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Paris - Roubaix Femmes | Marianne Vos : "Je ne pensais pas gagner ma vie avec le cyclisme"

Benoît Vittek

Publié 06/04/2023 à 12:16 GMT+2

PARIS-ROUBAIX FEMMES - À 35 ans, Marianne Vos a à peu près tout gagné, et plutôt deux fois qu'une, à l'exception notable de Paris-Roubaix, dont les pavés mythiques se dressent sur sa route samedi. Mais la victoire ne fait pas tout, comme nous l'explique la légende oranje.

Marianne Vos (Team Jumbo-Visma) avant le départ du Tour des Flandres féminin 2023

Crédit: Getty Images

Combien de fois Marianne Vos s’est-elle imposée sur ses multiples vélos ? La "Goat" (“Greatest of all time”, la "plus grande de tous les temps"), Cannibale au féminin ou encore Lady Merckx pour les comparaisons avec le Grand Eddy, l’ignore elle-même. "La victoire n’est pas la seule satisfaction", nous assure-t-elle. Et il est de toute façon bien difficile de tenir les comptes avec celle qui décrochait à 18 ans le premier de ses 14 maillots arc-en-ciel élite, sur la route, avant de multiplier les conquêtes en cyclo-cross et dans les vélodromes, et même sur les chemins de VTT et de gravel. Championne des Pays-Bas, d’Europe, du Monde et de l’Olympe, Vos a brillé de toutes les couleurs, jusqu’au maillot jaune dans lequel elle rayonnait sur le Tour de France Femmes dont elle a obtenu le retour l’an dernier. Elle a tout gagné…. Ou presque. Samedi, la Reine des classiques Roubaix attend la reine oranje, après lui avoir résisté en 2021 (2e derrière Lizzie Deignan) et en 2022 (forfait de dernière minute en raison du Covid-19.
Que représente Paris-Roubaix pour vous ?
Marianne Vos : C'est évidemment une course qui se démarque dans le calendrier. La première édition était pluvieuse et glissante. C'était vraiment spécial d'en faire partie. J'ai été chanceuse en quelque sorte de ne pas avoir trop de problèmes pendant la course. En plus, finir avec un bon résultat, c’était évidemment une belle première expérience. Il n'y a pas d'autre classique comme Paris-Roubaix. J’espère être là samedi et jouer un rôle dans le final.
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Marianne Vos (Jumbo Visma Team) lors de Paris-Roubaix féminin 2021

Crédit: Getty Images

Quels sont vos grands rendez-vous de l’année ?
M. V. : Je ne me projette pas trop loin dans le futur à vrai dire. Il y a tellement de belles courses, ce serait dommage de passer à côté. Je veux me concentrer sur les courses que je fais. Après Roubaix, je ferai l’Amstel Gold Race, puis je me préparerai pour les courses par étapes, la Vuelta, et bien sûr le Giro et le Tour de France. Comme l’an dernier, le Tour de France est coché sur le calendrier. Ça a été une excellente expérience.
Vous n’irez pas sur les Ardennaises, la Flèche (qu’elle a remportée 5 fois) et Liège ?
M. V. : C’est encore loin, mais ce n’est pas le plan. Il sera certainement temps de se tourner vers les courses par étapes.
Comment définissez-vous vos prochains objectifs ? Qu'est-ce qui vous motive ?
M. V. : J'essaie d'obtenir le meilleur de moi-même. Une course n'est jamais la même, c’est différent à chaque fois. Il faut se mettre dans le jeu, trouver la bonne position, se trouver avec ses partenaires. Le sport change aussi. Nous avons de nouvelles courses, donc chaque année il y a de nouvelles expériences à vivre. Cela rend les choses intéressantes. Et le niveau étant si élevé, vous devez vous améliorer chaque jour pour suivre. C'est le plus grand objectif et la plus grande ambition, faire partie du jeu et en tirer le maximum.
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Marianne Vos (Team Jumbo-Visma) avant le départ du Tour des Flandres féminin 2023

Crédit: Getty Images

Vous aviez déjà cet état d’esprit quand vous avez commencé ?
M. V. : Je pense que c’était déjà présent. Et avec les années, vous vous rendez compte que la victoire et la défaite sont assez proches l’une de l’autre, et que tout n’est pas une question de victoire ou de défaite. Vous pouvez avoir un très bon jour, le meilleur de votre vie, et perdre la course, ou vous pouvez être dans une très mauvaise journée et vous imposer quand même. Cela m'a probablement appris à essayer d'obtenir le meilleur de moi-même, profiter de l'équipe, de la course, et essayer d'en tirer une certaine satisfaction et pas seulement des résultats.
J'essayais de m'amuser et d'avoir de bons résultats bien sûr. Je ne pensais pas à écrire l'histoire.
Savez-vous combien de courses vous avez remportées ?
M. V. : Non, ce n'est pas quelque chose que je compte vraiment. Parfois, les gens me montrent des listes ou des choses comme ça, mais je ne sais pas.
Qu’est-ce que la victoire représente pour vous ?
M. V. : Vous vous entraînez et vous menez toute la préparation pour bien faire dans la course. À la fin, lorsqu’il y a une possibilité de victoire, vous donnez tout pour ça. Et cela vous donne de la satisfaction parce que cela signifie que tout le plan fonctionne. Parfois, ça fait partie de la volonté d’être la meilleure version de vous-même. Mais ce que je veux dire, la victoire n’est pas la seule satisfaction. Mais oui, quand tout fonctionne, c'est bien sûr un sentiment fantastique. Vous travaillez dur, en équipe, vous essayez de faire les bonnes choses, et lorsque le puzzle est assemblé, c'est un énorme sentiment de plaisir.
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Marianne Vos (Jumbo-Visma Team) avec Demi Vollering (Team SD Worx), sur le podium de A Travers les Flandres 2023

Crédit: Getty Images

Vous avez connu le succès dès vos débuts. Vous vous rendiez compte de la portée de vos succès, qui sont des références deux décennies plus tard ?
M. V. : Pas du tout. Je faisais juste des courses, j'essayais de m'amuser et d'avoir de bons résultats bien sûr. Je ne pensais pas à obtenir autant de victoires que possible, ou à écrire l'histoire. Ce n'est absolument pas quelque chose qui m'occupait l'esprit. Si je regarde en arrière, c'était une période assez incroyable et parfois il est difficile de croire que le temps passe si vite et qu'il y a eu tant de courses. D'abord, j'essaie de me concentrer sur les choses qui se passent maintenant. Ensuite, j'ai beaucoup de bons souvenirs que je porte avec fierté. Et j'essaie toujours de bien faire dans chaque course, cela n'a pas changé.
On parle beaucoup d’une nouvelle génération, jeune, polyvalente… Dans quelle mesure peut-on comparer ce que Van Empel, Van Aert, Van der Poel ou Van Anrooij font avec ce que vous faisiez ?
M. V. : Il est toujours difficile de comparer des époques différentes, des coureurs différents... J'aime vraiment voir ces athlètes faire ce qu'ils aiment le plus. Pour concourir dans différentes disciplines, vous devez trouver l’équilibre et être intelligent avec votre corps et votre énergie. Mais je pense que le plus important est de faire ce que vous aimez. Si vous vous amusez, cela donne beaucoup de motivation et d'énergie.
Vous êtes allée plus loin en faisant également du VTT, du gravel...
M. V. : J'aime juste rouler à vélo ! En faisant différentes disciplines, ce n'est jamais la même chose. J'apprends aussi avec les erreurs bien sûr. Parfois, vous en faites trop ou vous ne faites pas les bons choix dans le calendrier. Ce n'est pas toujours facile mais, pour moi, vous ne pouvez rien faire de mieux que vous faire plaisir. Donc j'espère que tous les athlètes gardent cela à l'esprit. Ils ne devraient pas se mettre la pression, se transformer pour une équipe ou les médias ou autre... Pourquoi avez-vous commencé le vélo ? Parce que vous aimez ça.
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Marianne Vos (Team Jumbo-Visma) à Merksplas le 19 novembre 2022, lors du Superprestige 2022-2023

Crédit: Getty Images

Le retour du Tour de France dépasse toutes les attentes
Vous avez commencé très jeune et vous avez vu le cyclisme évoluer. À partir de quand avez-vous pu en vivre ?
M. V. : En réalité, je ne pensais ni ne rêvais pas de gagner ma vie grâce au cyclisme. Quand j’ai commencé, le cyclisme féminin n'en était pas vraiment à ce stade. J'ai eu de la chance que ça change. Depuis les juniors, je suis passée dans la catégorie Elite et j'étudiais en même temps mais j'ai vite réalisé qu'il était difficile pour moi de combiner les deux. Ensuite, j’ai rejoint ma première équipe UCI, où je ne gagnais pas beaucoup d'argent, mais je vivais toujours chez moi donc je n'avais pas trop de frais. Plus tard, cela a changé et j'ai pu gagner ma vie grâce au cyclisme, ce à quoi je ne m’attendais pas vraiment.
Vous avez pu disputer un Tour de France pour les femmes et vous y avez porté le maillot jaune. Qu’est-ce qui est le plus important ?
M. V. : Le retour du Tour de France pour les femmes, sans aucun doute. Y participer, et être performantes comme on l’a été avec l’équipe, c’était évidemment fantastique. Je m’en souviendrai toujours. Mais le retour du Tour de France est un changement qui dépasse toutes les attentes.
Vous avez récemment signé un nouveau contrat jusqu'à la fin de 2025. Que voulez-vous faire avec ce temps ?
M. V. : Le temps passe si vite. Nous sommes déjà bien avancés en 2023. Je veux juste m'amuser, apprécier les courses et donner le meilleur de moi-même. Vous essayez d'apprendre tous les jours. Même si vous pensez être expérimenté, il y a toujours des façons de s'améliorer.
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