Wiggins en beauté

Bradley Wiggins était bien le plus fort. Il fallait même qu'il soit très fort dimanche pour résister à Lieuwe Westra. Le duel entre le maillot jaune et son dauphin a tenu toutes ses promesses lors du chrono final sur les pentes du col d'Eze. Au-dessus du lot, le Britannique et le Néerlandais se sont livré un combat à distance au couteau. Finalement, Wiggo a sauvé son maillot jaune, et avec la manière, remportant cette huitième et dernière étape, avec deux petites secondes d'avance sur Westra. Huit secondes séparent donc les deux hommes au classement général final. Alejandro Valverde complète le podium, mais l'Espagnol est au-delà de la minute. Comme pour mieux signifier à quel point le match des "W", Wiggins-Westra, aura constitué le grande histoire de cette édition 2012.

Wiggins n'a pu s'épargner une derrière frayeur. Au pointage intermédiaire, situé peu après la mi-pente, au kilomètre 5,6, il se trouvait derrière Westra, parti comme une bombe. Certes, il n'était qu'à deux secondes du coureur Vacansoleil, mais sachant que sa marge de manœuvre au départ était limitée à six secondes, l'affaire ne semblait pas bien engagée pour le leader de l'équipe Sky. Mais sur le haut, Wiggins a pris le dessus, terminant encore plus fort que son adversaire, pour le devancer à son tour de deux secondes. Il pouvait pousser un gros ouf de soulagement. Avec cette victoire, Wiggins étoffe son palmarès, moins d'un an après son succès sur le Critérium du Dauphiné. Il confirme son aptitude à briller dans les courses par étapes et prend incontestablement date pour le Tour de France.

Si le coup est passé près, la hiérarchie n'a donc finalement pas été bouleversée par cet ultime rendez-vous. Le podium au sommet du col d'Eze est resté identique à ce qu'il était au pied de l'ascension. Un constat que l'on peut étendre aux cinq premières places, puisque Simon Spilak et Tejay Van Garderen ont conservé eux aussi leurs positions à l'issue du contre-la-montre. Il n'y a eu en fait qu'un seul changement au sein du Top 10. Il est au bénéfice d'Arnold Jeannesson. Le jeune leader de la FDJ a fini 12e du chrono. Suffisant pour grimper d'une place au classement final, où il apparait en 6e position, délogeant Maxime Monfort. Jeannesson, déjà auteur d'un très bon Tour de France l'été dernier, confirme ses dispositions. Il est le meilleur coureur français de ce Paris-Nice. Sylvain Chavanel (8e), l'accompagne parmi les dix premiers.

Globalement, les Français ont d'ailleurs relevé la tète au col d'Eze. Ils sont six parmi les 20 premiers de l'étape et trois dans les huit premiers. La palme revient à Jean-Christophe Péraud. Jamais dans le coup pour le général cette semaine, le coureur d'AG2R La Mondiale a frappé fort sur les hauteurs de Nice. Longtemps crédité du temps de référence, il a cru à la victoire d'étape avant d'être finalement devancé par Wiggins et Westra, les intouchables. Il termine troisième. Jérome Coppel (5e) et David Moncoutié (8e) ont eux aussi fini en beauté. Mais le vrai bouquet final est pour Bradley Wiggins, le grand bonhomme d'un Paris-Nice relativement terne, même si son duel final a largement justifié le retour du contre-la-montre terminal au col d'Eze.