prémices au niveau World Tour. C’est tout de suite un coureur qui a su plaire", expose l’ancien membre de l’équipe Française des Jeux.
Reste que les "ardennaises" n’ont pas le même cachet que les "flandriennes" aux yeux de nombreux Belges. "C’est vrai qu’une grande partie de la Belgique n’a d’yeux que pour la semaine sainte entre le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, corrobore Saugrain. Ce sont des courses où il a mis du temps à venir." Pour plusieurs raisons : "L’équipe Quick-Step avait déjà les armes pour jouer la victoire (sans lui). Et Julian [Alaphilippe] devait grandir, prendre en maturité, avant de venir sur ces courses-là. Il est plutôt le genre de coureur à s’aligner seulement lorsqu’il est déjà en mesure de s’imposer."
Alors, son pedigree s’est construit ailleurs : "Le Tour de France te donne tout de suite les galons d’un grand coureur et les premières fois où il y est allé, cela a été avec éclat." Illustration : 2e d’une étape, derrière Sagan, dès sa première sur la Grande Boucle en 2016, puis lauréat de deux bouquets assortis du maillot à pois, pour sa deuxième venue en 2018. Avant le Tour 2019, qui l’a fait passer dans une nouvelle galaxie.
Julian a construit petit à petit son côté belge dans cette nationalité française
Il ne lui manquait plus qu’à s’attaquer au Tour des Flandres – Roubaix viendra peut-être un jour –, pour devenir un héros local. Chose faite en 2020 avec une présence remarquable à l’avant de la course, aux côtés des spécialistes Wout van Aert et Mathieu van der Poel. Puis un soleil mythique. Même si Patrick Lefevere considère que la cote de popularité d’Alaphilippe a explosé "dès qu’il est passé pro chez (lui)", le boss de la formation belge de référence reconnaît que cette course a marqué les esprits : "Avant sa chute à cause d’une moto, il a impressionné tout le monde."
Les Belges n’ont pas été battus par l’un des leurs, dimanche, alors qu’ils s’attendaient à voir leur champion triompher sur ses terres. Mais presque. "Julian [Alaphilippe] a construit petit à petit son côté belge dans cette nationalité française", résume Cyril Saugrain. Et si Alaphilippe complète sa collection de maillots irisés dans les années à venir, la Belgique y trouvera sa part de rayonnement, puisqu’il est sous contrat avec Quick-Step jusqu’en 2024.
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Alaphilippe au bout de l'effort : le résumé du deuxième sacre mondial du Français

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