Mathieu Van der Poel remporte Paris-Roubaix 2023

C’était le grand favori et il n’a pas seulement assumé : il a offert un nouveau récital. Déjà vainqueur de Milan-Sanremo, Mathieu Van der Poel a remporté ce dimanche son premier Paris-Roubaix, au terme d’une course d’équipe parfaite. A 28 ans, le Néerlandais d’Alpecin-Elegant s’offre le 4e Monument de sa carrière. Victime d’une crevaison alors qu’il était avec le futur vainqueur, Wout Van Aert n’est jamais revenu et doit se contenter de la 3e place, devancé au sprint par Jasper Philipsen, qui offre un doublé à Alpecin-Elegant. Malchanceux, Christophe Laporte (Jumbo-Visma) termine 10e et premier Français.

Tout le monde attendait le fameux duel entre Mathieu Van der Poel et Wout Van Aert. On ne l’a pas forcément eu de la façon à laquelle on s’attendait mais heureusement qu’ils étaient là pour animer cette 120e édition, la plus rapide de l’histoire (46,8 km/h de moyenne !) mais pas la plus passionnante. Derrière une échappée trop peu nombreuse et qui n’a jamais eu suffisamment d’avance pour espérer quoi que ce soit, la course s’est longtemps décantée par l’arrière, comme souvent dans l’Enfer du Nord. Les chutes et crevaisons ont rapidement décimé la Soudal - Quick Step (Asgreen, Sénéchal, Ballerini, Van Lerberghe), raccourci le dernier Paris-Roubaix de Peter Sagan (TotalEnergies) et ralentin un temps Van Aert (Jumbo-Visma).

C’est pourtant bien lui qui a lancé les hostilités dans le secteur 20, celui d’Haveluy, à plus de 100 kilomètres de l’arrivée. Le deuxième de l’édition 2022 a violemment durci l’allure, avec Laporte dans la roue, et a rapidement créer une première sélection d’une dizaine de coureurs, où l’on ne retrouvait ni Ganna (INEOS Grenadiers), ni Pedersen (Trek-Segafredo), ni Philipsen (Alpecin-Elegant). Mais les trois hommes ont fait le forcing dans une Trouée d’Arenberg (2300m, 5 étoiles) dantesque, où tous les plans de la Jumbo-Visma ont volé en éclats : Van Baarle a chuté et, plus important encore, Laporte a crevé à la sortie du premier secteur majeur de la course. Repoussé à 30’’ du groupe de tête, le Français a longtemps lutté pour revenir, d’abord seul puis en compagnie de Van Hooydonck. En vain. Les Alpecin-Elegant ne l’ont jamais laissé revenir.

Car la formation de Van der Poel a finalement été la grande gagnante de ces incidents. A un (VDP) contre deux (Van Aert et Laporte) à l’entrée du secteur, elle s’est retrouvée à 3 contre 1 quelques kilomètres après la sortie, avec les renforts de Philipsen et Vermeersch. Les deux hommes ont alors énormément roulé pour le double vainqueur du Tour des Flandres, qui a tenté de faire une première fois la différence dans l'enchaînement Auchy-lez-Orchies (2700m, 4 étoiles) et Mons-en-Pévèle (3000m, 5 étoiles). Le Néerlandais a attaqué à trois reprises mais il n’a jamais su s’isoler, malgré des démarrages foudroyants. On ne retrouvait plus à l’avant que Pedersen, Ganna, Küng (Groupama-FDJ) et l’étonnant Degenkolb (DSM) en compagnie de Van der Poel, Van Aert et Philipsen. Sept hommes qui se sont alors regardés jusqu’au Carrefour de l’Arbre, à 16km de l’arrivée.

Moment choisi par Van Aert pour passer à l’offensive, pile au moment où Degenkolb chutait lourdement, poussé dans l’herbe par les Alpecin-Elegant. Le Belge de la Jumbo-Visma avait alors réussi à s’isoler en compagnie de Van der Poel, seul homme à le suivre, mais la malchance a frappé une nouvelle fois la formation néerlandaise avec une crevaison lente pour Van Aert, contraint de laisser filer son meilleur ennemi vers un premier sacre à Roubaix. Suivi jusqu’au bout, par un incroyable Philipsen, il sera même battu au sprint pour la deuxième place, comme un symbole de la supériorité - inattendue – des Alpecin-Elegant ce dimanche.

Seul à l’avant, impressionnant, Van der Poel n’a lui plus été revu. Serein malgré une frayeur dans le secteur 2 de Willems à Hem, c’est en solitaire que le Néerlandais est arrivé sur le vélodrome, en héros de l’Enfer du Nord. Le voilà avec quatre Monuments au compteur, dont trois différents. Seul Pogacar fait aussi bien dans le peloton actuel. Il devient aussi le quatrième coureur seulement à réussir le doublé SanRemo-Roubaix après Degenkolb (2015), Kelly (1986) et Van Hauwaert (1908). "Monument’s Man", c’est bien lui.