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#StriveforFive : Philippe Gilbert veut devenir le plus grand de son temps

Benoît Vittek

Mis à jour 07/04/2018 à 16:46 GMT+2

PARIS - ROUBAIX - Après le Ronde, Liège et le Lombardie, Philippe Gilbert (Quick-Step Floors) rêve de Grand chelem sur les Monuments du cyclisme. Sa polyvalence offre au champion belge une vraie chance d’accomplir une quête d’un autre temps, hors de portée de ses contemporains.

Philippe Gilbert (Quick-Step)

Crédit: Getty Images

Un jour, il faudra prendre le temps d’analyser ce que Vincenzo Nibali, prince parmi les vainqueurs de Grands Tours, est en train de faire sur les courses d’un jour. La palette du Squalo et ses ambitions méritent toutes les louanges. Mais dimanche, le Sicilien ne se frottera pas à l’Enfer du Nord, même si on sait son panache et son habileté en mesure de faire merveille sur la route de Roubaix. Philippe Gilbert (Quick-Step Floors), lui, sera bien là. Avec de légitimes ambitions de victoire. Et c’est également bluffant.
#StriveforFive. À l’ère du cyclisme 2.0, à chaque équipe son hashtag pour réunir ses supporters numériques derrière les exploits de ses coureurs. Membre émérite du “#Wolfpack”, la meute de loups de la Quick-Step, Philippe Gilbert a aussi droit à son propre mot-dièse de ralliement dans sa lutte exceptionnelle, celle qui peut le voir imposer son nom au palmarès des cinq Monuments (Sanremo, Ronde, Roubaix, Liège, Lombardie). Et ainsi s’affirmer comme le meilleur coureur de classiques au XXIe siècle ?

Champion tout terrain

"Ce sont les courses que j’aime”, explique tranquillement l’intéressé, avec 35 ans sur la carte d’identité, un CV majeur et toujours l’envie de se faire mal. “Mon rêve est de remporter les cinq Monuments. C’est ce qui me motive pour continuer à m’entraîner et courir.
Rapidement identifié comme l’un des talents les plus purs du peloton, Philippe Gilbert a mis un peu de temps à prendre la mesure de son immense palette (et à en faire le meilleur usage après son arrivée chez Lotto). Dans l’édition de mars du magazine Rouleur, il revient sur dix jours à l’automne 2009 qui l’ont définitivement imposé comme un champion tout terrain :
C’était dingue. J’ai conduit pendant trois heures et demi pour aller en Italie. Le lendemain, je gagnais Sabatini et je conduisais pour rentrer (à Monaco, NDLR). Deux jours plus tard, j’ai gagné Paris - Tours et j’ai pris l’avion pour rentrer le lendemain. Ensuite, j’ai conduit moi-même pour faire Gran Piemonte, j’ai gagné ça, puis j’ai gagné le Tour de Lombardie et j’ai repris ma voiture pour rentrer. C’était tellement intense. Et des victoires dans des courses complètement différentes ! Une semi-classique pour les sprinteurs et un Monument pour les grimpeurs. Dingue.
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Philippe Gilbert (Quick Step Floors) s'impose devant Michal Kwiatkowski (Sky) sur l'Amstel Gold Race 2017

Crédit: Getty Images

Mieux que Valverde ou Boonen ?

Philippe Gilbert devient alors une véritable machine à gagner, machine qui s’est légèrement grippée après son titre de champion de monde mais qu’il a bien relancée en rejoignant la Quick-Step il y a un an et demi. Aujourd’hui, il est le coureur en activité avec le plus grand nombre de Monuments au palmarès : 4 succès, entre le Tour de Lombardie en 2009 et le Tour des Flandres il y a un an, en passant par Liège-Bastogne-Liège au printemps 2011 et un autre succès lombard à l’automne 2010.
Quatre Monuments, c’est également le score d’Alejandro Valverde. Mais l’Imbatido ne fait la loi qu’à Liège (même si ses rares incursions sur les pavés ou dans la boue des Strade Bianche suggèrent qu’il aurait pu briller sur les Flandriennes). Quatre Monuments, c’est trois succès de moins que ceux accumulés par Tom Boonen ou Fabian Cancellara. Mais Tommeke est resté fanny à Sanremo et, si Spartacus a triomphé de cette Primavera, aucun des deux lions flandriens ne s’est jamais aligné à Liège ou en Lombardie.
Ajoutez-y un titre de champion du monde, une domination outrageuse sur le Cauberg (quatre victoires dans l’Amstel en plus de son titre mondial à Valkenburg) et des succès en pagaille sur Paris - Tours, la Flèche, le Het Nieuwsblad, la Clasica, à Québec ou aux Strade Bianche et vous obtenez un palmarès dont certains feraient bien de s’inspirer… Suivez mon regard vers Peter Sagan et Greg Van Avermaet, un Monument chacun au palmarès et pas mal d’occasions manquées. Peut-être ces deux là ont-ils la polyvalence pour eux aussi viser le Grand chelem des Monuments mais il est bien improbable de les voir épouser ce plan de carrière - même si Gilbert s’y est attelé tardivement.

Madiot : "(À Roubaix), la clef de la victoire lui appartient"

Ce que l’enfant de Remouchamp (aujourd’hui résident monégasque) entreprend de faire appartient finalement à une autre époque du cyclisme. Sa polyvalence menaçait de lui jouer des tours en début de carrière (allait-il être bon partout mais suffisamment dominateur nulle part ?), elle réveille aujourd’hui de glorieux souvenirs. Ils ne sont que trois coureurs, tous Belges, à avoir triomphé de tous les Monuments. Roger De Vlaeminck est devenu le dernier d’entre eux en remportant le Tour des Flandres en 1977, dans la foulée des exploits de Rik Van Looy puis Eddy Merckx.
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Philippe Gilbert - QuickStep 2017

Crédit: Getty Images

Depuis, seul Sean Kelly est passé près du quintuplé royal. Mais le Tour des Flandres s’est toujours refusé à l’Irlandais, trois fois deuxième à Meerbeke. Philippe Gilbert doit lui convertir en victoire ses podiums sur Milan - Sanremo (3e en 2008 et 2011). Et rapidement trouver ses marques sur Paris - Roubaix, épreuve qu’il n’a disputée qu’une seule fois (52e en 2007), qu’il a peu de temps pour dompter, mais dont on imagine sans peine qu’elle correspond parfaitement à ses qualités (résistance, panache, science de la course…).
Il ne manquera pas d’expérience”, a assuré cette semaine son ancien patron Marc Madiot, amoureux de Paris - Roubaix devant l’éternel. “Quick-Step peut faire la différence en tant qu’équipe mais au sein de Quick-Step, c’est Philippe qui peut faire la différence”, poursuit le manager de la Groupama-FDJ dans un billet de blog pour CyclingNews. “Donc la clef de la victoire lui appartient cette année.”
En 2018, Philippe Gilbert est l’un des rares membres du #Wolfpack à ne pas avoir levé les bras. Comme le souligne Madiot, il a été “très poli” avec ses équipiers, accompagnant leurs succès dans l’attente d’un retour de faveur. La semaine dernière, il a fini avec aisance sur le podium d’un Ronde déjà accroché à son palmarès l’année précédente. À Paris - Roubaix, il vient chercher le premier rôle. #StriveforFive.
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