Paris-Nice - 4e étape - Tadej Pogacar impérial, Jonas Vingegaard au tapis : Un K.-O. en 4 actes

Placé peu avant la montée finale, à 15 kilomètres de l'arrivée, le sprint bonification va, comme souvent, permettre à Tadej Pogacar de se mettre en évidence. Répondant à Michael Matthews, le prodige slovène va chercher deux secondes de bonus. Surtout, il insiste dans la foulée avec Matthews. Le coup n'ira pas bien loin mais il permet de constater l'évidente nervosité d'un Jonas Vingegaard pas loin de la panique.

Le Danois va même se charger lui-même de rouler pour effacer ce début d'ardoise. Mais ce qui aurait pu être un signe de sa force n'a en réalité fait que souligner sa fragilité avant la montée décisive. Si, au pied de celle-ci, les compteurs sont remis à zéro, Pogacar a pris bien plus que deux secondes de bonification lors de cette passe d'armes : il est entré dans la tête de son adversaire.

A un peu plus de 4 kilomètres du sommet de l'ascension finale à la Loge des Gardes, Jonas Vingegaard est le premier à lancer la grande bagarre avec Tadej Pogacar. Le Danois place une grosse accélération et son rival slovène est le seul à pouvoir prendre sa roue. "Pogi" semble jouer avec les nerfs du vainqueur du Tour de France 2022 en ne prenant pas de relais. "C'est là qu'il gagne l'étape et peut-être Paris-Nice", estime Philippe Gilbert.

Les deux hommes finissent par temporiser et même par se relever au bout de 600 mètres avant d'être repris par ce que l'on nommera le groupe David Gaudu. Une image a marqué les esprits au cours de cette première passe d'armes : tranquillement dans la roue Vingegaard, Pogacar se tourne vers la caméra moto et lâche un grand sourire. Presque un rire. Bluff ou pas ? La réponse va très vite arriver.

Après le regroupement, David Gaudu profite intelligemment de cette temporisation pour partir seul à un peu plus de 3 kilomètres du sommet. Personne n'accompagne le Français. Pogacar, lui, surgit un kilomètre plus loin, en attaquant sur la droite de la route. L'homme fort du Team UAE Emirates surprend la réalisation mais surtout Jonas Vingegaard, qui semble réagir avec un temps de latence.

Le Scandinave va payer cher ce petit retard à l'allumage. Pourtant, il paraît d'abord en mesure d'opérer la jonction en revenant à une dizaine de mètres à peine. Mais jamais il ne va boucher complètement le trou malgré "un effort total" comme le dit Gilbert. "Il s'est mis au maximum, a regardé ses watts et a vu qu'il ne pouvait pas faire plus", ajoute l'ancien champion belge.

Ces dix mètres ne représentaient à la fois presque rien et… beaucoup trop. Faute de revenir sur Pogacar ou même Gaudu, Jonas Vingegaard va finir par se relever et payer l'addition des efforts consentis en vain. Non seulement il ne reverra plus les deux hommes de tête, mais le leader de l'équipe Jumbo Visma va se faire dépasser par le Suisse de la Bahrain Gino Mäder, avant d'être repris par les Français Aurélien Paret-Peintre et Kevin Vauquelin. Dans ce dernier kilomètre d'ascension, il a connu un vrai coup de moins bien. Une image dont on n'avait plus l'habitude.

Quand Vingegaard coupe enfin la ligne, Tadej Pogacar a levé les bras depuis déjà 43 secondes. Car le Slovène, loin de coincer, en a remis une couche pour terminer au sprint et laisser sur place David Gaudu. Bonifications comprises, il a repris 55 secondes à son principal adversaire, qu'il devance désormais de 44 secondes au classement général. Un écart significatif sur une épreuve comme Paris-Nice et sur une seule montée. "Pour Vingegaard, conclut Gilbert, ce n'est vraiment pas rassurant. Je le vois mal renverser la tendance sur ce Paris-Nice, surtout face à un Pogacar aussi fort."