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Paul Magnier (Soudal Quick-Step), machine à gagner
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Publié 10/09/2024 à 23:41 GMT+2
Attiré par les classiques et le maillot arc-en-ciel, Paul Magnier (Soudal Quick-Step) impose sa pointe de vitesse avec l'obsession des champions : "C'est un moteur de motivation, la victoire". Portrait du jeune Français, malheureusement forfait sur les championnats d'Europe, mais tout récent vainqueur de trois étapes sur le Tour of Britain.
Et de trois pour Magnier !
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La nouvelle sensation du cyclisme français est née au Texas et s’est déjà dessiné un joli CV international. À 20 ans, Paul Magnier, a vécu sur deux continents : aux États-Unis, où ses parents travaillaient jusqu’à ses 4 ans, et surtout à Grenoble et Besançon, où il a fait ses gammes sportives (tennis, ski, athlétisme, VTT) avant d’imposer ses talents de puncheur-sprinteur à travers le monde. Avec une obsession, qu’il assouvit avec précocité et brio : "la victoire".
"Paul Magnier. 19 ans. Jeune professionnel cycliste qui fait un très bon début de saison avec la Soudal Quick-Step en tant que sprinteur pour l’instant", se présentait-il, tout sourire, après avoir signé sur la 3e étape du Tour of Oman sa deuxième victoire professionnelle, déjà, deux semaines après un début en fanfare sur le Trofeo Ses Salines-Felanitx, pour l’ouverture de la saison à Majorque.
"Quand tu es jeune et qu’on te dit que tu es leader à ta première course, ce n’est pas toujours facile à gérer", rembobine le grand brun. "Mais avec des grands coureurs comme Yves Lampaert, tu peux apprendre énormément et rapidement."
Depuis, Magnier a fêté son 20e printemps et enquillé les succès, sous le regard approbateur d’un autre grand champion belge. "Paul a 19 ans, 20 ans ?" s’avançait Remco Evenepoel la semaine dernière, après avoir apporté sa pierre aux trois succès du Français sur le Tour of Britain.
"Je me souviens de ma première année professionnelle, il a été difficile de trouver le chemin de la victoire", ajoutait Evenepoel, avant que le duo se perde dans le décompte des bouquets glanés par Magnier cette année. "Cinq avec l’équipe", compte le Français, "mais il y a les autres" : trois étapes du Giro NextGen (avec l’équipe de développement Soudal Quick-Step) et une de la Course de la Paix, en République tchèque (avec l’équipe de France). "Peu importe", finit par balayer Evenepoel. "Ce mec va avoir une grande carrière."
"Julian m’a envoyé beaucoup de messages pour me supporter"
Le double champion olympique rejoint la liste des oracles qui, depuis quelques années, escortent Magnier des prédictions et attentions les plus flatteuses. "En junior, oui, j’ai eu énormément de demandes", reconnaît-il. "Quand j’ai eu la mononucléose (début 2023, NDLR), c’est sûr que les contacts avec beaucoup d’équipes ont un peu disparu."
Deux hommes sont restés présents pour l’attirer chez Soudal Quick-Step : Johan Molly, scout historique de Patrick Lefevere, et Julian Alaphilippe, figure emblématique du Wolfpack avant de se trouver une porte de sortie chez Tudor. "Molly a continué à avoir confiance en moi, l’équipe a continué à avoir confiance en moi", salue Magnier. “Julian m’a aussi envoyé beaucoup de messages pour me supporter. Ça m’a donné beaucoup de motivation quand je suis remonté sur le vélo après la mononucléose."
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Bien lancé par Alaphilippe, Magnier remporte une 2e étape au sprint : l'arrivée en vidéo
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Le jeune Français exporte donc ses talents dans une équipe belge après une première étape britannique, en 2023 dans l’équipe Continentale Trinity. Les structures françaises avaient bien vu son talent, encore plus exposé lorsqu’il a rallié Besançon et le Pôle France Jeunes VTT.
"La Conti FDJ (également installée à Besançon, NDLR) m'a contacté assez tôt, mais il n’y avait pas forcément de possibilité de faire du VTT", explique celui qui s’est d’abord intéressé aux épreuves hors-route. "Et Trinity m’avait contacté. Adrien Boichis (champion d’Europe Espoir de cross-country, NDLR) m’a dit que c’était le top pour mélanger VTT et route."
Inspiration arc-en-ciel
Chez Trinity, Magnier a appris l’anglais (il ne restait pas grand-chose de ses balbutiements texans), affiné ses qualités de routier – "je ne le classerais pas comme un pur sprinteur, il a un énorme moteur pour gagner des courses comme Milan-Sanremo et d’autres classiques", assure son ex-DS Peter Kennaugh - et rencontré l’Américain Luke Lamperti.
Les deux jeunes flèches se sont peu côtoyées en course chez les jeunes mais elles ont fait le bond ensemble chez Soudal Quick-Step. Avec une grande réussite commune. C’est Lamperti qui a lancé Magnier vers la victoire à Majorque. Le Français devait lui rendre la pareille à Oman mais, trop puissant, il n’a laissé personne le remonter.
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Alaphilippe à l'explosion, Magnier à la finition : les Soudal Quick Step ont eu tout bon
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"On a pu voir ses progrès dès le camp d’entraînement de décembre à Calpe", sourit l’Américain. "Paul allait très vite, il était presque au niveau de Tim Merlier. On voit toujours des sprinteurs venir chez Quick-Step et ils deviennent les meilleurs au monde. Je pense que Paul peut le faire." La petite légende, entretenue par Lefevere, dit même que Magnier a battu Merlier quelques fois.
Les courses - avec une 2e place remarquable sur la Bretagne Classic, en plus des victoires déjà énumérées - sont venues donner plus de substance à ses ambitions et à son rêve : "Les championnats du monde. Porter un maillot toute l’année, c’est quelque chose qui me ferait… Je n’ai jamais été champion ni national, ni européen, ni du monde. J’ai souvent tourné autour du podium mais j’aimerais vraiment vivre ça."
Il s’avançait en grand prétendant au maillot étoilé, sur la course Espoirs des Championnats d’Europe, mais une mauvaise chute sur la dernière étape du Tour of Britain l’a contraint au forfait. Magnier doit désormais soigner une commotion et des abrasions. Il reviendra. Assoiffé de succès, sans aucun doute : "C’est un moteur de motivation, la victoire. Après, de toute façon, tous les champions le diront, ce qu’ils aiment, c’est gagner."
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