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Tour d'Espagne 2021 - Magnus Cort Nielsen, baroudeur de métier, finisseur de qualité

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 03/09/2021 à 20:45 GMT+2

VUELTA 2016 – Vainqueur à Monforte de Lemos, Magnus Cort Nielsen s’est offert une 3e victoire d’étape sur ce Tour d’Espagne. Un exploit pour un coureur qui n’est ni l’un des meilleurs grimpeurs du monde, ni un véritable sprinteur. Mais le Danois d’EF Education Nippo sait tout faire, à l’image de ses trois succès, acquis sur différents terrains. Surtout, il sait parfaitement manœuvrer.

Magnus Cort Nielsen (EF Education - Nippo) sur le Tour d'Espagne 2021

Crédit: Getty Images

Lorsqu’il s’agit d’une étape hybride, mi-montagneuse, mi-plaine, il n’est jamais bien loin de la victoire. "Il", c’est Magnus Cort Nielsen. S’il a toujours été évident qu’il passait bien les bosses, le Danois de 28 ans a longtemps été catégorisé comme le sprinteur qu’il était au moment de son passage chez les professionnels. Entre 2015 et 2017, pour ses trois premières saisons au plus haut niveau chez Orica (GreenEdge, BixEchange puis Scott), le natif de Bornholm brille avant tout dans les arrivées massives, que ce soit au service de Michael Matthews ou pour son propre compte. Et les succès suivent.
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Le peloton a tout donné, les échappés ont résisté, Cort Nielsen a brillé : le résumé de la 19e étape

Un sprinteur devenu baroudeur

Il s’offre notamment ses premières étapes sur le Tour d’Espagne en 2016, les deux au sprint face à une concurrence certes privée des cadors de l’exercice, mais rivalise également avec certains des coureurs les plus rapides, battant Bouhanni au Tour d’Andalousie et devançant Matthews, Viviani ou Bennet sur la 2e place de la Prudential RideLondon, en 2017. Mais le véritable déclic, Magnus Cort Nielsen le trouve en 2018 lorsqu’il quitte la formation australienne pour signer chez Astana. Une nouvelle formation, plus de responsabilités mais, surtout, un rôle d’électron-libre qui va devenir sa marque de fabrique. Au fil des mois, le Danois se transforme en l’un des meilleurs baroudeurs du peloton, au point de délaisser les sprints massifs. Alors qu’il avait gagné ses cinq premiers succès professionnels ainsi, il n’en a plus gagné depuis février 2017 !
Pourtant, son palmarès, lui, s’est fortement garni : une étape sur le Tour de France à Carcassonne en 2018, deux étapes sur Paris-Nice en 2019 et en 2021 et donc quatre nouvelles victoires sur le Tour d’Espagne, notamment. S’il brille autant de l’autre côté des Pyrénées, c’est aussi parce que le terrain considérablement vallonné correspond parfaitement aux caractéristiques du moustachu de la formation EF Education Nippo. Rapide au sprint ? Il gagne en petit comité à Cordoba. Routier-sprinteur d’exception ? Il s’impose au sprint au terme d’une échappée menée tambour battant à Monforte de Lemos. Gros puncheur ? Il s’offre l’Alto de la Montana de la Cullera. Et il y ajoute une bonne dose de science de la course. Même lorsque c’est compliqué, comme vendredi sur la route de Monforte de Lemos, Magnus Cort Nielsen y croit jusqu’au bout. Et, même lorsqu’il n’y croit pas, il essaye quand même. Par principe. Un baroudeur ne renonce jamais.
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Quinn Simmons, Andreas Kron, Anthony Roux, Magnus Cort Nielsen, Lawson Craddock, Riu Oliveira and Andrea Bagioli during Stage 19 of La Vuelta 2021

Crédit: Getty Images

"Je ne croyais pas qu’on allait pouvoir tenir au début, avouait-il après l’arrivée. Je n’ai commencé à y croire qu’à 6 km de l’arrivée. On a commencé à se dire qu’il y avait quelque chose à faire, même si ça revenait très vite derrière. Ça a été très dur toute la journée… Je pense que tout le monde avait mal aux jambes à la fin. Heureusement, il y avait mon équipier Lawson Craddock avec moi, il a été exceptionnel. Je n’aurais jamais pu m’imposer aujourd’hui s’il n’avait pas été là". Vu sa réussite en échappée quand il est seul, on est en droit de douter que le résultat aurait été différent. D’autant que si le Danois a une grosse pointe de vitesse bien utile en cas d’arrivée groupée, il passe également la montagne avec une facilité rare pour un coureur de son gabarit (1,83m et 68kg).
Au Danemark, on n’a pas beaucoup de montagnes
Lors de l’étape de Cordoba, il s’impose certes au sprint au sein d’un groupe d’une soixantaine de coureurs mais, avant cela, il avait surmonté sans souci un col comprenant 5km à 7% et un autre de 2e catégorie dans les 70 derniers kilomètres de l’étape. Sur ce 19e opus vendredi, il était parmi les coureurs à l’initiative de l’échappée qui s’est formée dans l'enchaînement d’un 3e catégorie et deux 2e catégorie. Mais le succès le plus "Cort Nielsen" de cette Vuelta, c’est bien celui acquis lors de la 6e étape. Ce jour-là, le Danois s’impose au sommet de l’Alto de la Montaña de Cullera, en résistant au retour des favoris dans cette montée finale de 1,9km à 8,7% qu’il avait abordée avec une trentaine de secondes d’avance seulement. Un véritable exploit.
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L’ogre Roglic a failli le dévorer, l'époustouflant Cort Nielsen a tenu bon : l’arrivée en vidéo

"Je crois que c’est ma victoire préférée, expliquait-il ce vendredi. C’était la plus spectaculaire. C’était incroyable de s’imposer comme ça dans une arrivée au sommet". Pourtant, ses adversaires auraient dû être prévenus, il avait fait exactement le même genre de numéro en juin sur la Route du Sud. Dans la montée finale de 4km à plus de 8% de la 4e étape, il avait alors déposé Brambilla (Trek-Segafredo), 13e de la Vuelta 2015 excusez du peu, pour s’imposer en solitaire. Comme si rien n'était trop difficile pour lui. Comme si grimper des montagnes était naturel.
"Vous savez, nous, au Danemark, on n’a pas beaucoup de montagnes…, s’amusait-il après son succès à Monforte de Lemos. C’est quelque chose de rare pour moi de m’imposer au sommet, donc ça m’a fait vraiment plaisir. C’est vraiment quelque chose de spécial". A force de gagner où il veut, sur tous les terrains, Magnus Cort Nielsen va avoir du mal à trouver des profils où il n’a jamais levé les bras. Il reste bien les contre-la-montre mais, là non plus, il n’est pas passé loin déjà (9e à Libourne sur le Tour). Mais c’est aussi ça, sans doute, le prix à payer pour être devenu le baroudeur ultime.
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Cort Nielsen n'arrive pas y croire : "C'est un rêve, je vais peut-être me réveiller d'ailleurs"

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