David Gaudu peut-il réussir l'impossible et battre Pogacar et Vingegaard ?

Selon l'expression consacrée, si on lui avait dit ça le week-end dernier au départ de ce Paris-Nice, il aurait signé tout de suite. David Gaudu se retrouve dans une position très enviable à l'aube d'un week-end aussi dantesque que décisif. Le leader de l'équipe Groupama-FDJ pointe en 2e position au classement général, à seulement 6 secondes du maillot jaune, Tadej Pogacar. Mais il dispose d'une marge de 40 secondes sur Jonas Vingegaard (3e) et 52 sur Simon Yates (4e). Pour le podium, le coup est donc plus que jouable.

Mais le Breton peut-il rêver d'un sacre final dimanche dans la Cité des Anges. Pour le cyclisme tricolore, ce serait un événement. Si l'absence de victoire française sur le Tour de France depuis bientôt 40 ans est bien documentée, il faut remonter un quart de siècle en arrière pour trouver trace du dernier succès d'un coureur hexagonal dans Paris-Nice. C'était Laurent Jalabert, en 1997. Le Mazamétain venait alors de signer un triplé. Malheureusement pour Gaudu, le plateau est exceptionnellement relevé cette année et s'il réussit jusqu'ici une course parfaite, il est condamné à un monumental exploit s'il veut s'imposer.

Avant les deux dernières étapes, à commencer par celle du col de la Couillole samedi, le Breton est idéalement placé. Mais de là à renverser Tadej Pogacar, tout en résistant à Jonas Vingegaard... "Si on est objectif et réaliste, les chances de gagner sont relativement réduites, a admis vendredi le manager de la Groupama-FDJ, Marc Madiot. Ça me paraît un peu compliqué à première vue sur le papier."

Pour autant, il a envie d'y croire. "On est dans une course cycliste et tant que la ligne arrivée n'a pas été franchie, il n'y a rien de fait", tente de se convaincre le patron de la formation française. "Puis, ajoute-t-il, on est à Paris-Nice. Si on se réfère à ce qu'il s'est passé ces dernières années sur Paris-Nice, il y a eu des choses qui semblaient tellement bien écrites à l'avance qu'elles ne se sont pas réalisées. Il faut toujours avoir ça à l'esprit. Alors, il ne peut nous arriver que du bonus et que du bien. On n'a rien à perdre."

Philippe Gilbert, lui, a du mal à envisager un autre dénouement qu'une victoire de Pogacar ou Vingegaard, même si le vainqueur du dernier Tour de France se situe pour l'heure en retrait après son coup de buis de la montée finale de mercredi. "Je crois que la différence est flagrante avec Pogacar et Vingegaard. Quand ils accélèrent, il y a les deux et il y a le reste. Il n'y a plus personne. Samedi, on risque de voir à nouveau les deux s'isoler et c'est l'un des deux qui gagnera."

"Pour être clair, reprend Marc Madiot, normalement, l'autre (Pogacar), il est une jambe au-dessus. Normalement". Il faudra donc une forme d'anormalité pour que David Gaudu puisse rafler la mise. Un fait de course, un marquage extrême entre les deux favoris, ou encore une performance d'un niveau à ce jour inconnu de sa part. Voire la concomitance entre plusieurs de ces éléments. Bref, rien n'est jamais impossible, mais certains scénarios sont tout de même un peu moins probables que d'autres.

"Ce que je sais, c'est que David ne va rien lâcher, et ce que je sais aussi, c'est que les gars vont faire bloc derrière lui, promet encore Madiot. Après, la course décidera de ce qui se passera, mais je suis intimement convaincu que David va essayer un moment ou un autre de passer sous le bras de Pogacar. On ne va sans doute pas lui faire sauter le caisson, parce que c'est un monstre, mais on ne sait jamais. Regardez la bonif' hier (jeudi). Encore une fois, nous, on a tout à gagner et rien à perdre dans cette affaire." Gaudu a gagné le droit de rêver. C'est déjà quelque chose.