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La troisième étoile

Eurosport
ParEurosport

Publié 12/04/2009 à 18:45 GMT+2

Tom Boonen (Quick Step) est bien la star de Paris-Roubaix. Le Belge a remporté la Reine des classiques pour la troisième fois de sa carrière dimanche. Un triomphe d'autant plus savoureux qu'il est entré en solitaire sur le vélodrome. Filippo Pozzato (Katusha) a pris la 2e place, Thor Hushovd la 3e.

On le disait fébrile et sous pression. Il s'est comporté en patron et imposé de la même façon. Tom Boonen est bel et bien l'incomparable maître de Paris-Roubaix. A seulement 28 ans, le champion belge s'est offert le Reine des classiques pour la troisième fois de sa carrière. Une moisson déjà historique. Et ce n'est peut-être pas fini. Dès l'année prochaine, il tentera de rejoindre son illustre ainé Roger De Vlaeminck, recordman de l'épreuve avec ses quatre victoires. Comme en 2008, il a effacé sa déception du Tour des Flandres, remporté à chaque fois par son compatriote et coéquipier Stijn Devolder, pour mieux se venger à Roubaix.
Il faut dire que Boonen avait tout pour lui dimanche. Jusqu'à ce soupçon de réussite qui fait souvent la différence. En moins de deux minutes, le destin a ouvert en grand les portes de la gloire à l'ancien champion du monde, juste à l'entrée du fameux Carrefour de l'Arbre, dernier des trois secteurs pavés classés en catégorie 5, la plus relevée. Ils étaient alors encore six à pouvoir rêver du sacre. Boonen, donc, mais aussi Filippo Pozzato (Katusha), Thor Hushovd (Cervelo), Juan Antonio Flecha (Rabobank), et les compères de la Silence-Lotto, Leif Hoste et Johann Van Summeren. A la sortie d'un virage à gauche, Flecha a chuté, entrainant avec lui au sol Hoste et Van Summeren, pendant que Pozzato était freiné.
La chance? Quelle chance?
Devant, il ne restait donc plus qu'Hushovd dans la roue de Boonen. Mais quelques instants plus tard, le Norvégien allait chuter à son tour. Malchance? Peut-être. Ou manque de lucidité, car Hushovd a semblé perturbé par la densité de la foule, très impressionnante à cet endroit, rendant la chaussée pavée extrêmement étroite. De Vlaeminck aimait à rappeler que la chance n'était pas la seule responsable des crevaisons et des chutes sur Paris-Roubaix. Après plusieurs heures d'efforts, c'est surtout le plus lucide qui gagne. Boonen, en tout cas, n'en demandait pas tant. A un peu plus de 15 kilomètres de l'arrivée, il a vu ses cinq derniers adversaires rayés de la carte. Une aubaine. Ils n'allaient plus le revoir. Seul Pozzato tenta de colmater la brèche, qui s'est rapidement transformée en gouffre. De 10 mètres, l'écart est passé à 10 secondes, puis 20 puis 30. Et l'Italien a rendu les armes. Fait inédit pour lui, Tom Boonen a ainsi pu savourer pleinement son triomphe en entrant en solitaire sur le vélodrome.
On ne saura jamais si l'Anversois aurait battu Pozzato et Hushovd au sprint. La menace aurait sans aucun doute été bien supérieure à ce qu'elle fut l'an passé, quand Boonen avait réglé Cancellara et Ballan, nettement moins rapides que lui. Peu importe, après tout. La victoire du protégé de Patrick Lefévère (dont c'est au passage le 10e succès à Roubaix en tant que manager d'une équipe) ne se discute pas. C'est lui qui, à chacun des points chauds du parcours, a cherché à dynamiter la course, comme dans Arenberg. Au point qu'on a pu se demander un temps s'il n'en faisait pas trop. Il avouera après l'arrivée que ses sensations n'étaient pas excellentes après sa première attaque. Mais contrairement aux autres, il n'a jamais faibli au fil des kilomètres.
Chavanel, mention très bien
Les autres appartiennent au clan des battus. Par manque de chance, parfois, à l'image de Martijn Maaskant, pris dans une chute au pire moment, juste avant la Trouée d'Arenberg, premier passage clé de la course. George Hincapie, l'un des grands maudits de l'histoire de Paris-Roubaix, a eu son lot habituel de malheurs et de crevaisons. Globalement, c'est toute l'armada Columbia, annoncée si forte avec Hincapie, Burghardt, Eisel ou Boasson Hagen, qui est passée au travers. Il y a aussi ceux à qui il a manqué un petit quelque chose au plan physique. Pour Fabian Cancellara, régénéré par l'air du Nord, c'était peut-être un peu trop tôt. Pour Heinrich Haussler, omniprésent depuis le début de la saison et un peu émoussé, c'était au contraire un peu tard. Tous ont coincé à 46 kilomètres de l'arrivée, à Mons-en-Pevèle, quand le groupe des six costauds est parti. A l'initiative de Boonen, évidemment.
En dépit des circonstances, sa supériorité ne souffre donc d'aucune ombre. Le même constat s'impose pour l'équipe Quick Step, qui s'offre comme l'année dernière le double Tour des Flandres/Paris-Roubaix, exactement avec les mêmes protagonistes, Boonen et Devolder, ce dernier n'étant toutefois pas dans l'allure dimanche. A ce formidable tandem de choc il convient d'ajouter Sylvain Chavanel. En deux semaines, le Français a changé de dimension. S'il lui a manqué un peu de punch pour accrocher le bon wagon, sa huitième place au final fait office de récompense pour l'ensemble de son oeuvre sur ces huit derniers jours. Et encore, ce résultat brut témoigne mal de la place prise désormais par le coureur de Châtellerault au sein de l'armada belge. Quand on sait qu'il n'avait plus pris part à Paris-Roubaix depuis huit ans, sa performance laisse rêveur. Vivement l'année prochaine. Pour lui, comme pour Boonen.
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