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Soren Kragh Andersen (Team DSM) : "Je ne vais pas gagner 100 courses, je ne suis pas un Alaphilippe..."

Benoît Vittek

Mis à jour 01/03/2022 à 21:35 GMT+1

PARIS-NICE - Pilier du Team DSM au même titre que Romain Bardet, Soren Kragh Andersen se lance dimanche sur les routes de la "Course au soleil". A la mi-février, il nous avait reçu pendant de Tour d'Oman, où il avait débuté sa saison, pour nous raconter son itinéraire, ses objectifs et le Grand départ de la Grande Boucle, donné de son Danemark natal à Copenhague, le 1er juillet.

Søren Kragh Andersen (Team DSM) lors du Tour d'Oman 2022

Crédit: Getty Images

Dans quatre mois, samedi 1er juillet, le Tour de France s'élancera de Copenhague, ville à part dans l'histoire de la Petite Reine. La capitale danoise a accueilli les premiers Mondiaux, en 1921, et les courses à l'arc-en-ciel s'y disputaient encore en 2011, pour la sixième fois dans l'histoire de l'événement (un record). Soren Kragh Andersen avait alors 17 ans, et il avait pris la 11e place d'une épreuve qui avait consacré Pierre-Henri Lecuisinier.
Le Français est aujourd'hui un jeune retraité des pelotons, et Kragh Andersen s'est imposé en fer de lance du Team DSM qui compte également sur Romain Bardet pour cet été. Depuis Oman, où il faisait sa rentrée à la mi-février avant de se lancer sur Paris-Nice ce week-end, le Danois originaire de Middelfart nous amène sur ses terres de cyclisme.
Søren Kragh Andersen en compagnie de Marco Brenner et Kevin Vermaerke (Team DSM) lors du Tour d'Oman le 12 février 2022
Le Grand Départ du Tour de France à Copenhague est l'occasion de célébrer la culture cycliste du Danemark. Vous, comment vous êtes-vous retrouvé sur un vélo ?
Soren KRAGH ANDERSEN : Ça a toujours été le cas, aussi loin que je m'en souvienne. À 2 ou 3 ans, je jouais dans la rue avec mon vélo. Je pense que pour tout le monde, au Danemark, rouler est une des premières choses qu'on apprend. Mon grand frère Asbjorn faisait des compétitions, et j'ai toujours dit à mes parents que je voulais faire comme lui. Donc j'ai eu un vélo de course quand j'étais assez grand, et je cours depuis que j'ai 8 ans.
Votre frère, vous... Y a-t-il d'autres membres de la famille à suivre ?
S.K.A. : Ma petite sœur Ida courait aussi quand elle était petite. Elle était plutôt douée, je crois qu'elle a été championne du Danemark plusieurs fois. Elle fait des études dans la finance maintenant, mais toute la famille roulait.
Avec votre frère, vous avez pris les deux premières places du Ringerike GP en 2015...
S.K.A. : On courait dans la même équipe, Team Trefor-Blue Water, et on a tous les deux connu une super saison. On est allé ensemble jusqu'à l'arrivée et j'ai laissé Asbjorn gagner. Plus jeune, il y avait une rivalité entre nous, même si c'était plutôt lui qui me tirait vers le haut, parce qu'il a deux ans de plus. Cette année-là, il n'y avait plus de compétition entre nous, on essayait de tirer le meilleur de la situation ensemble. On est à nouveau dans la même équipe, Team DSM. C'est super, même si Asbjorn lutte avec une blessure au genou depuis quelques temps. C'est difficile pour lui.
Si la météo est bonne, c'est-à-dire si on a un temps de m****, ça peut être chaotique
À quoi ressemblaient les courses autour de chez vous ?
S.K.A. : Il n'y avait pas vraiment de courses dans notre coin. Pour courir, on faisait le tour du Danemark, mais ce n'est pas si grand, ça représente trois heures maximum. Les jeunes cyclistes danois ont besoin du soutien de leurs parents. On était trois enfants à courir, nos parents ont vraiment tout sacrifié pour nous. Mais on peut faire des courses assez dures au Danemark. Il y a du vent. De la pluie. Souvent, on trouve une bonne bosse de 1 ou 2km, bien difficile, et on fait une boucle de 10 ou 15km autour.
On doit aussi s'attendre à trois journées difficiles en ouverture du prochain Tour de France ?
S.K.A. : Si la météo est bonne, c'est-à-dire si on a un temps de m****, alors ça peut être chaotique pendant trois jours. Le contre-la-montre sera forcément difficile. Ce sont des belles routes à Copenhague, mais il y a quand même des passages techniques. Et il y aura une super atmosphère. Je ne suis pas de là-bas, mais je me souviens bien des Mondiaux, quand j'étais junior. Les médias danois en parlent déjà, ça va être un grand événement. Dans la deuxième étape, ça va se bagarrer pour le placement dès les premières montées [à partir du km 60, sur 199], et s'il y a un peu de vent sur le pont dans le final... Il fait une vingtaine de kilomètres ! La troisième étape est plus évidente : sprint massif ou bordures.
Comment les défis danois vous ont-ils façonné en tant que coureur ?
S.K.A. : Je dirais que ma force principale, c'est de tout donner pendant 30 à 60 minutes, un effort de type chrono, et je peux développer beaucoup de puissance sur des efforts de 5 à 10 minutes dans les courses vallonnées. Je peux grimper plutôt bien pendant une dizaine de minutes, c'est ma limite. Et je ne suis pas le meilleur sprinteur, donc je dois creuser un écart et ensuite utiliser mes qualités de rouleur.
Je ne suis pas un sprinter, ou un Alaphilippe qui va tout déchirer chaque week-end
Vous avez décroché huit victoires chez les pros. Certaines sont prestigieuses, mais on peut aussi dire que le total n'est pas très élevé...
S.K.A. : Avec mon profil, je ne vais pas gagner 100 courses. Je sais que je ne suis pas un sprinter, ou un Alaphilippe qui va tout déchirer chaque week-end. Je dois être réaliste. Mais je pense qu'avec plus de régularité, je peux avoir plus de victoires, dans le même registre que les courses que j'ai déjà gagnées. Je ne vais pas devenir un grimpeur ou un sprinteur, mais je peux m'imposer sur des profils intermédiaires, et peut-être des courses par étapes d'une semaine. Un Paris-Nice peut être possible, avec un bon chrono, même s'il y a aussi des montées difficiles.
Sören Kragh Andersen (Sunweb) vainqueur de la 19e étape du Tour de France 2020
Mais sur le Tour de France 2020, vous sembliez inarrêtable lorsque vous passiez à l'attaque (2 victoires à Lyon et Champagnole). Comment expliquez-vous cet état de grâce ?
S.K.A. : Tout se déroulait parfaitement pour moi, pour l'équipe, pendant ce Tour de France. On avait une bonne dynamique, j'étais bien physiquement, mentalement... Parfois, tout est réuni. C'est magique, lorsque ça arrive, mais je ne peux pas vraiment dire comment c'est arrivé. Cette année-là a simplement été fantastique pour l'équipe et pour moi.
Quel est le succès dont vous rêvez d'ici la fin de votre carrière ?
S.K.A. : Un Monument.
N'importe lequel ?
S.K.A. : Je dois aussi être réaliste. Sanremo est vraiment une épreuve spéciale à mes yeux, c'est unique. Les Flandres. Je rêve de ces deux courses, et peut-être Liège, mais ça dépend de mes progrès. J'essaye de m'améliorer physiquement de manière générale, et je peux veux développer mon endurance. Les Monuments, ce ne sont pas 5 heures, mais plutôt six, voire six et demie.
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