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Paris - Nice | Oubliés Jumbo et la fusion : Roglic - Evenepoel, nouveaux départs

Benoît Vittek

Mis à jour 03/03/2024 à 13:02 GMT+1

Pour défendre ses chances sur le Tour de France, Primoz Roglic (Bora-Hansgrohe) a quitté la toute-puissante Jumbo-Visma, que Remco Evenepoel (Soudal Quick-Step) a bien failli rejoindre à la faveur d'une fusion qui aurait emporté le Wolfpack. Les deux champions sont au départ de Paris-Nice, dimanche.

Roglic doit se réinventer, Evenepoel doit le battre

À 24 ans, Remco Evenepoel (Soudal Quick-Step) a encore tout plein de rêves à formuler et accomplir. Pour 2024, s'il devait en choisir un seul, ce serait "être sur le podium à Nice". Le prodige belge ne l'a pas précisé, mais cela allait de soi sur le moment : il pense au podium du Tour de France, qui s'achèvera exceptionnellement cette année sur la Côte d'Azur, plus qu'à celui de Paris-Nice, qui mobilise son énergie à partir de dimanche.
À 34 ans, Primoz Roglic a passé l'âge de rêver. Il a connu les podiums de Paris-Nice et du Tour de France, avec des émotions douces-amères, et 2024 est peut-être sa dernière vraie chance au moment de viser la plus haute marche en juillet. "Il n'est pas trop tard pour que je gagne le Tour", assure dans Vélo Magazine celui qui deviendrait le deuxième vainqueur le plus âgé de l'histoire de la Grande Boucle, derrière le seul Firmin Lambot, sacré en 1922. Avec l'avènement de Jonas Vingegaard (précipité par l'abandon de Roglic sur le Tour 2021), il était en revanche devenu trop tard pour qu'il le fasse sous les couleurs jaune et noir qui ont accompagné toutes ses conquêtes.
L'équation se pose différemment pour Evenepoel, engagé avec Soudal Quick-Step jusqu'en 2026, mais qui a connu une année 2024 plus mouvementée que celle de Roglic. Un départ chez Ineos Grenadiers a animé d'intenses tractations. Surtout, les ambitions du clan Evenepoel, conjuguées à l'opportunisme de Richard Plugge (le patron de Jumbo-Visma, devenue Visma | Lease a Bike), ont bien failli entraîner la disparition de l'historique formation de Patrick Lefévère, absorbée par ses tout-puissants voisins néerlandais. La fusion a avorté, on oublie tout et on repart, direction Nice ?
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Remco Evenepoel (Team Soudal - Quick Step)

Crédit: Getty Images

Evenepoel cherchait mieux ailleurs

En vélo, il faut la tête, les jambes et la bonne équipe. Autant d'éléments indispensables qui font que Primoz Roglic a remporté quatre Grands Tours, que Remco Evenepoel compte une Vuelta à son palmarès, ou encore que les hommes de Plugge ont signé un grand chelem inouï l'an dernier sur les épreuves de trois semaines.
Le Wolfpack a-t-il les armes pour faire d'Evenepoel un conquérant juillettiste ? La réponse est non, selon Patrick Evenepoel, père de Remco, ancien coureur et désormais agent de son prodige de fiston. Il l'a exprimé à Patrick Lefevere et Zdenek Bakala (le financier tchèque derrière la Quick-Step), mais aussi à la concurrence.
La direction d'Ineos Grenadiers est intéressée de longue date par les services d'Evenepoel, encore plus depuis le grave accident d'Egan Bernal. Les négociations, complexes par nature, auraient notamment achoppé en raison de l'impossibilité de se mettre d'accord sur l'équipementier : Evenepoel est accompagné par Specialized, Ineos travaille depuis toujours avec Pinarello.
Chez Visma, on perdait le soutien financier de Jumbo et on était prêt à quitter Cervélo pour mieux accueillir Evenepoel et une poignée de loups Quick-Step. Les négociations étaient également complexes mais elles ont presque abouti, et presque signé la fin du Wolfpack, dissous dans une structure plus puissante. La révolution n'a pas eu lieu (et Lease a Bike, qui appartient au même groupe que Cervélo, est devenu sponsor titre avec Visma) mais elle a fait peur à de nombreux coureurs et membres de staff, qui ont vu le couperet passer tout près et ont pu voir en Evenepoel le premier instigateur.
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Primož Roglič (Fotó: BORAhansgrohe/X)

Crédit: Twitter

Roglic voulait être le patron

"Évidemment, il y avait des tensions vers la fin de la saison, surtout chez les coureurs qui se sacrifient pour l'équipe et qui ont eu peur de perdre leur boulot", explique un ex-membre du Wolfpack, qui avait pu assurer son avenir dès l'été. "C'était d'autant plus difficile que tout se passait assez tard dans l'année, donc ils voyaient bien qu'il était difficile de rebondir. Ils étaient nerveux mais je pense que tout va bien maintenant, tout est rentré dans l'ordre."
Le ton est monté, tout particulièrement à la veille d'Il Lombardia, mais l'eau a coulé sous les ponts. Et chacun sait qu'il en va de son intérêt de se ranger derrière le patron Evenepoel, chef de meute incontestable. À Roglic de s'assurer pareille aura au sein de l'équipe Bora-Hansgrohe qui, après les années Sagan, s'est avantageusement réorientée vers les courses par étapes.
Jai Hindley a déjà remporté un Grand Tour avec l'équipe allemande (Giro 2022) et Aleksandr Vlasov a déjà fait savoir qu'il ne se mettrait pas nécessairement au service de Roglic (à voir…). Dani Martinez semble retrouver des couleurs. Maximilian Schachmann et Sergio Higuita sont des talents uniques (plus adaptés aux classiques et aux épreuves d'une semaine qu'aux Grands Tours, tout de même). Mais avec son palmarès, Roglic est à part. "Il nous fait repousser nos limites constamment", explique son nouveau patron Ralph Denk au Quotidien du sport.
Son statut est acquis, il lui reste à le défendre sur la route, qui, théoriquement, met chacun à sa place. Était-ce vraiment le cas sur la dernière Vuelta ? Contraint par les jeux de son équipe, Roglic a dû s'effacer devant Vingegaard et Sepp Kuss, après avoir manqué la fête de juillet. Le Slovène savait déjà qu'il porterait bientôt de nouvelles couleurs. C'était la seule issue pour continuer à envisager une victoire sur le Tour de France qui fait tant rêver Evenepoel et la Belgique.
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