Aligné sur le chrono des championnats du monde face à Remco Evenepoel, Tadej Pogacar a une "to-do list" à dépoussiérer

Encore raté. Tadej Pogacar a échoué à ajouter le Grand Prix de Québec à son tableau de chasse, la semaine dernière, Julian Alaphilippe lui volant la vedette en coquin. Certes, il s'agit là d'un revers dérisoire plus que d'un camouflet notable pour le Slovène. Mais il confirme une tendance à laquelle seul le Critérium du Dauphiné a échappé en 2025 : "Pogi" n'empreint pas son palmarès d'autant de nouveauté qu'espéré. Et cela concerne des courses bien plus prisées que l'épreuve québécoise.

Milan-Sanremo ? Le coup de la Cipressa a failli fonctionner. Seuls Mathieu Van der Poel et Filippo Ganna y ont résisté. Un Isaac del Toro un poil plus aguerri rendra peut-être l'entreprise encore plus efficace dans quelques mois. Toujours est-il que Pogacar n'a pu faire mieux que 3e sur la via Roma. Paris-Roubaix ? Le coup d'essai a un temps pris des allures de coup de maître. Mais la 2e place du porteur de la tunique irisée, aussi impressionnante soit-elle, est un échec relatif à l'aune de son talent et de la perspective de le voir terminer le jeu intitulé cyclisme sur route.

Quant à la Vuelta, case qu'on imaginait le natif de Komenda en mesure de cocher cette année, il n'en a rien été pour une raison limpide : sa non-participation à la compétition. Après avoir achevé son Tour de France victorieux sans remporter d'étape lors de la dernière semaine, parcourue avec une lassitude ostentatoire, Pogacar a donc fait l'impasse sur le Tour d'Espagne. Il a repris avec appétit au Canada, où il a déclaré avoir "hâte de défier Remco Evenepoel", lors du contre-la-montre des Mondiaux. Et d'insister : "Je me suis beaucoup entraîné sur mon vélo de chrono".

La voici, son opportunité d'embellir son armoire à trophées de manière significative en 2025, autrement qu'en empilant les sacres qu'on le sait en mesure d'accumuler. Dimanche à Kigali, le parcours de 40 bornes est susceptible de lui convenir, avec 680 mètres de dénivelé positif, et d'ainsi faire de lui le meilleur rouleur du monde, le temps d'un an. Un statut qu'il risque d'avoir du mal à s'arroger, sur des tracés plus classiques [6e est son meilleur résultat en la matière, voir tableau]. D'autant plus qu'il a confié à L'Equipe "compte(r) les années jusqu'à la retraite", avec les JO 2028 en possible ultime défi.

"La Vuelta, quand tu t'appelles Pogacar, il te suffit de te pointer pour la gagner, exagère à dessein notre consultant Nicolas Fritsch. Alors que les championnats du monde de chrono, non. Il a dû bien préparer son affaire. Je ne sais pas si l'occasion est unique, mais l'opportunité est belle." Audrey Cordont-Ragot, septuple championne de France de l'exercice, embraye : "Ils ont dû faire les calculs avec son staff. Ils savent que, physiquement, par rapport à ce qu'il développe et son coefficient aéro, sur un tel circuit, il est en capacité d'aller chercher Evenepoel", double tenant du titre.

Puis, Tadej Pogacar remettra en jeu son maillot arc-en-ciel lors de la course en ligne (28 septembre), une semaine avant de s'attaquer, en France, à la grand-messe européenne, qui s'inscrit dans une moindre mesure dans cette quête de tout gagner, au moins à une reprise. Le Tour de Lombardie constituera dans la foulée l'épilogue de son année. S'il venait à y échouer, écrire "encore raté" ne serait pas de bon aloi, eu égard à son taux de réussite parfait (4/4) sur le cinquième Monument de la saison. Mais avant de défendre son territoire, "Pogi" en a un à conquérir dimanche.