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"On voit les différences dans le peloton" : Le matériel, angle mort du vélo

Christophe Gaudot

Mis à jour 09/02/2024 à 12:01 GMT+1

En ce début de saison, Groupama-FDJ brille sur ses nouveaux Wilier après la fin du partenariat historique avec Lapierre. Les hommes de Marc Madiot ont-ils gagné au change dans cet aspect difficilement mesurable de la performance et pourtant ô combien décisif ? Angle mort aux yeux du grand public, le matériel prend de plus en plus d'importance dans le peloton.

Wilier, Pinarello et les autres : les vélos font une différence dans la performance

Crédit: Getty Images

Wilier, Van Rysel, Look ou Bianchi pour les uns, Specialized, Pinarello, Cervelo ou Colnago pour les autres. Aux yeux du public, tous les vélos du peloton professionnel se ressemblent. Dans le détail, ils sont l'une des clés d'une performance multi-factorielle. Au travers des exemples de Groupama-FDJ et de Décathlon-AG2R La Mondiale qui ont toutes deux changé de fournisseur de cycles, nous avons cherché à comprendre à quel point le vélo aide le coureur à gagner des courses, ou pas.
"Les grands coureurs quand ils vont dans une équipe regardent quel matériel ils vont avoir, nous dit Frédéric Grappe, directeur du Pôle Performance de la Groupama-FDJ. Aucun grand coureur ne va dans une équipe où le matériel ne suit pas." Benoît Cosnefroy, médaillé de bronze européen et vainqueur de la Bretagne Classic ou du GP de Montréal, avait ainsi mis cet élément dans la balance d'une prolongation chez Décathlon-AG2R La Mondiale, pas tout à fait connu pour la qualité de ses vélos depuis quelques années.

Cosnefroy, le vélo comme critère de négociation

Le Français a poursuivi l'aventure, non sans prendre des précautions. "On sent les différences dans le peloton. Ça ne se voit pas à la télévision mais il y a réellement une différence entre les vélos, assure-t-il à Eurosport. Je suis très content du partenariat et du vélo, content aussi qu'il y ait une possibilité de développement mais la réalité c'est qu'il me faut un vélo performant dès le mois de janvier. Je ne peux pas me permettre de co-construire un vélo à deux ou trois ans".
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Cosnefroy : "Très important d'avoir un bon vélo"

Mais alors où se situe la différence ? Puisque l'on sait mesurer les performances, comme nous l'assure le compte spécialisé Matos Vélo, nous avons demandé à Frédéric Grappe de quelle différence parlait-on ? "Sur le dernier Tour Down Under, ils ont pesé les vélos qui allaient de 6,8 à 7,6 kgs . Un kilo sur une pente à 7% c'est 5 watts, donc une vingtaine de secondes sur une montée de l'Alpe d'Huez". A l'heure d'écarts toujours plus réduits, c'est déjà quelque chose.

Groupama-FDJ travaille sur ses vélos

Mais Grappe va plus loin puisque ces 5 watts sont calculés à allure constante. Or, une étape de montagne du Tour de France et d'ailleurs, ce sont des centaines de relances, d'accélération. Et à chaque coup de pédale, une énergie rendue par le vélo mais jamais en totalité. Le but justement, c'est de minimiser cette perte et c’est là que le vélo (et ses roues) font la différence.
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Geniets lance la saison "française" de Groupama

Chez Groupama-FDJ, on a un département entier tourné vers la recherche et le développement. Frédéric Grappe et d'autres ont travaillé avec Lapierre pour améliorer les montures des coureurs, ce que peu d'autres équipes (y compris ches les meilleures) font, préférant mettre cet argent ailleurs. Mais cet aspect est dans l'ADN des hommes de Marc Madiot, ce qui a aussi permis de "draguer" Wilier qui a vu dans cette collaboration possible un axe d'amélioration, tout en arrivant avec de bons vélos.
Car si l'on craignait que la fin d'un partenariat de bientôt vingt ans avec Lapierre allait faire reculer les performances des Groupama-FDJ, il n'en a rien été. Certains classent même le Filante SLR quelques watts au-dessus du précédent vélo de David Gaudu et les autres. Ce n'est peut-être pas un hasard si ceux-ci ont déjà mis dans le mille à deux reprises cette saison (Geniets à La Marseillaise, Pithie à Cadel Evans Great Ocean Road Race). Sous les 7 kilos, le vélo de montagne devrait être lui aussi performant. Est-ce à dire qu'il vaudra les meilleures marques du peloton ? Pas sûr.
D'un coureur moyen, vous ne ferez pas un champion
Mais alors pourquoi Groupama-FDJ et les autres ne filent pas toutes se lier à Specialized (Soudal-Quick Step et Bora-Hansgrohe), Pinarello (INEOS Grenadiers) ou Cervelo (Visma Lease a Bike), marques reconnues comme les meilleures sur le marché ? C'est tout simplement une question de budget. Aujourd'hui, les marques offrent les vélos aux équipes en plus d'une contribution au budget qui dépasse le million d'euros dans la plupart des cas. Pas de quoi mettre une équipe sur la paille mais de quoi dépenser ailleurs. Pour les grandes marques pré-citées, le lien est inverse et avoir leurs vélos, sans les payer, est déjà une bénédiction.
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Remco Evenepoel

Crédit: Getty Images

"Oui, un vélo fait une différence sur un Tour de France, résume Frédéric Grappe. Quand vous voyez à quoi se joue un sprint, des montées de cols ou des chronos, on ne peut plus avoir une équipe de haut niveau avec un matériel de base." Gare à ne pas se tromper cependant, le vélo fait "une" mais pas "la" différence. Parlez-en à Jonas Vingegaard qui a fait voler en éclats la Grande Boucle en deux jours en juillet dernier. "D'un coureur moyen, vous ne ferez pas un champion", nous dit-on. Et heureusement.
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