L'Histoire appelle Boonen

Le Grand Chelem, voilà ce que vise Tom Boonen dimanche. Vingt jours après avoir battu le record de victoires sur le Grand Prix E3, deux semaines après avoir rejoint Robert van Eenaeme, Rik van Looy, Mario Cipollini et Eddy Merckx au palmarès des recordmans de victoires sur Gand-Wevelgem, une semaine après avoir rejoint Achiel Buysse, Eric Leman, Fiorenzo Magni et Johan Museeuw dans le palmarès du Ronde (trois), Tom Boonen a l'occasion d'égaler le record de Roger De Vlaeminck (quatre fois lauréat entre 1972 et 1977) sur Paris-Roubaix dimanche et de trôner sur les sommets des quatre flandriennes. Cette fois, il sera le seul. "Ceci prouve que je mérite ma place parmi les grandes vedettes", constate-t-il finalement modeste.

"En étant depuis aussi longtemps au sommet, il est logique que je puisse battre un record après l'autre",  ajoute simplement celui qui s'est aligné sur son premier Paris-Roubaix en 2002. Un baptême du feu dont il se souvient très précisément : "Je faisais partie d'un groupe d'une trentaine de coureurs, dans lequel ne se trouvaient que les plus forts. Une troisième place était un bon résultat pour moi, et Museeuw m'a aussitôt bombardé comme son successeur." Le Lion des Flandres avait visé juste. Dimanche, Boonen peut même s'installer comme l'ultime maître des pavés.

Après sa descente aux enfers en 2009 suite à son contrôle positif à la cocaïne, il a mis deux ans pour se refaire la cerise et goûter à nouveau aux lauriers sur les monuments des Flandres (hormis une victoire sur Gand Wevelgem en 2011). Mais cette année, il est plus vorace que jamais et la triple fracture de la clavicule de Fabian Cancellara lui a éclairci la route. S'il s'impose ce dimanche, il sera le premier coureur à signer un quadruplé la même année sur E3, Gand-Wevelgem, le Ronde et l'Enfer du Nord. En 50 ans, seul Rik van Looy s'est imposé sur les trois plus prestigieuses flandriennes en quelques semaines d'intervalle (1962).

Fatalement, Boonen aura une énorme pancarte sur le dos à Compiègne. Même s'il s'en défend : "Je suis peut-être l'un des favoris mais je ne suis pas le seul", se défend-il. Avant d'identifier ses plus redoutables adversaires, à savoir ceux qui l'ont suivi jusqu'à la ligne d'arrivée sur le Tour des Flandres : "Pozzato et Ballan ont montré au Tour des Flandres qu'ils étaient en grande condition. Ils sont très, très bien en ce moment", constate l'ancien champion du monde. "Je suis un peu plus explosif qu'eux mais vous ne savez jamais comment ça va se passer dans une course pareille. C'est toujours compliqué. Il y a d'autres coureurs, par exemple Flecha, Eisel ou Hushovd. Je pense que Hushovd veut montrer quelque chose dans les classiques de printemps." Des déclarations qui ne trompent personne. Car c'est avec le sprinter de Mol que l'Histoire a rendez-vous dimanche.