La méthode Voigt

Ce n'est sans doute pas encore arrivé aux oreilles de tous les coureurs. Pour briller, il n'y a pas que les substances illicites qui fonctionnent. Il y a aussi le travail. Jens Voigt en est la preuve et sa victoire sur le Deutschland Tour a allégé une ambiance plutôt lourde au départ. Le coureur de la CSC, connu pour ses prises de position contre le dopage, a révélé son remède. Pas miracle. "J'avais le Tour d'Allemagne en tête depuis longtemps: après le Tour de France, je n'ai pas fait la fête et je n'ai bu que du jus de pommes. Je sais ce que je fais, je sais que j'ai travaillé dur" , martèle l'Allemand.

Cette phrase, c'était une réponse aux soupçons qui pesaient après sa victoire dans les Alpes autrichiennes. Ses trois succès d'étape ont suscité des interrogations alors que la question du dopage était omniprésente dans les coulisses de l'épreuve. Sans se démonter, le Berlinois a donc dû se justifier. Il a attribué sa domination à sa motivation Une motivation qui l'a poussée à enchaîner critériums, courses et entraînements. Au-delà de çela, il a aussi fait un autre sacrifice. Celui de ne passer qu'un seul jour en famille depuis huit semaines alors qu'il est le père de quatre enfants.

Son directeur sportif, Tristan Hoffman, confirme cet état d'esprit sur le site internet de la CSC. Une attitude qui fait de lui l'un des coureurs les plus appréciés. "Il est incroyable. Il a toujours le temps de dire un petit mot, de saluer la foule même quand il est fatigué. Après le Tour et tous les critériums auxquels il a participé, on est obligé de respecter une performance pareille, ajoute-t-il. Avec son état d'esprit, la façon qu'il a de toujours se battre, c'est vraiment bien pour le cyclisme de voir quelqu'un comme lui gagner."

Rien de toute façon ne peut empêcher Jens Voigt de savourer. "C'est l'un des plus beaux jours de ma vie. C'est sans aucun doute la plus grande course que j'ai jamais remporté. Gagner le Tour chez moi, c'est très spécial, un rêve qui devient réalité" . L'Allemand a emmené avec lui dans sa réalité tout le public outre-Rhin. Des fans invétérés de cyclisme qui ont rapidement oublié la sortie par une porte dérobée de l'idole Ullrich. Outre le succès de Voigt et l'impressionnante série de places d'honneur de Zabel, le Tour d'Allemagne a permis au cyclisme germanique de sérieusement rénover son image.

Désormais, Jens Voigt va prendre du repos bien mérité. Avant de reprendre le vélo pour les Mondiaux, mi-septembre? Pas sûr. Pré-sélectionné pour Salzbourg, le Berlinois ne sait pas s'il rendra en Autriche. "Je ne sais pas encore si je serais au départ , avoue-t-il. Si je garde cette forme j'irais mais je ne m'alignerais que si je suis capable de faire quelque chose. On verra." Son directeur sportif a une toute autre opinion. "Jens m'a dit qu'il roulerait cette saison jusqu'à épuisement". Connaissant le "loustic", on aurait plutôt tendance à le croire lui.